Maxime Valet.
Invités / Entretiens

Maxime Valet.

Escrimeur à toute épreuve.

Lecture 12 min
Maxime Valet
Maxime Valet (Crédit : ADRIEN NAUDE)

À 35 ans révolus, l’athlète peut se targuer d’avoir déjà un palmarès bien fourni, avec 14 médailles à son actif depuis 10 ans. Si le sport forge l’esprit de combativité, le goût de l’effort et la passion sont, sans conteste, les fils rouges de la vie de l’escrimeur Maxime Valet.

Un mental d’acier qui lui a permis de ne pas flancher face aux épreuves du destin et de côtoyer désormais son modèlede jeunesse, Brice Guyart – ingénieur fleurettiste, double champion olympique d’escrime –, en vue de la mobilisation des athlètes pour les Jeux de Paris 2024 et l’organisation du village olympique. « C’est un sportif de haut niveau que j’ai toujours admiré de par son double cursus et qui m’a beaucoup inspiré tout au long de mes deux carrières. C’est une grande fierté aujourd’hui de collaborer avec lui sur un tel événement », se réjouit le champion paralympique et médecin au Creps de Toulouse.

L’apprentissage de l’escrime dès son plus jeune âge

Fils d’un enseignant-chercheur à l’université Paul Sabatier et d’une mère employée au Conseil régional, ce compétiteur dans l’âme a appris à manier le fleuret à l’âge de huit ans, encouragé par un ami d’enfance – ils se sont suivis longtemps jusqu’au parcours de médecine, ce dernier ayant quitté par la suite la salle d’armes.

Tactiques, stratégies et combat en duel séduisent alors le jeune garçon, qui, souvent le nez dans les livres, s’émancipe derrière son masque. « Le masque permet à chaque escrimeur de rester dans son monde, tout en s’ouvrant aux autres. » Et cette discipline sportive n’est pas sans rappeler le héros d’Artagnan ou encore le personnage de fiction Zorro, adulés par le Toulousain.

« J’avais l’impression de faire pareil qu’eux et lorsqu’on est enfant, c’est grisant. »

Depuis, son nom est accolé à de belles victoires et résonne toujours entre les murs du Toulouse Université Club (TUC), club dans lequel il a évolué, aux côtés de la maître d’armes Brigitte Aragou, et qu’il n’a pas quitté. Quelques années plus tard, il évolue aussi au Stade Toulousain Escrime pour le sabre. En parallèle, et au fil des saisons, il s’essaie à d’autres sports tels que le rugby à XIII, le badminton, etc., avec toujours l’esprit de compétition. Outre la découverte de l’escrime, une parenthèse de deux ans aux USA, à Boston marque aussi son enfance.

« Mon père a eu l’opportunité de travailler outre-Atlantique et nous l’avons suivis moi, ma mère et mon frère cadet. J’en garde un merveilleux souvenir car cela m’a permis, entre autres, de m’ouvrir à une autre culture, de découvrir un rythme scolaire différent, d’apprendre l’anglais ce qui s’avère très utile et de vivre une expérience familiale atypique ».

Il revient en France à l’aube de sa rentrée en 6e. Plus tard, le jeune homme intègre la faculté de médecine au sein de la Ville rose. « C’est un milieu que j’ai toujours trouvé fascinant. Au collège, on m’avait proposé de rentrer au pole espoir mais je souhaitais suivre des études de médecine et j’ai dû choisir, car les deux n’étaient pas compatibles. » À l’âge de 22 ans, quatorze ans après ses débuts dans l’escrime, la vie de l’étudiant (entre la 3e et 4e année) bascule : une grave chute le prive de l’usage de ses deux jambes. Cette épreuve de la vie ne l’empêchera pas néanmoins de poursuivre sa route, passant de l’escrime olympique à l’escrime paralympique à haut niveau, tout en continuant de longues études.

