Le portrait d'Anne-Claire Moser
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Le portrait d’Anne-Claire Moser

En studio... avec éloquence.

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Photo d'Anne-Claire Moser
Anne-Claire Moser dans les locaux de RTL, à Neuilly-sur-Seine. (Crédit : DR)

Pétillante et à mille à l’heure. La vie d’Anne-Claire Moser n’est pas de tout repos. Mais qu’on ne s’y trompe pas, celle qui est devenue un visage – et une voix – connu(e) des Français grâce à sa participation à l’émission de Julien Courbet « Ça peut vous arriver », sur RTL, n’en reste pas moins extrêmement attachée à son ancrage champardennais. Si elle est Parisienne un jour par semaine, le reste du temps, c’est entre les Ardennes, où elle a grandi et Reims, où elle habite, (mais aussi dans les endroits de France où la conduisent ses plaidoiries) qu’elle mène sa vie, tambour battant.

Née dans le Doubs à Besançon, mais arrivée à l’âge de 2 ans à Charleville-Mézières, elle se considère comme une Ardennaise de cœur. Là où sont ses origines, sa famille, et aussi de nombreux amis. C’est d’ailleurs sur les bancs du Tribunal de la cité de Gonzague qu’elle a su, très jeune, qu’elle voulait devenir avocate. « C’est un ami avocat de mes parents, Jacques Deslandes, qui m’a pour la première fois amenée dans un tribunal. » Et pas n’importe quel avocat, puisque ce dernier faisait partie du trio ayant assuré la défense de Monique Olivier lors du procès retentissant de Michel Fourniret. Si les procès auxquels elle assiste ne lui donnent pas envie de se diriger vers le droit pénal, en revanche, elle garde bien précieusement les conseils de son « mentor » qui lui recommande de toujours « faire preuve d’humilité ».

15 ans associée

Après sa maîtrise de droit et un DESS, elle passe alors le concours d’entrée à l’École d’Avocat en 2001, auquel elle échoue une première fois, pour le réussir, une année plus tard. « Je suis sortie diplômée en novembre 2003, avec cette farouche envie de défendre les gens. Moi je ne veux pas juger. Ce que je souhaite, c’est accompagner mon client, et avec l’art oratoire, le faire gagner. » Cet engagement, elle souligne le porter à 100% et même si chaque procès ne peut pas être statistiquement remporté, Anne-Claire Moser garde comme mantra sur un coin de son bureau, cette petite phrase attribuée à Nelson Mandela : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends… » Son métier justement, elle l’a appris pendant de nombreuses années aux côtés d’un homme qui lui a fait confiance, Thierry Pelletier, et auprès duquel elle sera avocate durant quatre ans dans son cabinet puis pendant 15 ans, associée avec trois autres confrères.

« Quand on devient avocat, on acquiert un statut social qui n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on est finalement. C’est après des années d’apprentissage et de travail nourri que l’on gagne ses galons. » C’est dans le domaine du droit du travail et de la famille que la jeune femme trouvera sa prédilection. En 2005, elle décide de passer le concours d’éloquence, afin d’échapper notamment au « syndrome de l’imposteur ». Elle le remporte brillamment et en tire une véritable fierté. « Avoir la reconnaissance de ses pairs est un joli titre dans une carrière d’avocat ». Peut-être parce que son père était « commerçant, à la tête d’un hypermarché », elle développe une fibre pour défendre les employeurs et les salariés. « Quand les gens franchissent la porte d’un cabinet, c’est qu’ils traversent une période difficile. J’aime penser que j’apporte un peu d’humanité dans une situation difficile. »

Elle intègre l’équipe de Julien Courbet

Mais après quinze années dans un grand cabinet rémois, vient le temps des interrogations et des nouvelles envies. Avec toujours ce satané syndrome de l’imposteur qui la poursuit, Anne-Claire Moser entame, en 2019, un coaching professionnel avec Pierre-Marie Tixier. « Il a changé ma vie professionnelle », n’hésite-elle pas à affirmer. « Je traversais des moments de doutes et nous avons cherché ensemble quelles nouvelles valeurs je souhaitais mettre en avant, comment je voulais redéfinir ma vie professionnelle et quelles nouvelles aspirations j’avais. » C’est ainsi qu’elle émet le désir de faire de la radio. « Pierre-Marie Tixier m’a donné une boîte à outils et a posé la première pierre qui a débouché sur cette permission de rêver. »

Or, comme Anne-Claire Moser n’est pas le genre de femme à attendre que les occasions se présentent mais plutôt à les provoquer, elle obtient le mail de Julien Courbet et lui envoie un message pour lui signifier son envie d’intégrer son émission aux 2,2 millions d’auditeurs sur RTL, « Ça peut vous arriver ». Deux mois plus tard, il lui répond et l’invite à faire des essais. « Je monte à Paris pour des essais en direct, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout ! » se remémore-t-elle.

