Philippe Magnaval
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Philippe Magnaval

Le service en personne.

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Portrait - sécurité - service à la personne - gendarmerie
Philippe Magnaval a pris sa retraite de gendarme pour se lancer dans une activité du secteur des services à la personne. (Crédit : ND).

« Après 33 ans au service de [ses] concitoyens », Philippe Magnaval a pris sa retraite de gendarme pour se lancer dans les services à la personne. C’est à l’âge de 19 ans, lors de son service militaire, qu’il s’était décidé à faire carrière dans la gendarmerie. « J’ai pas mal bourlingué, sur demande. Quand je suis entré en gendarmerie, j’ai voulu faire une carrière de gradé. J’ai fait tout un tas de formations et obtenu de nombreux diplômes permettant de monter en grade et d’accéder à des postes à responsabilités. Mon parcours m’a permis de rencontrer des gens hors du commun. Et j’ai notamment servi au Bureau des affaires criminelles à la direction générale de la gendarmerie nationale, à Paris », explique-t-il. Mais ce qu’il a apprécié le plus, c’est le commandement et le travail sur le terrain. Aujourd’hui, il se met au service des autres d’une autre façon. Et c’est avec le même sens des responsabilités qu’il exerce sa toute nouvelle activité de multiservice.

« Après 33 ans au service de mes concitoyens, je voulais donner un nouveau tournant à ma carrière professionnelle. »

Bac ES en poche, le Charentais-Maritime d’origine commence à travailler à l’âge de 18 ans comme saisonnier manutentionnaire dans une coopérative de sa région. « J’avais commencé une fac de droit à La Rochelle et je me suis rendu compte que ce n’était pas mon truc. Mais pour pouvoir trouver du boulot, à cette époque-là, il fallait avoir fait le service militaire, on ne vous embauchait pas, sinon », se souvient Philippe Magnaval. Il a 19 ans lorsqu’il devance l’appel. Affecté dans la région de Pau (Pyrénées Atlantiques), à la gendarmerie des transports aériens, il prendra goût au métier, à l’état d’esprit militaire : « Il y a une rigueur militaire qui m’a plu. Ce côté carré, droit m’a donné envie de continuer dans cette voie ». En 1990, il passe le concours de sous-officier de gendarmerie. Avant de partir huit mois en école de formation dans l’Allier.

DEBUTS DANS LE « NEUF CUBE »

C’est en Seine-Saint-Denis, dans le 93, à la brigade de Gournay-sur-Marne, qu’il débute sa carrière. « C’était assez rude à l’époque en région parisienne et en plus dans le « neuf cube », comme ils disaient », sourit-il. Après avoir demandé à changer d’affectation, le jeune gendarme prend un poste venant de s’ouvrir à Bry-sur-Marne (Val de Marne) : « Je venais d’avoir l’OPJ (concours d’officier de police judiciaire). Je menais mes enquêtes judiciaires, cela me plaisait vraiment ». Puis il concourt avec succès à l’avancement et est par conséquent muté. C’est ainsi qu’il devient adjoint au commandant de brigade puis commandant de brigade en Seine-et-Marne, à Donnemarie-Dontilly.

AFFECTE AU BUREAU DES AFFAIRES CRIMINELLES

« Dans les années 1990-2000, dès qu’on passait au grade supérieur, on était muté dans une autre brigade… J’ai ainsi également servi au Bureau des Affaires Criminelles à la direction générale de la gendarmerie, à Paris », explique-t-il. Cette affectation comptera parmi celles qui le marqueront le plus : « J’ai travaillé avec des généraux, dont des personnes qui sont montées encore plus haut dans la hiérarchie. Mon rôle consistait à renseigner le directeur général sur toute l’activité judiciaire et les enquêtes judiciaires sensibles dans toute la France métropolitaine et les outre-mers. J’ai eu l’occasion de travailler sur de grosses enquêtes criminelles. Mais je ne peux pas en dire plus car je suis astreint au secret ».

ARRIVEE DANS L’AUBE

Après ce poste « intéressant », qui le fait beaucoup voyager, Philippe Magnaval souhaite revenir sur le terrain. Étant marié à une Auboise, il se rapproche de l’Aube. « Commander me manquait en fait. J’ai voulu également continuer ma carrière de gradé et commander des unités de terrain, avoir des postes à responsabilités ». C’est en 2006 qu’il arrive dans l’Aube, à Piney, comme commandant de brigade (adjudant). En 2010, il saisira l’opportunité d’être muté au Bureau de police judiciaire de Châlons-en-Champagne. « Je ne le regrette pas car c’est là que j’ai eu l’occasion de travailler avec le général Bruno Jockers, le numéro deux national au niveau de la gendarmerie. Et qui est actuellement le major général de la gendarmerie », observe Philippe Magnaval.

Sur demande, il revient dans l’Aube en 2014 comme commandant de communauté de brigades, à Bouilly (Bouilly, Ervy-le-Châtel, Chaource). Major, il s’occupe alors de la sécurité publique et a dix-neuf personnes sous ses ordres. En 2019, le président de la République lui décerne la médaille militaire en récompense des services rendus. « J’ai quitté Bouilly en 2020 pour commander la cellule renseignements au groupement de gendarmerie départementale, à Rosières-près-Troyes », ajoute-t-il.

RETRAITE ET NOUVEAU MÉTIER

« En 2021, j’ai décidé de faire valoir mes droits à la retraite. Après 33 ans au service de mes concitoyens, je voulais donner un nouveau tournant à ma carrière professionnelle », fait valoir l’entrepreneur aubois. Le fait d’avoir occupé de nombreux postes à responsabilités l’amène tout naturellement à envisager de « monter [sa] petite entreprise ». « Et comme je suis assez adroit de mes mains, j’ai pensé mettre à profit mes capacités au service des autres ». En toute logique, il choisira donc de s’installer à son compte dans le domaine des services à la personne, un secteur où la demande est importante. Depuis le 1er février 2022, il propose ainsi des prestations allant du bricolage à l’accompagnement pour les personnes dépendantes temporaires, en passant par l’entretien de jardin, la livraison de courses à domicile ou encore l’assistance administrative à domicile. « Je travaille plus sereinement. J’avais accumulé pas mal de stress. Je suis très content de mon choix ».