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Un Septuor pour Irian Technologies

Aéraulique. Le groupe tarn-et-garonnais, Irian, affiche de belles ambitions. Son entité Irian Technologies, qui développe notamment des solutions de gestion de débit d’air, vise le marché suisse. Elle a été auréolée du prix spécial de la Région à l’occasion des Septuors.

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Photo d'Alexandre et Alain Katz
Thomas et Alain Katz, respectivement DG et président du groupe Irian (Crédit : DR)

C’est une entreprise discrète, inconnue du grand public. Pourtant, elle est leader en France dans son domaine d’activité : les solutions de gestion aéraulique, un marché de niche. Elle fait partie des six groupes mondiaux qui ont du poids à l’international.

Son nom ? Irian Technologies. L’entreprise a notamment développé deux produits pour lesquels elle maîtrise toute la chaîne de réalisation : Irian Lab, une solution de Alexandre et Alain Katz, respectivement DG et président du groupe Irian. Après une première installation réussie du laboratoire B15, l’entreprise a équipé, cette année-là, 388 laboratoires avec 800 régulateurs soit une commande qui s’est chiffrée à 750 K€. Des missions difficiles mais qui lui ont apporté de la notoriété.

Irian Lab, une solution de régulation et de gestion des débits d’air en zone critique dont des laboratoires de recherche et, Eolis, une solution de gestion du confort climatique notamment pour les chambres des établissements de santé, les Ehpad, les bureaux,etc. Elle a déposé plusieurs brevets.

Une success story familiale

À sa tête, Alain Katz qui a créé la PME en 2002, aujourd’hui président et son fils Thomas Katz, qui a repris depuis quelques années la direction générale, après avoir intégré l’entreprise en 2004 comme technicien de mise en service. « Je suis un entrepreneur dans l’âme, et lui un scientifique », détaille le père, qui n’en est pas à sa première aventure entrepreneuriale. En 1990, ce dernier fonde une société d’informatique industrielle dédiée à la communication réseaux et à la supervision, qu’il cède neuf ans plus tard. Après une proposition pour la réalisation de supervisions dans des laboratoires, il crée IrianTechnologies.

« La plupart des substances utilisées dans les laboratoires de recherche, de contrôle ou d’analyse présente des risques. La seule protection des opérateurs passe par la gestion du confinement et plus particulièrement par les cascades de pression d’air », explique-t-il.

Pour ces innovations, la PME tarn-et-garonnaise a récemment reçu le prix spécial de la Région dans le cadre des Septuors, trophée Innovation et Économique. Une consécration pour cette entreprise, basée aux portes de Moissac dans la zone industrielle Le Luc, qui n’en finit plus de se développer.

« Nous sommes heureux mais surpris ! C’est une reconnaissance pour nos technologies mais aussi certainement pour le fait d’avoir installé l’entreprise à Moissac et d’avoir fait venir des familles. Neuf de nos salariés sur 10 ont accepté de déménager à l’époque.En effet, c’est lors d’un déplacement en région pour l’un de mes premiers importants projets, que je me suis vu vieillir ici. »

En 20 ans d’existence, plusieurs étapes ont jalonné l’histoire d’Irian Technologies, dont notamment un tour de force en 2017. En effet, après l’introduction d’une procédure contentieuse à l’encontre de la multinationale allemande Trox, sur la technologie brevetée Air Flow et des mois de négociations menées par France Brevets pour faire reconnaître sa propriété industrielle, un accord de licence a été signé. Le concurrent avait en effet lancé sur le marché en 2010 un produit basé sur sa technologie. Une victoire, parmi d’autres.

2008 fait partie des années fastes, avec des projets d’envergure qui ont représenté au total 1,65 M€ générés avec trois acteurs majeurs régionaux, dont l’Ensiacet, pour lequel « plus de 500 régulateurs ont été installés en quelques mois. Doté d’une enveloppe de 460K€, cette première commande a donné le ton d’une année qui s’annonçait déjà prometteuse », souligne le président. Autre gros projet, le Cancéropôle de Toulouse qui réunit deux acteurs de la recherche, Pierre Fabre et Sanofi. « C’était le bâtiment le plus avancé technologiquement à cette époque », se souvient Alain Katz.

