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L’Adie soutient les jeunes créateurs d’entreprise

Financement. L’an dernier, parmi les entrepreneurs financés par l’association, un sur trois avait moins de 30 ans.

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Photo de Christophe Nicaud
Christophe Nicaud, directeur de l’Adie Occitanie. (©Alain Le Coz)

La création d’entreprise serait-elle le nouvel eldorado des jeunes générations ? C’est ce que laisse entendre une enquête réalisée en mai dernier par l’institut Appinio pour l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) auprès de 1 500 jeunes. L’étude révèle en effet que 68 % des moins de 30 ans ont le projet d’entreprendre. Mais du rêve à la réalité, il y a parfois un petit décalage.

Complexité administrative, manque de confiance en soi, sont ainsi les principaux freins à la création d’entreprise évoqués par cette tranche d’âge, toutefois loin derrière les difficultés de financements, citées par près de 52 % des jeunes répondants.

C’est pour pallier ces écueils que l’Adie a organisé début juin dans toute la France et en particulier en Occitanie une opération de promotion de l’entrepreneuriat auprès des jeunes de 18 à 30 ans. Durant une semaine, ateliers, conférences, séances de mentorat, ont permis à ce jeune public d’en apprendre un peu plus sur les dispositifs de financement et d’accompagnement développés par l’Adie.

Créée en 1989, l’association s’est en effet donné pour mission de financer et accompagner les personnes qui n’ont pas accès aux financements bancaires dans la création ou le développement de leur activité. « Ces personnes n’ont pas accès aux financements traditionnels soit parce qu’elles sollicitent un trop petit montant, détaille Christophe Nicaud, directeur de l’Adie Occitanie, soit parce qu’elles sont autoentrepreneurs et n’ont pas de bilan à montrer, soit enfin parce qu’elles n’ont pas de revenus, qu’elles soient bénéficiaires des minima sociaux ou demandeurs d’emploi. »

Le soutien de l’Adie prend la forme d’un microcrédit dont le montant peut aller jusqu’à 12 000 €. Il peut être complété par un prêt à 0 % de 3 000 € maximum. Pour ce faire, l’Adie s’appuie essentiellement sur des partenaires bancaires locaux auxquels elle emprunte pour prêter ensuite.

En Occitanie, ces soutiens sont les Banques Populaires Occitane et du Sud, le Crédit agricole du Languedoc et le Crédit mutuel Midi-Atlantique. L’Adie Occitanie a prêté l’an dernier 4,5 M€ sur le volet professionnel (pour la création ou le développement d’activité).

L’association a par ailleurs attribué des prêts mobilité à hauteur de 1,8 M€. Ils permettent à des personnes d’acheter un véhicule, de financer sa réparation ou d’obtenir le permis de conduire, qui conditionnent souvent le retour à l’emploi. 1 300 entreprises ont ainsi été accompagnées en 2022 et 500 personnes financées sur ce volet mobilité.

La part des jeunes en augmentation

« En 2022, à l’Adie, les jeunes de moins de 30 ans représentaient un entrepreneur sur trois alors qu’en 2021, ils étaient moins d’un sur quatre. Cela montre l’engouement pour la création d’entreprise chez les jeunes », note Christophe Nicaud.

Pour encourager l’entrepreneuriat chez les moins de 30 ans, l’association multiplie les initiatives. En plus de l’accueil organisé dans ses agences, « nous allons vers ces publics au travers du réseau des Missions locales, de Pôle emploi, de l’Urssaf, ou encore de notre antenne mobile dans les zones rurales, détaille le directeur. À la fois pour leur donner de l’information mais aussi pour leur dire que la création d’entreprise est possible avec ce qu’ils ont en eux, c’est-à-dire leur passion, leurs compétences, leur premier réseau. Avec ces atouts, on peut démarrer une activité. »

Sur le volet administratif aussi, Christophe Nicaud se veut rassurant. « Ça peut être simple et aller très vite, si on est bien armé, si on a les bons outils et les bons conseils, sachant que nous ne sommes pas les seuls à délivrer des conseils. Nous travaillons en partenariat avec la CCI, BGE,etc. » Le bouche-à-oreille est le premier canal de prescription pour l’Adie.

Une prime spécifique pour les moins de 30 ans

En 2021, dans le cadre du programme « inclusion par le travail indépendant » initié par le ministère du Travail pour favoriser l’émancipation des jeunes par l’entrepreneuriat, une aide de 3 000 € dédiée aux moins de 30 ans créateurs d’entreprise a été mise en place jusqu’à la fin 2022.

« En minimisant le risque financier puisqu’il s’agit d’une prime, ce dispositif a favorisé, dans beaucoup de cas, le passage à l’acte », assure Christophe Nicaud. Ce programme pourrait être prochainement reconduit mais son montant ramené à 1 000 €. En Occitanie, l’Adie a distribué l’an dernier plus de 250 de ces primes.

Accompagnement sur mesure

Parmi ces jeunes porteurs de projet, tous les parcours se côtoient, « du sans bagage au diplômé, mais ils ont pour points communs la passion pour un métier et l’envie de créer leur entreprise », note Christophe Nicaud qui l’assure : « Pas la peine d’avoir un prévisionnel à trois ans qui, de toute façon, ne sera pas réalisé ! La création d’entreprise est accessible à tout le monde, ce qu’il faut c’est avoir les moyens financiers pour bien démarrer, être bien accompagné et ne pas rester seul. »

En marge de la distribution de microcrédits, l’Adie propose de fait un accompagnement par le biais de coaches bénévoles « adapté aux besoins de la personne ». L’ensemble de ces dispositifs permet à l’Adie de se prévaloir d’un taux de remboursement de 95 % à quatre ans.

Le taux de pérennité des entreprises financées par l’Adie atteint, lui, près de 75 % à deux ans et 70 % à trois ans. « L’autre chiffre que nous scrutons, c’est le taux d’insertion. Neuf personnes sur 10 que l’on soutient sont insérées dans l’emploi. C’est une donnée importante pour les partenaires qui nous soutiennent. » L’Adie Occitanie compte des agences dans tous les départements, elle emploie 40 salariés et peut compter sur l’engagement de près de 80 bénévoles.