« Quand on devient avocat, on acquiert un statut social qui n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on est finalement. C’est après des années d’apprentissage et de travail nourri que l’on gagne ses galons. »

À la fin de sa chronique, Julien Courbet et le Rédacteur en chef de l’émission lui proposent de faire la saison entière… C’est le déclic qu’elle attendait. Propulsée rapidement dans le cœur des auditeurs, là encore, elle apprend « à rebondir, à s’adapter ». Le rythme de travail s’intensifie puisque dans une émission de 3 heures, une vingtaine de cas sont abordés. « Chaque émission demande 5 à 6 heures de travail préalable. » L’avocate reçoit en amont les cas sélectionnés par l’équipe de la rédaction de l’émission, « pré-décortiqués ». Son travail à elle consiste en la recherche des articles de loi qui vont correspondre à une réponse adaptée. « Tout en y ajoutant des petits plus car l’équipe et le client posent souvent des questions auxquelles on ne s’attend pas forcement ! » reconnaît-elle. « Je suis très heureuse d’avoir intégré cette équipe. J’y ai trouvé ce que je suis venue chercher. Le travail sérieux, mais dans l’amusement, en équipe, moi qui avais l’habitude de travailler seule. Et cela, dans de si belles maisons que sont RTL et M6. » L’expérience radiotélévisée lui « donne des ailes » et après 20 années passées au sein d’un même cabinet, elle franchit le pas de monter le sien. Elle évoque alors sa seconde fille, Violette, 8 ans, atteinte de handicap.

« Mes choix ont un fil rouge, c’est le handicap de ma fille Violette, que je vois avancer dans la vie, en franchissant chaque jour de nouvelles étapes avec courage. Sa force me donne la mienne et cette boulimie de travail est aussi sans doute, une manière de contrer mes tourments. J’en parle souvent car c’est un engagement qui me tient à cœur et si ma voix peut permettre de sensibiliser les gens au handicap, et de faire avancer les choses, la recherche, oui, je veux y être utile et y contribuer. » Si Anne-Claire Moser consacre son mercredi aux tournages (un en direct et un enregistré), les autres jours, elle les passe désormais dans son nouveau cabinet qui a vu le jour en octobre de l’année dernière et qu’elle a façonné à son image. « J’ai voulu un lieu chaleureux, accueillant, presque cocooning, où l’on se sent bien. »

En témoigne le petit salon aménagé avec goût, où les affiches d’expositions côtoient les magazines d’Art et les romans, tout autant que les piles de dossiers, une cinquantaine… « Je peux compter sur mon assistante. Un cabinet ça se construit, cela demande du temps, et aujourd’hui j’ai la chance d’avoir des personnes qui me contactent spontanément, grâce à l’exposition médiatique, qui néanmoins, n’a pas que des avantages... Même si la plupart du temps, je reçois des messages bienveillants. Aux clients qui viennent me voir, je leur dis que je suis à leurs côtés, en allant plaider jusqu’au bout. » Elle prend alors en exemple une affaire d’un salarié qui s’est fait licencier pour « faute grave » au bout de 28 ans années dans une même entreprise. « Le procès a été perdu aux Prud’hommes sur tous les points en première instance. Ça a été très dur. Et puis nous avons fait appel. Et là, la Cour a rendu un jugement totalement à inverse, en nous donnant raison sur tous les points. Une vraie victoire. »

Quant à son bureau, elle l’a personnalisé au maximum, avec de très nombreuses photos de sa famille : Sa fille aînée, Romane, 11 ans, « une petite fille extraordinaire », son époux, Dominique « un mari moderne », qui la « soutient au quotidien » mais aussi tous ceux qui l’entourent et font que sa vie est « dense et formidable ».