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Boks, l’expert des boîtes à colis connectées vise l’international

E-commerce. L’entreprise toulousaine créée en 2019 par Adrien Oksman et Olivier de Rodellec a bouclé en 2020 et 2022 deux levées de fonds pour un montant de 4 M€. Déjà bien implantée en France, elle ambitionne pour 2024 de poursuivre son développement à l’international.

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Photo d'un boks
Les boks sont assemblées, testées, stockées et expédiées aux clients depuis le Mans où se trouve le site industriel de leur partenaire stratégique : APF France handicap, le plus gros réseau d’entreprises adaptées. (©Boks)

À Toulouse, une habitante a surpris le 30 octobre dernier un homme en train d’ouvrir une à une les boîtes aux lettres installées au pied de son immeuble, situé avenue de Fronton. Filmé en flagrant délit de vol de colis, l’individu a justifié son geste en expliquant faire ça « pour manger ». Devenue virale sur les réseaux sociaux, la vidéo a même été reprise dans les journaux télévisés.

Il faut dire que cette histoire est loin d’être un cas isolé. Alors qu’il n’y a jamais eu autant d’envoi et de livraison de colis en France – 1,7 milliard en 2021 contre 500 000 en 2018 selon l’Arcep – les vols sont devenus monnaie courante. Paradoxalement, les systèmes de consigne colis automatisés restent encore aujourd’hui un marché de niche où les acteurs se comptent sur les doigts d’une main ou presque. Parmi eux, le toulousain Boks créé en 2019 par Adrien Oksman et Olivier de Rodellec.

Une boîte aux lettres 3.0 plus intelligente et sécurisée

Fort aujourd’hui une quinzaine de salariés répartis entre le siège et des bureaux à Paris, l’entreprise fabrique et commercialise des boîtes connectées - véritables concierges automatiques - qui reçoivent vos colis lorsque vous n’êtes pas chez vous ou sur votre lieu de travail, « puisque l’on vend notre solution aussi bien à des particuliers qu’à des professionnels », souligne Adrien Oksman. C’est d’ailleurs lui qui a eu l’idée de ces « boks ».

À l’époque consultant dans le secteur du conseil en stratégie, il travaille beaucoup et souvent très tard. « Je commandais pas mal de choses sur internet mais je n’étais jamais disponible pour réceptionner les colis aux horaires proposés. Je passais donc ma vie à essayer d’aller les récupérer dans les points relais, eux aussi souvent fermés », raconte l’intéressé avant de poursuivre : « Comme tout le monde, j’avais une boîte aux lettres dans le hall de mon immeuble qui ne me servait plus à rien à part recevoir des avis bancaires et des prospectus. Et puis surtout elles n’étaient pas adaptées et sécurisées pour stocker mes colis. »

Suivant le dicton bien connu selon lequel « on n’est jamais mieux servi que par soi-même », il décide d’inventer une boîte aux lettres 3.0 : « plus intelligente, plus grande et plus sécurisée ». Entièrement autonomes et fonctionnant grâce à huit petites piles AAA, ces boîtes peuvent être installées à l’entrée d’une maison individuelle, dans un hall d’immeuble dans le cadre de copropriétés ou même sur un site industriel. « L’application mobile Boks permet d’ouvrir votre boîte pour récupérer votre colis via le Bluetooth et de générer des codes d’ouverture à usage unique ou permanent (révocable) pour le livreur », détaille Adrien Oksman.

Photo d'Adrien Oksman et Olivier de Rodellec
L’entreprise, dont le siège social est à Toulouse (Haute-Garonne), a été créée en 2019 par Adrien Oksman et Olivier de Rodellec. (©Boks)

Boostée par l’explosion de l’e-commerce pendant la crise covid, l’entreprise a déjà déployé plus de 6 000 consignes dans l’Hexagone. « Nous avons trois segments de marché principaux : l’habitat individuel, l’habitat collectif avec une boîte grand format partagée et sécurisée qui peut servir jusqu’à 30 appartements simultanément et enfin, les professionnels. » Pour ces derniers, Boks propose une gamme complète de produits, de la petite boîte jusqu’au très gros conteneur.

« Nous avons pour clients aussi bien des dentistes qui se font livrer de la prothèse dentaire, des garagistes pour des pièces détachées que des patrons du BTP qui réceptionnent du matériel en nombre sur des chantiers qui peuvent parfois s’étendre sur plusieurs kilomètres. Sans oublier les secteurs de l’industrie et de la maintenance qui ont souvent besoin de stocker du matériel de dépannage par exemple. »

Commercialisées sur leur site internet, les BoksOne, BoksPro et BoksHub sont aussi disponibles sur différentes plateformes en ligne, style Amazon ou la Fnac et vendues par Sonepar, leader mondial de la distribution B to B de matériel électrique, solutions et services associés. « Boks est également le fournisseur en marque blanche du groupe La Poste sous le nom Pickup home », précise l’intéressé. La Poste, qui livre aujourd’hui plus des deux tiers des colis en France, est non seulement le plus gros client de Boks mais c’est aussi un de ses principaux actionnaires.

À la conquête du marché européen

Après deux levées de fonds réussies en 2020 et 2022 pour un montant de 4 M€ auprès de Bpifrance, de business angels, de La Poste et d’investisseurs privés, Boks ambitionne pour 2024 de poursuivre son développement à l’international. « Même si nous sommes pleinement conscients qu’il reste beaucoup de parts de marché à gagner sur le sol français, nous sommes de plus en plus sollicités par des acteurs étrangers. Nous travaillons d’ores et déjà avec des transporteurs anglais ainsi que des distributeurs de matériels allemands et suisses, sans compter les demandes de particuliers. Le but est d’intensifier notre présence sur le marché européen. »

Autre objectif, signer de nouveaux partenariats de distribution principalement en B to B. « Notre produit répond à une demande qui s’est aujourd’hui démocratisée, voire banalisée, à savoir pouvoir se faire livrer quelque chose quelque part sans avoir besoin d’être présent physiquement », conclut avec conviction Adrien Oksman, qui annonce par ailleurs viser les 15 M€ de CA en 2025.