Patrick Fostier
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Patrick Fostier

Le “Monsieur économie” des collectivités.

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Patrick Fostier : 40 ans de vie professionnelle et 40 ans de carrière politique encore en cours. Pascal Rémy

C’est à l’issue de son service militaire, en 1977, que Patrick Fostier entame sa carrière professionnelle en suivant la lignée familiale. « Je n’ai pas eu le temps de chercher du travail car j’ai fait mes premières armes au sein de l’entreprise fondée par mon grand-père après la Première Guerre mondiale et reprise par mon père. C’était un commerce de quincaillerie et fournitures industrielles implanté au coeur de Charleville sous le nom de Martin-et-Laugée qui a grandi au fil de plusieurs fusions. J’y ai débuté comme vendeur en magasin avant de m’occuper de la gestion d’une unité de vente et de finir avec la double casquette de chef du personnel (85 salariés) et de directeur commercial ».

N’ayant pas suivi d’études, Patrick Fostier profite de cette décennie pour passer une maîtrise de gestion. « Ça et la formation sur le tas m’ont donné des bases solides pour la suite de mon parcours ».

31 ans comme agent d’assurance

Attiré par les métiers nécessitant des contacts humains, il opère une reconversion en 1986 en reprenant un portefeuille d’assurances. Il devient agent général et courtier. « Pour moi, c’est une date fondatrice car j’ai développé ce cabinet qui, à son apogée, a compté neuf salariés et sept points de vente à Charleville- Mézières, Monthermé, Nouzonville, Reims, Revin et Fumay. Entre 1986 et 2017, j’ai mandaté pour trois compagnies : PFA, AGF et Allianz ». 31 ans d’activité au cours desquels il a trouvé des parallèles entre son métier et la vie politique.

« Même si les règles publiques ne sont pas les mêmes que dans un espace privé, on retrouve des similitudes : Des deux côtés, on échange beaucoup avec les gens et on crée des réseaux. Soit en voulant vendre un produit, soit en essayant de rassembler derrière des projets pour obtenir la confiance des électeurs. Entre un acte de vente et un vote, le principe est finalement le même ».

Durant ces années comme assureur, Patrick Fostier occupe d’autres fonctions (trésorier et président de la commission formation) à la CCI de Charleville-Mézières (1996-2000) puis des Ardennes (2010 à 2014) tout en étant président du syndicat départemental des assurances. Voilà pour le tracé professionnel.

40 ANS d’engagement politique

La vie politique débute, elle, le… 11 mai 1981, au lendemain de l’accession de François Mitterrand à l’Elysée. « Faisant partie d’une famille gaulliste, et moi un peu plus que la moyenne, j’ai en réaction à cette élection mis le pied en politique en adhérant, ce jour-là, au RPR », s’esclaffe-t-il. Intéressé depuis toujours à la façon dont on gérait une ville, il s’engage en 1983, à 27 ans, dans la campagne des municipales à Charleville- Mézières aux côtés de Luc Pilard sans toutefois être éligible. Ce qui sera en revanche le cas en 1989, 1995 et 2001 en étant élu sur des listes d’opposition menées par Géraud Spire, Philippe Mathot et André Marquet.

« Entre un acte de vente et de vote, il y a finalement beaucoup de similitudes. »

Ce qui ne l’empêche pas, en 2005, d’aider à l’émergence de la communauté d’agglomération « Coeur d’Ardennes » en travaillant en toute intelligence avec la maire socialiste, Claudine Ledoux, qui en reconnaissance le désignera d’ailleurs vice-président de cette collectivité locale. « J’étais convaincu de cette nécessité pour le territoire qui, à l’époque, était en retard au niveau des équipements. Et en utilisant les services de mes amis sénateurs et députés, j’ai donc pesé sur le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, afin que cette « agglo » puisse se faire et profiter de dotations supplémentaires importantes accordées alors par l’Etat aux villes ayant accepté d’être réunies en communauté ».

D’opposant à un rôle en responsabilité

Lassé d’être réduit durant 20 ans au rôle d’opposant stérile, Patrick Fostier décide en 2008 d’abandonner provisoirement la sphère politique après avoir donné un ultime coup de main à Bérangère Poletti lors du scrutin municipal. « Cela m’a donné l’occasion de revenir à mon métier, d’étoffer mes affaires en étant plus présent sur le terrain et de trouver un associé pour préparer ma retraite. Ce qui m’a permis de quitter ce job en 2017 ». Entretemps, la politique le rattrape quand, en 2014, il s’engage à accompagner Boris Ravignon dans sa campagne municipale. Surprise : ce fief socialiste de longue date passe à droite.

« Pour moi qui avait connu cette ville à gauche pendant des lustres, c’était inimaginable. Après avoir pris beaucoup de vestes tout en ayant été élu cinq fois en six candidatures, je faisais enfin partie de l’équipe détenant le pouvoir. Dans la salle de Nevers, quand nous sommes entrés en entourant Boris pour lui permettre de se frayer un chemin dans la foule, j’ai vécu un moment émotionnel très rare ». Nommé conseiller de base puis délégué au Commerce à la ville, Patrick Fostier devient vice-président d’Ardenne Métropole en charge du développement économique. Il sera réélu à ces deux fonctions en 2020 après avoir pourtant, un moment, eu envie de lever le pied.

« Ça change complètement la donne d’être majoritaire et j’ai fini par poursuivre mon engagement politique en repartant pour un tour afin d’agir sur le plan communautaire et municipal. Notre écosystème a notamment accompagné l’implantation d’Hermès à Tournes et aidé Intelcia à se développer à Charleville-Mézières en créant 300 postes de téléconseillers », estime « Pat Bill » comme on le surnomme pour sa promptitude à réagir sur les réseaux sociaux.

L’automobile, une autre passion

« 5 000 personnes me suivent sur les réseaux, et à chaque fois que je poste quelque chose, ça fait le tour de la ville. C’est une bonne manière de faire savoir ce qu’on fait de bien », dit ce féru de marche qui fut aussi un passionné de sport automobile. « Dès ma sortie de l’armée, entre 1980 et 1995, j’ai fait des rallyes, des courses de côte et des slaloms automobiles plus souvent comme co-pilote que pilote. Licencié alors à l’Association sportive automobile des Ardennes, j’ai écumé les épreuves organisées dans le Nord-Est de la France, remporté quelques victoires de classe et même pris part avec Jean Bridoux et Gilles Marietton à des courses comptant pour le championnat de France de rallyes et le championnat d’Europe. »

Après cette période dans l’habitacle des voitures, Patrick Fostier assura aussi pendant une quinzaine d’année les fonctions de directeur de courses. « Tous ces engagements font partie de ma vie. J’ai toujours aimé oeuvrer pour les autres. Ce sera encore le cas jusqu’en 2026. Après, j’arrêterai probablement. Il faut être raisonnable et savoir ne pas faire le combat de trop et aller trop loin d’autant qu’on bloque quelque part les initiatives de plus jeunes qui ont aussi des idées. Place donc à la nouvelle génération qui arrive ».