À la poursuite d’un rêve

« Cette situation a été plus facile à accepter car au final, j’ai pu poursuivre mes rêves et je n’ai pas eu besoin de me réinventer ni d’ailleurs de déménager… Lors de mes premiers jours d’hospitalisation, beaucoup de personnes sont venues me voir avec le même discours “ quoi qu’il se passe, tu vas continuer ”. Ça paraissait évident pour eux donc cela l’a été pour moi. Je n’ai pas eu le temps de me poser un tas de questions car on m’a apporté très vite les réponses, que ce soit du côté du sport ou des études. En ce qui concerne mon quotidien, j’ai dû apprendre de nouveaux gestes, intégrer de nouvelles manières de faire, etc., mais je prends ceci comme un challenge », confie ce père de deux petites filles de trois et un an.

Alors qu’un nouveau chapitre de sa vie s’ouvre, la transition entre les épreuves olympiques et paralympiques se font pour lui presque naturellement. « On suit les mêmes règles et les mêmes tactiques qu’on soit valide ou en fauteuil roulant. Du reste, les clubs ont l’habitude de la pratique de l’escrime en fauteuil qu’il s’agisse d’un blessé, d’une femme enceinte,etc. Cette approche m’a permis d’être médaillé rapidement après ma chute. » En effet, au bout de cinq mois de rééducation, et à peine deux ans après l’accident, Maxime Valet décroche la médaille d’or à l’épée par équipe aux championnats d’Europe à Sheffield.

Une succession de succès

« Être médaillé m’a fait un drôle d’effet, mêlant étonnement et amertume se souvient le sportif de haut niveau. D’un côté, c’était en quelque sorte un exploit après ce qui était survenu et de l’autre, j’étais frustré car, à un match près, j’avais mon ticket pour les Jeux paralympiques. Je garde toujours cette âme de compétiteur en moi qui me fait dire que je peux faire plus et mieux, à toute épreuve ».

Les récompenses continuent de pleuvoir. Parmi les plus marquantes, le titre de champion d’Europe en 2016 qui lui a permis de décrocher son ticket pour Rio la même année, et ainsi les médailles de bronze au fleuret par équipe et au fleuret par individuel aux Jeux paralympiques. « C’était mes premiers Jeux. Résultat : un engouement extraordinaire et une démesure que j’ai pu partager avec ma femme. » D’autres suivront. La dernière récompense en date, une médaille d’argent aux championnat d’Europe 2022 à Varsovie, ce qui a permis à l’équipe de France de terminer 7 au palmarès.

Dernière ligne droite désormais avant Paris 2024, un Graal ultime avant peut-être de « tirer ma révérence, avance-t-il. Je suis usé de tout mener de front et j’aimerais aussi aujourd’hui profiter de ma famille et me consacrer à d’autres activités dans mon second métier, comme celle de médecin au Toulouse Olympique XIII. J’ai toutefois eu de la chance de pouvoir vivre mes deux passions sans en sacrifier une, du fait des entraînements qui ont lieu le soir, ce qui est rarement le cas chez les autres sportifs. Mais cela n’aurait cependant pas été possible sans l’accompagnement de la Fédération et de mon employeur, ce qui me permet d’être détaché pour les stages et compétitions ».

L’adrénaline, les émotions fortes, la persévérance, l’endurance, et le dépassement de soi, c’est la recette qui a conduit Maxime Valet à tous les succès. Et c’est ce qu’il livre à travers ses témoignages auprès des filiales du groupe L’Oréal, lequel l’a repéré en 2015, parmi d’autres sponsors. Le groupe renforce depuis son action en faveur du handisport, de la diversité et de l’inclusion des personnes en situation de handicap et soutient un collectif d’athlètes Français.

Maxime Valet fait ainsi partie des 10 sportifs sélectionnés. « En échange du soutien que nous recevons, nous réalisons des démonstrations d’escrime, faisons une sensibilisation au handicap en général et au handicap en entreprise et au sport de haut niveau. Nous incitons les collaborateurs à pratiquer une activité physique et démontrons que peu importe un handicap, l’âge, un surpoids, etc., la pratique du sport est possible. »

À côté, le trentenaire intervient dans les écoles avec une démarche similaire. « Il faut suivre ses rêves et surtout se donner les moyens d’y arriver », c’est en ces termes que le sportif résume sa trajectoire. L’escrimeur a d’autres projets en tête, avec l’envie de coacher des sportifs. Une façon de passer le flambeau.