Pour Pierre Fabre, 450 régulateurs ont été mis en service représentant 450 K€ de CA pour la PME. Du côté de Sanofi, qui reste un des clients historiques, le laboratoire de recherche biologique des armées, en région parisienne, classé P4 (il n’y en a que quatre dans le monde), le cluster scientifique et technologique de Saclay qui rassemble entre autres les laboratoires Servier et l’École Polytechnique… Soit au total 50 000 régulateurs en fonctionnement principalement dans l’Hexagone.

« Nous sommes le leader de la régulation d’air dans les laboratoires français », une solution qui permet en outre de faire 80 % d’économie d’énergie, un chiffre validé par le CNRS.

Au début de la pandémie, l’entreprise a également été sollicitée, en urgence, pour gérer la pression de chambres de réanimation à l’hôpital de Créteil. « Pour les malades immunodépressifs, il faut de la sur-pression, et pour les personnes contagieuses, une chambre avec dépression. Une technologie que j’avais développée au tout début. » En ce qui concerne son deuxième produit Eolis, lancé sur le marché, lui, en 2012 via le projet de l’hôpital de Nantes, « il s’agit d’un soufflage silencieux et sans eau, ce qui évite des contaminations et par réseau doit être dimensionné en fonction de nos équipements. Cela implique une architecture particulière, mais le système est installé seulement à la fin ».

L’entreprise, qui injecte près de 15% de son CA dans la R & D, a déposé un nouveau brevet il y a un an et demi, concernant un traitement ultra-violet, qui permet d’éradiquer 99,99 % des bactéries et virus. « Cependant, toute nouveauté prend du temps à se faire accepter. » Outre les établissements de santé, un secteur dont l’entreprise entend poursuivre le maillage, elle souhaite avec son innovation « parfaitement adaptable à la RE 2020 » séduire le marché du tertiaire.

La Suisse en ligne de mire

Si son activité provient principalement du marché national, IrianTechnologies vise plus loin. Elle vient notamment de passer un contrat avec le laboratoire Merck, à Aubonne en Suisse, ainsi qu’avec l’École Polytechnique de Lausanne. « La Suisse, qui concentre les plus grands laboratoires pharmaceutiques, actuellement en lice pour de nombreux brevets, représente le Graal pour nous, se réjouit-il. Notre objectif est de bien s’implanter dans ce pays qui représente la taille du marché français dans sa globalité. Et les prix ne sont pas un frein là-bas ». L’entreprise s’exporte doucement ailleurs, au Luxembourg, en Belgique, en Nouvelle-Calédonie, mais « le transfert de technologie à effectuer est compliqué ». Irian Technologies devrait enregistrer 10% de croissance cette année et prévoit un CA de 3,5 M€ en 2023.

Rachat d’Acei Services

Autre grand événement qui a marqué l’histoire de la PME, le rachat de l’entreprise ACEI Services à Pau, au printemps 2022, spécialisée dans l’ingénierie pétrophysique, alors en redressement. Ce qui a conduit à la création du groupe Irian désormais fort de 40 collaborateurs et générant un CA annuel de 7 M€. « De nouvelles synergies sont mises en place entre les deux structures ».

Désormais dénommée Irian Mecatronics, cette entité développe des équipements d’analyses haute pression et haute température notamment pour la recherche, dont des machines qui recréent les conditions réelles des grandes profondeurs. Un contrat avec une filiale de Sonatrach en Algérie, un des mastodontes gaziers et pétroliers, pour équiper le plus gros laboratoire du pays, est dans les tuyaux. D’autres projets sont à l’étude et devraient permettre au groupe un éventuel changement d’échelle. En attendant, père et fils ont fait le choix de développer le groupe par une croissance organique et de rester seuls aux commandes.