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Surdité : la medtech montpelliéraine Sensorion lève 50,5 M€

Santé. L’entreprise fondée en 2009 poursuit d’importants programmes de recherche, notamment en lien avec l’Institut Pasteur, sur la prévention et le traitement de la perte d’audition.

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Photo d'un enfant atteint de surdité
Selon les données de l’Inserm, la surdité affecte en France 6 % des 15–24 ans (©Pixabay).

À l’échelle mondiale, on estime que, d’ici à 2050, près de 2,5 milliards de personnes seront atteintes d’une déficience auditive plus ou moins prononcée. Or ces problèmes d’audition ont d’importantes répercussions dans la vie des personnes : difficultés de communication et d’apprentissage, isolement social, stigmatisation, difficultés économiques... L’OMS chiffre ainsi à 980 Mds$ le coût annuel mondial des déficiences auditives non traitées.

En France, selon l’Inserm, la surdité affecte 6 % des 15–24 ans, et plus de 65 % des 65 ans et plus. Compte tenu de l’enjeu, plusieurs medtechs, à travers le monde, se sont donné pour objectif d’apporter de nouvelles solutions aux personnes atteintes de surdité. C’est le cas de la montpelliéraine Sensorion. Pour poursuivre ces recherches, la start-up a annoncé en février 2024 une levée de fonds de 50,5 M€.

Thérapies innovantes

Créée en 2009 sur la base des travaux du Dr.Christian Chabbert au sein d’une unité de recherche de l’Inserm, à l’institut de neurosciences de Montpellier, la société de biotechnologie développe des thérapies innovantes pour restaurer, traiter et prévenir les troubles de l’audition. Elle a mis en place une plateforme intégrée de tests un vivo et in vitro qui lui ont permis de progresser rapidement dans la compréhension de ces pathologies et d’identifier de nouveaux composés actifs. Elle mène actuellement avec l’Institut Pasteur deux programmes de recherche de thérapie génique. La société travaille également sur l’identification de biomarqueurs afin d’améliorer le diagnostic de ces maladies peu ou mal soignées.

En août 2023, Sensorion avait réalisé une première levée de fonds de 35 M€ auprès d’Invus, Sofinnova Partners, et Redmile Group. Ce nouveau tour de table réunit ces trois partenaires historiques mais également d’autres acteurs de premier plan spécialisés dans le domaine de la santé, dont Aquilo Capital, ainsi que deux importantes sociétés de gestion de placements.

Cette augmentation de capital « permettra à l’entreprise de poursuivre ses efforts pour faire avancer ses programmes de thérapie génique développés dans le cadre de la collaboration renouvelée, il y a peu, avec l’Institut Pasteur, précise Nawal Ouzren, directrice générale de Sensorion, dans un communiqué en date du 9 février 2024.

SENS-501, son programme phare, a récemment obtenu l’autorisation des autorités compétentes pour lancer son étude clinique de Phase 1/2, Audiogene, dans certains pays européens et en premier lieu en France. Et Nawal Ouzren d’ajouter :

Nous sommes désormais entièrement concentrés sur le recrutement des patients. »

Une trésorerie assurée jusqu’à la fin du 2e trimestre 2025

Les fonds récoltés bénéficieront également à son deuxième programme de thérapie génique, GJB2-GT. La medtech envisage de déposer une demande d’autorisation d’un essai clinique au cours du premier semestre 2025. Initié en 2021 ce programme cible trois pathologies : l’apparition précoce de la presbyacousie chez les adultes, les formes progressives de perte auditive chez les enfants et la surdité congénitale pédiatrique.

Le programme SENS-501 est, lui, développé dans l’optique de restaurer l’audition des patients porteurs de mutations liées à un déficit en otoferline et souffrant d’une perte d’audition neurosensorielle sévère à profonde, survenue avant l’apparition du langage, et non syndromique. L’otoferline est une protéine essentielle à la transmission du signal jusqu’au nerf auditif.

En parallèle, Sensorion développe une molécule, dénommée SENS-401. Prise oralement, son objectif est de protéger et préserver les tissus de l’oreille interne contre les dommages pouvant entraîner une perte d’audition. Elle fait l’objet de deux essais cliniques. Le premier vise la prévention de la perte d’audition résiduelle après une implantation cochléaire. Le second vise les pertes auditives provoquées par les thérapies à base de platine utilisées pour le traitement de certains cancers.