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L’entreprise Relocalien mise sur le miscanthus, une plante multifonctions

Agriculture. Benjamin Vincent a fondé à Montauban Relocalien. Son ambition ? Développer des filières de ressources locales alimentaires et énergétiques. Une première a déjà vu le jour autour du miscanthus, une plante vivace aux nombreux atouts.

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Photo du miscanthus
Le miscanthus a de multiples propriétés notamment comme combustible (©Bgabrielle, CC BY-SA 3.0).

Sous le nom de Relocalien, pour « ressources locales alimentaires et énergétiques », Benjamin Vincent vient de créer une activité qui lui ressemble. Son métier ? Développeur de filières dans le Tarn-et-Garonne, mais son terrain de jeu ne cesse de grandir. Première démonstration réussie avec le miscanthus, une plante vivace multifonctions qui pourrait bien accélérer la transition écologique. « La notion de filière est capitale pour moi, explique Benjamin Vincent. Nous avons des ressources importantes et variées sur notre territoire, il suffit de les organiser. »

L’idée de créer son entreprise a germé au moment de la hausse des coûts de l’énergie. «  Je m’interrogeais sur la problématique rencontrée par tous ces petits villages qui ont vu leurs factures s’envoler. J’ai commencé à réfléchir à d’autres solutions pour se chauffer ». Parmi celles-ci, le miscanthus s’est rapidement imposé.

Le bel avenir du miscanthus

Photo de Benjamin Vincent
Benjamin Vincent, fondateur de Relocalien (©Relocalien).

Cette plante, qui ressemble, une fois séchée, à des brindilles de paille, est déjà utilisée en paillage dans le milieu agricole. Elle peut également servir de litière pour les petits animaux ou encore de matériau isolant au même titre que le chanvre. On peut en effet aussi l’intégrer dans le béton. Et le Tarn-et-Garonnais d’ajouter :

Mais ce qui m’intéresse fortement, c’est le combustible. Il y a actuellement des tensions sur le bois en France. Faute de matières premières, certaines communes, dans les Vosges par exemple, ont été contraintes d’arrêter leur chaudière. »

C’est là qu’intervient Benjamin Vincent car si la municipalité est équipée d’une chaudière polycombustible, elle peut utiliser le miscanthus qui se révèle moins onéreux que le bois. « À moi ensuite, de développer les circuits d’approvisionnement, ajoute le néoentrepreneur. Je vais faire le tour des agriculteurs et organiser la plantation. Sachant que la plante est pérenne pendant 25 ans, l’exploitant commence à récolter dès la deuxième année. »

Pour Benjamin Vincent, les avantages du miscanthus sont nombreux. Cette plante rustique n’a en effet pas besoin de traitement phytosanitaire, et se révèle peu gourmande en eau. « Seule contrainte : le miscanthus est volumineux. Cependant c’est aussi un atout. Cela dissuade de faire de longues distances pour le transporter. Tout projet doit se situer dans un rayon de 30 km maximum de la plantation. C’est du 100 % local. » Enfin dernier atout : « Le miscanthus a un pouvoir calorifique plus important que le bois », pointe-t-il.

Expliquer pour convaincre

Benjamin Vincent a déjà bien défriché le terrain et des agriculteurs ont commencé à semer. « Pour eux, c’est une activité de diversification, ajoute-t-il. Un arboriculteur qui possède 50 ha peut, par exemple, dédier 5 ha à cette nouvelle culture. Les premiers contacts sont très porteurs. On sent bien que les exploitants ont envie de reprendre la main sur la production. »

Diplômé de l’école d’ingénieurs de Purpan, à Toulouse, Benjamin Vincent peut compter sur le soutien de son réseau d’anciens élèves. Finaliste du concours « La start-up se met au vert » organisé par Ad’Occ, l’agence de développement économique de la Région Occitanie et le RésO Incubateurs Pépinières +, le startupper est également soutenu par IMTG (Initiative Montauban Tarn-et-Garon­ne).

Chargé de mission pour le lycée agricole d’Auzeville en Haute-Garonne, Benjamin Vincent regarde également du côté de la silphie et du bambou. « Ce sont des cultures émergentes qui ont besoin de visibilité. Je crée du lien et je cherche des débouchés, je suis un développeur de filières agricoles locales. » Jeune papa engagé, il a trouvé une activité qui a du sens, il se montre serein pour la suite et vise une croissance à 50 % sur les prochains exercices.