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Avec ses microstations, le toulousain Vortex-io révolutionne la lutte contre les inondations

Innovation. Fondée en 2022 à Toulouse par deux océanographes, Vortex-io propose des solutions clés en main pour éviter les catastrophes liées aux inondations. La start-up a notamment développé des microstations à la technologie calquée sur le spatial. Soutenue financièrement par l’Europe, elle annonce poursuivre son développement.

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Photo de Guillaume Valladeau
La start-up toulousaine VorteX-io a décroché en 2023 une subvention européenne de 2,5 M€ qui doit lui permettre d’accélérer le déploiement de 10 000 microstations sur les cours d’eau du territoire d’ici à cinq ans. (©VorteX-io)

Prévenir plutôt que secourir, telle est la devise de Guillaume Valladeau, cofondateur avec Jean-Christophe Poisson de l’entreprise Vortex-io. Installée à Toulouse (Haute-Garonne), la start-up propose un service de suivi des différents paramètres hydrologiques (hauteur, extension, vitesse, température,...) à partir d’une gamme d’instruments compacts et peu coûteux, dérivés de l’altimétrie satellitaire, une technologie spatiale dédiée à la mesure précise de la hauteur de la surface de la mer.

Objectif ? Anticiper la montée des eaux grâce à des microstations positionnées sur les cours d’eau et permettre à la population de se mettre en sécurité. « Le constat est dramatique ! Encore aujourd’hui, seuls 20 % de cours d’eau sont surveillés par les services de l’État. Près de 8 000 points d’observation seraient nécessaires. Cela montre bien que nous n’avons pas encore suffisamment pris conscience que de petits cours d’eau peuvent causer de gros dégâts », alerte Guillaume Valladeau.

Surveillance en temps réel des cours d’eau

Certes, il existe déjà des capteurs sur les cours d’eau mais leur installation est coûteuse et il faut de la main-d’œuvre pour l’entretien, contrairement au système développé par la jeune pousse toulousaine comme le confirme son PDG :

On a voulu utiliser une technologie issue du spatial avec des éléments de télédétection qui ne nécessitent pas de maintenance. Notre microstation est pilotée à distance, on vend des données et des services par le biais d’une plateforme. Résultat, le coût est divisé par cinq pour le client. »

Guillaume Valladeau fait souvent le parallèle entre l’eau et le ciel. Logique, les deux fondateurs ont travaillé pendant 15 ans au sein de la société d’océanographie spatiale (CLS), filiale du Cnes, dans le traitement du signal. Ils fournissaient entre autres, des indicateurs pour les travaux du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. En 2017, ils lancent avec succès un projet en intrapreneuriat pour observer les cours d’eau avec un drone. En 2020, ils quittent l’entreprise pour créer Vortex-io, avec l’idée de faire le pont entre le spatial et l’hydrologie continentale.

Leur innovation ? Une microstation, véritable boîtier autonome et intelligent d’à peine 500 g, équipé d’un procédé breveté qui mesure les hauteurs d’eau, la vitesse d’écoulement des crues, la température et la qualité de l’eau. Les clients, abonnés à la plateforme Maelstrom viennent ensuite consulter les données. L’entreprise travaille avec le ministère de l’Environnement, des collectivités locales, mais aussi des assurances. Elle vient également d’annoncer la signature d’un partenariat avec le cabinet Galileo Courtage afin de fournir des données aux campings situés en zone inondable.

Déploiement de 10 000 microstations d’ici cinq ans

Fort aujourd’hui d’une trentaine de salariés, la start-up toulousaine vient d’emménager dans les locaux du Centre d’innovation de Toulouse Aerospace B612 de Montaudran, et prévoit le recrutement de 10 nouveaux collaborateurs en 2024. Mais l’actualité forte, c’est l’annonce du lancement, d’ici à deux ans, du premier service de météo des cours d’eau.

« Nous sommes sur une croissance forte. Il y a beaucoup d’enjeux politiques derrière la ressource en eau, et donc de l’attente et de la demande. Nous souhaitons d’ailleurs travailler avec le ministère de la Transition écologique sur ces questions. L’objectif est de déployer 10 000 microstations sur les cours d’eau dans les cinq ans à venir », ajoute Guillaume Valladeau.

Lauréate 2023 du programme EIC Accelerator qui récompense les projets européens les plus ambitieux, l’entreprise a décroché une subvention de 2,5 M€. De quoi lui permettre de poursuivre ses investissements en R&D et de financer de nouveaux projets. En lien avec les centres départementaux d’incendie et de secours (SDIS), Vortex-io va d’ailleurs prochainement lancer un drone pour observer les côtes et les villes qui présentent des risques de submersion. Une assistance aérienne bienvenue qui doit permettre aux professionnels, grâce aux données en temps réel, d’accélérer la réponse sur le terrain.

« Les inondations sont au cœur de l’actualité, la fenêtre temporelle est donc alignée avec nos ambitions actuelles. Pour autant, la question n’est pas de faire de la technologie à n’importe quel prix. Nous répondons surtout à un besoin, on n’est pas dans Star Wars ! », conclut avec conviction le PDG de Vortex-io.