Automobile

Audi TT : radicalement unique

Constructeur. Il y a 25 ans, Audi dévoilait un chef d’œuvre sur roues, inspiré des créations de la fameuse école d’art du Bauhaus, créée à Weimar en 1919, qui a influencé tout le design du 20e siècle.

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Photo de l'Audi TT
Un coup de crayon unique pour l’Audi TT. (Crédit : DR)

« L’Audi TT est une sculpture roulante » : on ne saurait mieux résumer le coupé aux quatre anneaux que Torsten Wenzel, le designer qui a œuvré sur ce projet exclusif, un concept-car présenté au Salon de Francfort fin 1995, a transformé en modèle de série trois ans plus tard. Le tout en restant fidèle au projet initial.

Une gageure tant les études de style s’affranchissent des contraintes industrielles au profit du seul design et n’ont pas vocation à devenir des voitures assemblées à des dizaines de milliers d’exemplaires. Torsten Wenzel définit également l’Audi TT comme « une parfaite forme graphique » avec un mantra indépassable : « Less is more ».

Moins, c’est plus. Une prescription issue de la célébrissime école d’art et d’architecture allemande du Bauhaus, créée à Weimar en 1919 par Walter Gropius qui a inspiré l’ensemble de la création artistique et industrielle du XXe siècle. Accusé de promouvoir « un art dégénéré », le Bauhaus a été fermé par les nazis en 1933. Mais ses principes esthétiques continuent encore d’influencer le monde du design. La première génération d’Audi TT en constitue un éclatant témoignage sur roues.

Son nom est à lui seul un manifeste. TT pour Tourist Trophy, fait référence à l’une des plus anciennes courses sur route disputée sur l’Ile de Man où se sont illustrées les motos NSU et DKW, marques intégrées à Audi au fil du temps. Et plus récemment à la NSU TT, pétillante petite berline sportive des sixties.

Esthétiquement, l’Audi TT détonne par sa singularité dans la production automobile de la fin du XXe siècle. Elle ne ressemble à aucune autre. Elle est et restera unique, les deux générations suivantes n’auront de cesse de banaliser et d’affadir un design originel basé sur l’immuable précepte bauhausien : « la fonction détermine la forme ». Cela explique sa ligne d’une extrême sobriété avec son pavillon en arc et ses spectaculaires passages de roues.

Pas vraiment de pare-chocs, des porte-à-faux quasi inexistants : elle ressemble à la fois à une oeuvre d’art et à un jouet. A bord, c’est également l’épure qui domine : une simple casquette regroupant les différents compteurs, des bouches d’aération toutes rondes... Minimalisme chic et matériaux nobles : la partition est un sans faute. Avec des pas de côté étonnants à l’image de l’exclusive sellerie cuir caramel dite « gants de base-ball », réservée à une poignée de modèles de la version roadster qui décapsule le coupé.

Une voiture pas comme les autres

Basé sur une Audi A3, la toute première berline compacte premium du marché, le coupé TT ne cherche pas à en mettre plein la vue sur le plan mécanique. La gamme s’articule autour de quatre cylindres essence de 150 à 225 ch avant l’arrivée d’une motorisation V6 de 250ch plus noble et d’une rare variante TT Quattro Sport disposant de 240ch. Des blocs performants et agréables à vivre, correspondant à ce coupé d’amateurs de voitures pas comme les autres.

Ils seront nombreux à souscrire à cette proposition sans équivalent sur le marché. Originale et sans compromis esthétique, le Coupé TT n’en a pas moins été un succès commercial avec une production de 178.765 exemplaires assemblés entre 1998 et 2006.

Il faut y ajouter 90.733 roadsters, la version cabriolet lancée un an plus tard. Des chiffres respectables. Ils ne font pas de la première génération d’Audi TT un modèle rare. Mais les collectionneurs éclairés, notamment de « youngtimers », s’y intéressent et les prix commencent à devenir conséquents. A saisir sans tarder si on veut mettre dans son garage un modèle au design exclusif.

25 ans, c’est beaucoup et peu à la fois. Aujourd’hui, plus aucune marque n’oserait lancer une Audi TT. La rationalisation à outrance des gammes des constructeurs automobiles, la mobilisation de moyens colossaux consacrés exclusivement à la motorisation électrique, ne permettent plus de laisser de place pour l’originalité. Les temps ont changé.