Hommes et chiffres

Formation : Twelv facilite le partage de connaissances dans l’entreprise

Numérique. Nicolas Martel et Jérôme Lamrak ont fondé Twelv, une plateforme de formation collaborative qui permet aux PME de faire des gains de productivité. 

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Photo de Nicolas Martel et Jérôme Lamrak
Nicolas Martel et Jérôme Lamrak, les fondateurs de Twelv (© Twelv).

Un salarié expert en tableau croisé dynamique passe en moyenne une trentaine d’heures par an à former ses collègues moins calés que lui sur Excel. Une compétence pour lequel il n’est pas reconnu au sein de son organisation tandis que le temps ainsi passé n’est souvent pas valorisé.

Cela devrait changer grâce à la plateforme de formation collaborative Twelv qui favorise le partage des connaissances. Elle a été développée par Nicolas Martel et Jérôme Lamrak.

Les deux Toulousains ont fait une grande partie de leur parcours professionnel au sein du Crédit Agricole Toulouse 31, dans des fonctions commerciales puis l’accompagnement des collaborateurs, dans le domaine des RH pour Jérôme Lamrak et dans le développement de nouveaux projets innovants et digitaux pour Nicolas Martel.

C’est en 2018 que ce dernier s’est intéressé à la façon dont les collaborateurs s’appropriaient le changement au sein de l’entreprise. Comment, par exemple, les faire monter en compétence autour du déploiement de Teams ?

Les groupes de travail que Nicolas Martel organise sur cette problématique lui permettent de valider un premier concept : le besoin « de formats de formation courts, synthétiques et au plus près des situations métier ».

Le cofondateur de Twelv fait un autre constat : «  dans les entreprises il y a énormément de compétence mais on ne sait pas où elle est, ni qui la détient, et quand on la trouve, on s’aperçoit qu’il y a plusieurs acteurs qui détiennent des briques d’information ».

Émerge l’idée d’une communauté apprenante où se rencontreraient l’offre de savoirs, multiples et diffus, et la demande de compétences. De fait, observe Nicolas Martel :

Cette problématique d’identification des connaissances et de montée en compétences est universelle, on la trouve dans le tertiaire, l’industrie, l’enseignement, les collectivités, etc. ».

C’est cette certitude qui conduit en 2019, les deux cadres à intégrer un programme d’intrapreneuriat pour tester leur solution sur le marché. En six mois à peine, ils trouvent un premier client prêt à payer. « Il trouvait notre solution géniale. Toutefois, il avait besoin d’une plateforme pour pouvoir en décupler la puissance et la rendre plus facilement pilotable. »

En 2020, Nicolas Martel et Jérôme Lamrak passent en mode start-up et créent Twelv, une filiale du Crédit Agricole Toulouse 31. Aujourd’hui, ils commercialisent leur plateforme sous forme d’abonnement auprès de PME mais aussi de grands comptes.

Les entreprises entre 20 et 500 salariés ont un déficit d’outils, observe Nicolas Martel. C’est un vrai risque pour elles de ne pas gérer leurs connaissances, notamment lorsqu’elles reposent sur une personne… Ensuite, on a une problématique de pyramide des âges avec un vieillissement de la population assez marqué. Plein de sachants vont en effet partir à la retraite… Notre rôle est de collecter, de partager et de structurer cette connaissance ».

En outre, le cofondateur l’assure, sa solution permet « de renforcer l’engagement des collaborateurs : la plateforme valorise les personnes qui produisent du contenu autant que celles qui le consomment ». La réalisation d’un tutoriel prend au salarié une quinzaine de minutes en moyenne. De quoi libérer du temps pour notre expert en tableau croisé dynamique.

« Ça ne coûte rien en termes de ressource : l’entraide existe déjà au sein de l’entreprise, ajoute-t-il. On sait en effet qu’un collaborateur passe en moyenne, par semaine, entre 45 et 90 minutes à aider ou à être aidé. Ce qu’il faut, c’est gagner en efficacité, en traçabilité et que l’entreprise dans son ensemble en profite. La plateforme lui permet de réaliser de réels gains de productivité. »

Hébergée au Village by CA, Twelv emploie cinq collaborateurs dont deux développeurs. La start-up table sur un chiffre d’affaires de 150 K€ de CA fin 2023 et espère être rentable d’ici un an et demi.