Collectivités

Centre de tri de collecte sélective innovant à Bessières

Déchets. Confié à Paprec par le syndicat haut-garonnais Decoset, le nouveau centre de tri de collecte sélective prévu à Bessières aura une capacité de 70 000 tonnes annuelles et sera ainsi le plus important de l’Hexagone. Ce projet représente un investissement de 53 M€ pour la collectivité. Entretien avec Vincent Terrail-Novès, président du syndicat mixte Decoset, 1er vice-président de Toulouse Métropole délégué à l’économie circulaire et déchets, maire de Balma.

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Photo de l'usine de tri de déchets de collecte sélective de Paprec
Paprec dispose de plusieurs usines de tri de déchets de collecte sélective dont celle basée à Richwiller (Haut-Rhin) et dont les travaux ont été lancés en été 2021. (Crédit : APREC)

Pouvez-vous expliquer en quelques mots les grandes lignes de ce projet et les raisons du choix du groupe Paprec, qui exploitera de fait son 4e centre de tri dans la région Occitanie ?

Le groupe Paprec construira à partir de la fin d’année sa 32e usine de tri de collecte sélective – dont la moitié lui appartient, ce qui représente près d’un million de tonnes par an de déchets ménagers triés et recyclés –, dans la commune de Bessières.

Ce leader français de la collecte sélective concevra, construira et exploitera cette usine pour le compte du syndicat Decoset. Ce centre de tri de 10 000 m2, qui vient remplacer les deux sites actuels obsolètes à Toulouse et Bessières, aura une capacité de 70 000 tonnes. Pour rappel, en 2022, 24 311 tonnes d’emballages ménagers ont été triés au centre de tri Econotre à Bessières, dont 18 911 tonnes ont fait l’objet d’une valorisation matière.

Pour l’heure, la capacité actuelle du centre de tri de Toulouse est de l’ordre de 25 000 tonnes et celle de Bessières est de l’ordre de 30 000 tonnes. Le nouveau centre de tri sera doté des meilleures technologies disponibles pour fournir aux collectivités les performances les plus élevées de captation des matières, ce qui en fera le plus important centre de tri de France.

L’extension des consignes de tri pourrait, elle, augmenter le volume des déchets triés d’où l’ajustement du dimensionnement du centre de tri nouveau. Les déchets trié dans ce centre de tri sont les mêmes qu’aujourd’hui après extension des consignes de tri : papier, carton, canettes, emballages plastiques… En ce qui concerne la sélection de Paprec, le respect du code de la commande publique impose aux collectivités et établissements publics de mettre en concurrence et de retenir l’entreprise qui a proposé l’offre la mieux disante.

Leurs offres ont été analysées par un assistant à maîtrise d’ouvrage et par les services internes de Decoset sur la base de multiples critères. Chaque critère était noté sur un certain nombre de points. Les propositions de chaque entreprise ont donc fait l’objet d’une note pour chacun des critères ce qui a ensuite permis d’attribuer une note globale par entreprise. L’entreprise la mieux disante a été Paprec. En Occitanie, le groupe exploite déjà trois centres de tri que sont Lansargues-Montpellier (34), Calce-Perpignan (66) et Nîmes (30) et bientôt quatre avec Bessières.

Combien de communes sont concernées par la collecte et donc par ce centre de tri ?

Le syndicat Decoset rassemble huit communautés de communes du nord de la Haute-Garonne, dont Toulouse Métropole, soit un total de 152 communes (ce qui représente plus d’un million d’habitants), lesquelles collectent le tri sélectif et Decoset se charge de les valoriser dans ses centres de tri.

Au total, 152 communes sont donc concernées par ce nouveau projet. Ce dernier sera également dimensionné pour accueillir le tri d’autres EPCI tels que la communauté d’agglomération du Muretain mais aussi d’autres communautés de communes du département ou hors département. Le titulaire du marché a la possibilité d’aller chercher d’autres partenaires pour trier leurs déchets dans ce centre. L’apport de partenaires extérieurs permet d’optimiser l’économie du fonctionnement du centre. La collectivité investit 53 M€, ce qui représente une somme colossale.

Comment ces 53 M€ vont-ils être répartis et à quoi vont-ils servir ?

