Hommes et chiffres

Au Fil d’Émaux : l’imagination au pouvoir

Artisanat. Béatrice Perget est émailleuse professionnelle, un métier cousin du céramiste. Dans son atelier-boutique, Béatrice Perget puise sa force dans la matière, elle a trouvé un moyen d’expression qui lui ressemble. L’artiste a réussi à séduire une clientèle locale.

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Béatrice Perget. DR

Béatrice Perget est arrivée à Moissac il y a quatre ans. « Je venais de Niort où j’avais déjà un atelier d’émailleuse d’art, je répondais à une invitation de l’association 2MAC (Moissac Métiers d’Arts et de Création), qui souhaitait ouvrir une boutique éphémère pour l’été à Moissac. » Le travail de Béatrice Perget a tout de suite été repéré par les amateurs de beaux objets. Les ventes ont décollé rapidement et l’artiste a eu envie de poser ses valises. Il faut dire qu’elle s’est sentie portée par une belle dynamique autour des arts à Moissac. De nombreux artisans ont élu domicile dans la ville célèbre pour son cloître, une rue du centre-ville a d’ailleurs été rebaptisée « rue des Arts ». « J’émaille le métal, principalement le cuivre », explique-t-elle. Émailler consiste à appliquer de la poudre de verre sur du métal, l’ensemble est ensuite porté au four à 800°.

« C’est un art du feu, ajoute Béatrice Perget. Je travaille avec des couleurs. C’est une technique qui se rapproche de la peinture, j’aime peindre l’émail pour la liberté du geste ». Elle a découvert ce tart de l’émaillage chez un professionnel à Parthenay, Jean-Claude Bessette, où elle a apprivoisé la technique et a développé sa propre stratégie. Autodidacte, Béatrice Perget est ensuite allée présenter ses réalisations aux professionnels de l’École des Métiers d’Art de Limoges, un centre unique en France qui a salué son sens artistique et reconnu ses compétences.

Un travail sur-mesure, l’envie de transmettre

Chaque réalisation est unique, Béatrice Perget est très attachée à la singularité. « J’ai des clients qui viennent avec une histoire. Un papa, par exemple, voulait créer un bijou pour son épouse à partir du dessin de son fils, c’était un vrai défi pour moi. J’aime bien cette idée de la transmission, de la pièce réparable et non jetable, c’est valorisant ». L’artiste se fournit en matières premières à la cristallerie de Saint-Paul près de Limoges. « J’achète de l’émail en poudre, une fois cuit, le produit devient brillant comme le verre. L’émail a longtemps été utilisé pour imiter les pierres précieuses. »

Béatrice met un point d’honneur à transmettre sa technique. Elle organise des ateliers pour faire découvrir l’art de l’émaillage. Elle est inscrite sur la route des Métiers D’Art initiée par la Chambre des métiers et de l’artisanat d’Occitanie. Elle aime expliquer son métier dans son atelier boutique situé à côté de l’abbatiale. Elle accueille des stagiaires en bijouterie qui viennent enrichir leurs compétences et découvrir de nouvelles façons de travailler. Elle réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires au moment des fêtes de fin d’année et en été, de nombreux clients venant visiter le cloître ou emprunter la voie verte à vélo s’arrêtent chez elle. Béatrice Perget a déposé quelques-unes de ses réalisations dans la boutique du cloître et a créé des boîtes uniques avec des motifs du chapiteau.

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Béatrice Perget aimerait avoir plus de temps pour se consacrer à la création, réaliser des tableaux en émail mais aussi développer son site Internet et trouver des dépôts-ventes. Elle reconnaît toutefois qu’elle a beaucoup de chance : elle peut vivre de son métier, « ce qui n’est pas le cas de tous les artisans d’art ». C’est une matière difficile à dompter, il faut des heures pour expérimenter les techniques, il n’y a pas de limite à la créativité. « Je ne suis limitée que par la taille du four », sourit-elle. Ses oeuvres se vendent entre 30 et 200 €. Elle exposera d’ailleurs aux journées européennes des métiers d’art à Lauzerte du 28 mars au 3 avril. « Quand on parle d’émail, on pense à un truc vieillot », s’amuse Béatrice Perget. Elle nous prouve le contraire dans sa boutique de Moissac, elle a réussi à casser les codes…