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Éclairage public : le toulousain Kawantech veut multiplier par trois son chiffre d’affaires

Technologie. Spécialisée dans l’éclairage public intelligent, écologique et économique, l’entreprise toulousaine Kawantech fondée par Yves Le Henaff est en plein développement en France et à l’étranger.

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Photo d'éclairage public
La scale-up toulousaine Kawantech développe des solutions d’éclairage public intelligentes, écologiques et économiques (©Kawantech).

Selon l’association française de l’éclairage, plus de 40 % de la facture d’électricité des collectivités est consacrée à l’éclairage. C’est même devenu l’un des postes de dépenses les plus importants dans le budget des collectivités. Au point qu’aujourd’hui, confrontées pour beaucoup au vieillissement des équipements d’éclairage, de plus en plus de collectivités misent sur l’éclairage public intelligent.

C’est justement le cœur de métier de Kawantech, une start-up toulousaine fondée en 2011 par Yves Le Henaff. Elle développe des capteurs qui permettent de réduire notablement les consommations d’éclairage public mais offrent également d’autres services relatifs à la mobilité des personnes se déplaçant dans les rues.

Le lampadaire du futur

À Toulouse, 2800 lampadaires intelligents ont été installés par Kawantech. De son côté, la ville de Paris a divisé par deux sa consommation d’électricité grâce au lampadaire connecté. L’entreprise, qui a ainsi équipé 250 villes en France, propose des produits autonomes, capables de se gérer. Grâce à Kara, son capteur intégré, le lampadaire peut en effet apprendre la géométrie de la rue, analyser les formes pour détecter un piéton ou une voiture et ajuster l’éclairage. « On s’oriente vers des systèmes robotisés moins dépendants du réseau ou du cloud par exemple. C’est un élément important. Le lampadaire devient totalement intelligent, il apprend à gérer les différents aléas sur la voirie », détaille son fondateur.

Mais Yves Le Henaff veut aller bien au-delà du concept de Smart City, estimant que cette appellation est devenue trop « gadget ». Depuis 2020, l’entreprise a pris un nouveau virage, une sorte de second souffle : elle a en effet choisi de proposer ses services d’éclairage intelligent à de petites villes. Comme le précise le dirigeant :

On a vendu neuf fois plus de matériel à des villes de moins de 20 000 habitants qu’aux grandes villes. On a, face à nous, des élus qui maîtrisent parfaitement la technologie. Les petites villes sont très réactives, elles savent combien il est urgent de réduire la facture énergétique. »

Du reste, de plus en plus de collectivités font appel à des syndicats départementaux d’énergie afin de mutualiser la ressource et la compétence. Dans le Tarn où Kawantech a équipé une vingtaine de villes, l’entreprise est devenue actionnaire de la société d’économie mixte Énergie Commune 81. « On est la seule PME de l’éclairage qui fonctionne de cette façon », se félicite Yves Le Henaff, avant d’ajouter :

On a reçu un bel accueil au salon des maires à Paris en novembre dernier. Le système d’éclairage sur un modèle d’entrée de gamme coûte 150 euros. Éligible au fonds vert, les communes ont bien saisi l’intérêt de se tourner vers un éclairage intelligent, plus économique qu’un éclairage classique. »

Faire simple

Photo de Jean-Yves Le Henaff
Yves Le Henaff, fondateur de Kawantech (©Kawantech).

Le fondateur de Kawantech insiste sur la simplicité : les collectivités peuvent choisir de connecter (ou pas), leur lampadaire afin de le piloter à distance. « On laisse le choix aux utilisateurs, c’est du sur-mesure, il faut rester vigilant : trop d’innovation tue l’innovation. »

L’entreprise a également déployé dans le Tarn un nouveau système d’armoire électrique, plus de 900 ont été posées. « Ce sont des produits plug and play, faciles à brancher et autonomes. Un boîtier allume l’éclairage en fonction de la position du soleil. Il règle la luminosité pour protéger la biodiversité », détaille l’intéressé.

Le lampadaire est également devenu un véritable compagnon de route grâce au système Audiospot intégré dans les lampadaires : il peut indiquer aux personnes malvoyantes si un vélo ou une trottinette est en approche. Le lampadaire peut aussi envoyer un signal à un bus ou une voiture connectés.

L’entreprise, qui emploie 15 salariés, vise 3 M€ de chiffre d’affaires cette année. Adossée à un groupe privé d’actionnaires, elle investit beaucoup en R&D tandis que la partie électronique du matériel est fabriquée par l’entreprise Acémis à Cugnaux. « Nous sommes sortis du contexte de start-up. On se développe partout en France, on s’oriente vers l’Espagne et pourquoi pas les USA, en s’appuyant sur des partenaires industriels », conclut Yves Le Hénaff.