Le coût global d’investissement est de 53 M€ en vue de construire et d’exploiter une usine de tri ultra-moderne qui viendra remplacer les deux centres de tri existants, devenus obsolètes. Dans le détail, 4,6 M€ sont fléchés pour la conception, 18,97 M€ pour les travaux VRD et le génie civil, 26,44 M€ sont consacrés aux équipements et 2,74 M€ sont dédiés à la mise en service. À ce coût d’investissement, il faut ajouter le coût de fonctionnement annuel pour l’exploitation du centre de tri. Le site bénéficiera des meilleures technologies pour un rendement efficace.

Pouvez-vous expliquer de quelles innovations et/ou outils technologiques s’agit-il ? Et quels sont les enjeux ?

Le site sera doté de 21 trieurs optiques de deux presses à balles avec 22 opérateurs de tri par poste, ce qui permettra d’atteindre un débit nominal de 21,5 t par heure. En revanche, le site ne bénéficiera pas de robot car cela ne donne pas encore de résultats satisfaisants ni sur la détection de la matière ni sur la préhension.

Dans le détail, l’usine déploie un process en quatre étapes : tri par taille, tri par forme, tri par matière et contrôle en cabine. Le process est également évolutif dans le sens où il pourra s’adapter au gré des progrès technologiques et notamment de l’IA pour le tri.

De fait, ce site innovant permet de s’adapter aux nouvelles consignes de tri, à l’évolution de l’entrant (petits papiers, prospectus, barquettes, pots, etc.), et aux nouvelles prescriptions techniques minimales (PTM) potentielles. Les performances résultent notamment d’un meilleur taux de captation des matières.

Ceci génère des recettes de valorisation additionnelles pour le syndicat. L’objectif est de trier convenablement les emballages plastiques issus de l’extension des consignes de tri et un grand centre neuf est proportionnellement moins coûteux à exploiter que deux centres plus petits et plus anciens. Les travaux démarreront cette fin d’année.

Quelles sont les phases prévues et à quel moment le site sera-t-il exploitable ?

Les travaux démarreront à la fin de l’année. Ils se dérouleront sur toute l’année 2024. La mise en service du centre de tri est prévue pour la fin du 1er trimestre 2025.

Combien de créations d’emplois va entraîner la création et l’exploitation du site ? Quelles retombées économiques prévoyez-vous pour la commune ?

Difficile de répondre sur les créations de postes, notamment celles induites par les travaux (plus de 10 000 m2 de bâti). Nous n’avons pas d’éléments en particulier si ce n’est qu’une entreprise locale est en charge d’une partie du génie civil (GCC à Balma).

En revanche, l’insertion est au coeur du projet, avec des engagements de 3 950 heures en phase de construction et de 28 950 heures en phase d’exploitation. Concernant l’exploitation, 72 emplois ETP sont prévus contre une cinquantaine au centre de tri de Bessières actuellement. 25% des postes seront proposés à des personnes en insertion professionnelle.

L’économie circulaire est également un enjeu… Expliquez-nous.

En effet, c’est un enjeu distinct du tri. Decoset déploie depuis plusieurs années des actions en faveur de l’économie circulaire dans toutes ses dimensions. Pour rappel, le 10 juin 2022, La Commission nationale du label Économie circulaire a pris la décision d’accorder le label « Économie circulaire Première Étoile » à notre syndicat pour la mise en oeuvre de sa politique générale en matière d’économie circulaire. Decoset fait ainsi partie des quatre territoires pionniers d’Occitanie labellisés.

L’exploitation est a priori prévue pour une période de six années. Pouvez-vous nous rappeler pourquoi ?

Le marché est composé de deux phases : la phase de conception et de construction. À l’issue de la mise en service, la phase d’exploitation est de quatre ans. À ces quatre ans peuvent s’ajouter, si Decoset le souhaite, une prolongation d’un an reconductible une fois… ce qui fait une durée de six ans au maximum.

La durée d’un marché public est juridiquement limitée à ces durées. La prolongation donne l’opportunité à Decoset de poursuivre le marché si les conditions économiques du marché actuel sont meilleures que les conditions économiques que nous aurions en renouvelant le marché à l’issue des quatre ans. Cela permet de se donner de la souplesse et d’avoir des opportunités économiques plus grandes.