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En 2023, EDF veut retrouver une production ambitieuse

Énergie. Stabilisation des prix de l’électricité, déploiement des projets EnR et redémarrage des centrales nucléaires sur le territoire du Grand Est, projets innovants, continuité d’accompagnement des particuliers, entreprises et collectivités… Le programme du bilan de l’année 2022 et les perspectives 2023 d’EDF était dense.

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Photo des centrales nucléaires de Chooz
Le CNPE de Chooz a investi 61 millions d’euros en 2022, dont 48 millions pour les arrêts de tranche et 13 millions pour la tranche en marche. (Crédit : DR)

2022, annus horribilis. Entre l’explosion des prix de l’électricité (jusqu’à 1 000 €/MWh en août 2022), la mise en danger de nombreuses entreprises n’arrivant plus à payer leurs charges et un grand nombre de réacteurs nucléaires à l’arrêt (32 réacteurs sur 56) entraînant une chute de la production d’électricité, 2022 a été, de l’aveu même du directeur de l’action régionale EDF Grand Est, Jean-Michel Deveza, « une année terrible ».

Toutefois, tout n’est pas à jeter, car de manière optimiste, ce dernier retient aussi des éléments positifs : « La centrale de Chooz dans les Ardennes, si elle n’a pas produit d’électricité, a pourtant été très active économiquement avec des interventions de nombreux corps de métiers pour résoudre le problème de corrosion sous contrainte », cite-il notamment.

« Avec le déploiement du bouclier tarifaire mis en place par l’État, nous avons aussi accompagné au plus près nos clients, particuliers et professionnels. Des solutions ont été apportées pour tous, et ceux qui n’entraient pas dans le mode de calcul du bouclier, se sont vus proposer des étalements de facture », précise Jean-Michel Deveza (photo ci-contre).

Cet accompagnement a permis à EDF, en forte période de crise et dans un contexte très concurrentiel des professionnels de l’énergie, de regagner de nombreux clients, de l’ordre de 700 000 sur l’année 2022 alors que l’entreprise en perdait 1 million par an. « Le dispositif des tarifs réglementés, très protecteur, a permis de faire revenir des clients. De plus, nous avons été le premier fournisseur à ne pas effectuer de coupures d’électricité, en poursuivant notre politique d’accompagnement à la consommation des plus démunis. » Ainsi, 25 agents solidarités EDF « s’engagent au quotidien auprès des travailleurs sociaux ».

Photo de Jean-Michel Deveza
(Crédit : DR)

Dans la tempête, le Grand Est a continué d’être une région exportatrice d’électricité, avec une production de 48,21 TWh, composé à 80% du nucléaire, à 17% des énergies renouvelables et à 3% du cycle combiné gaz de la centrale de Blénod (Meurthe-et-Moselle). Une production cependant en baisse de 37% par rapport à l’année 2021.

« L’année 2022 a été marquée par une production d’électricité d’origine nucléaire historiquement basse avec un taux de disponibilité du parc français de 54% contre 73% entre 2015 et 2019, qui s’explique par l’arrêt de plusieurs réacteurs pour maintenance et détection du problème de corrosion sous contrainte. » Une situation qui devrait évoluer en 2023.

Dans la région Grand Est, la centrale de Chooz a vu ses deux réacteurs être de nouveau raccordés au réseau. En 2022, les investissements du groupe EDF Grand Est s’élèvent à plus de 620 millions d’euros, notamment sur les sites de production (dont 61 millions d’euros pour le CNPE de Chooz).

Des prix qui continueront d’être élevés

Pour 2023, l’énergéticien confie être « encore dans des prix élevés », de l’ordre de 200 € pour les prix de base (prix d’achat pour 2024), et de 80 € pour le prix spot, avec une certaine volatilité. « Globalement, nous allons rester sur des prix élevés », souligne Jean-Michel Deveza.

« Tout est en train de se remettre en place, grâce aux mesures d’urgence, mais aussi à une prise de conscience européenne qui consiste à dire qu’il faut découpler les prix de l’électricité de ceux du gaz ainsi que les prix spot et les prix à moyen et long terme. Il faut que l’Europe se mette d’accord selon les règles de l’unanimité. Cela conditionnera un certain nombre de choses, notamment un sujet qui nous occupe pas mal à EDF : celui de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) qui se termine fin 2025. Car aujourd’hui, lorsque l’on fait des prix d’offre de marché, pour les fournisseurs, on intègre une part de la base du nucléaire historique, les fameux 42 € le MWh. Nous pensons qu’il faut revoir ce fonctionnement qui ne reflète pas les vrais coûts propres de production. »

Augmenter de 5GW par an la production d’ENR

L’enjeu est ainsi, plus que jamais, dans un monde qui s’électrifie intensément, de donner une assurance aux marchés financiers.

« C’est pourquoi nous portons une attention constante à l’électricité décarbonée en nous appuyant sur deux piliers : le nucléaire et les EnR. Il faut pousser à fond les deux », insiste le directeur de l’action régionale EDF Grand Est.

« Avec le programme 6 + 8 dans le nucléaire : 6 réacteurs tout de suite et 8 en perspective. Et côté renouvelable, aujourd’hui, on est à 2 à 3 GW par an de mise en service, il faut passer à 5 GW tous les ans, en termes de production sur les années qui viennent. » Sur ce sujet, dans le Grand Est, « il y a encore de quoi faire, avec une large marge de progression », estime Jean-Michel Deveza, tout en prenant en compte les freins qui peuvent exister, soit la disponibilité de terrain mais également l’acceptabilité de la population.

En témoigne dans la région, le projet du Mont des Quatre Faux dans le Rethelois, initié en 2015, qui a fait l’objet de nombreux recours et qui n’a toujours pas vu le jour. Le « repowering » des parcs existants est donc un des axes de développement de plus de l’éolien par EDF avec le déploiement de nouveaux parcs solaires.

« Si on devait donner deux leitmotivs : sur l’éolien ce serait le repowering et sur le solaire, l’agrivoltaïsme. » Dans le Grand Est, EDF a 500 MW d’installés sur les énergies renouvelables et 1,3 GW « dans les tuyaux » avec l’idée, pour l’énergéticien, de tripler la puissance installée dans les prochains 18 mois.