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Haute-Garonne : le surendettement des ménages en hausse de 6,2 %

Pouvoir d’achat. Dans un contexte de forte inflation et de hausse du chômage, le nombre de dossiers de surendettement a progressé en un an dans le département, mais reste inférieur à 2019. Les dettes à la consommation représentent plus de 47 % de l’endettement total.

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En 2023, le nombre de dossiers déposés auprès de la commission de surendettement du département de la Haute-Garonne s’élève à 2 360, soit une progression de 6,2 % par rapport à 2022. (©Gazette du Midi)

La flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation a fortement impacté le pouvoir d’achat des Français. Brutale, l’inflation a longtemps fait craindre une explosion du surendettement, notamment pour les foyers les plus modestes. Mais le raz-de-marée n’a pas eu lieu. Si dans les faits, le nombre de dossiers de surendettement déposés à la Banque de France a bien augmenté de 8 % l’an dernier par rapport à 2022 – pour atteindre un total annuel de 121 617, soit un encours estimé à 4,2 Mds€ – cela reste toutefois inférieur au niveau de 2019, juste avant l’épidémie de Covid.

Mais cette relative stabilité cache de lourdes disparités entre les territoires. Dans son enquête typologique annuelle sur le sujet, la Banque de France souligne en effet que le taux de dépôt de dossiers de surendettement des particuliers est plus important que la moyenne nationale dans les régions Hauts-de-France, Normandie, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire. Quid en Haute-Garonne ?

Un endettement global de 72,6 M€

Réunis en séance plénière le 24 février dernier sous la présidence de Pierre-André Durand, préfet de la Haute-Garonne et de la région Occitanie, à l’occasion de la commission de surendettement, le directeur régional des finances publiques Hugues Perrin et la directrice régionale de la Banque de France Christine Bardinet ont fait un état des lieux de la situation dans le département.

Ainsi, en 2023, le nombre de dossiers déposés auprès de la commission a progressé de 6,2 % par rapport à 2022, pour un total de 2 360 dossiers (contre 2 592 en 2019). Cela fait 194 dépôts pour 100 000 habitants dans le 31, quand cela revient à 214 dépôts pour 100 000 habitants en Occitanie. Cette tendance est donc inférieure à celle observée au niveau régional (+10 %) mais proche du niveau national (+7,5 %). Cela représente un endettement global de 72,6 M€.

(©Banque de France 2023, Insee, estimation de la population au 1er janvier 2023)

La structure de l’endettement n’a que très peu évolué depuis 2021. Les dettes à la consommation représentent plus de 47 % de l’endettement global, tandis que la part des dettes immobilières s’établit à 22 % et celle des charges courantes et des autres dettes grimpe à 31 %. La dette médiane par dossier, hors immobilier, est de 16 892€ en Haute-Garonne contre 16 396 € en Occitanie et 16 898 € en France métropolitaine. Au total, 26,6 % des dossiers de surendettement clos dans l’année 2023 ont bénéficié d’un effacement de dettes, intégral ou partiel, de 17 216 € en moyenne. À noter que parmi les 2 706 personnes ayant déposé un dossier, 63 % ont eu recours à la procédure de surendettement pour la première fois.

Les surendettés, des personnes seules et pauvres

Pour ce qui est du profil des endettés, sans surprise, les personnes seules ainsi que les ménages aux revenus modestes restent les plus touchés :

  • personnes vivant seules (54 %) ;
  • personne âgées de 25 à 64 ans (84 %) ;
  • familles monoparentales (20 %) ou divorcées et séparées (27 %) ;
  • personnes en recherche d’emploi (23 %) ;
  • employés et ouvriers (55 %) ;
  • ménages locataires ou hébergés (94 %) ;
  • ménages dont le niveau de vie est inférieur au SMIC net mensuel (44 %, part en augmentation depuis six ans) ;
  • ménages ne disposant d’aucune capacité de remboursement pour faire face à leurs dettes (52 %).

Pour informer, orienter et accompagner les personnes rencontrant des difficultés financières en Haute-Garonne, la Banque de France a notamment mis en place un conseil départemental de l’inclusion financière (CDIF). Composé d’une vingtaine de personnes - majoritairement de praticiens et de représentants des secteurs bancaire, associatif et institutionnel – cet organisme vise à mieux faire connaître les dispositifs d’inclusion financière au sein du département, à diffuser le résultat des travaux de l’Observatoire de l’inclusion bancaire et à capter les préoccupations ainsi que les attentes en matière d’inclusion financière.