Hommes et chiffres

Four à bois, le vrai goût du pain

Alimentation. À 28 ans, Raphaëlle Dhouailly, artisane boulangère, a installé son four à bois mobile dans la commune du Rialet, dans le Tarn.

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Raphaëlle Dhouailly (Crédit : RAPAHAELLE DHOUAILLY)

Diplômée d’une licence en droit et d’un master en environnement à Sciences Po Lille, Raphaëlle Dhouailly a ouvert fin 2021, sur la commune du Rialet dans le Tarn, une boulangerie dotée d’un four à bois mobile baptisée : Pain Pain Pain Pain, clin d’œil à la célèbre 5e symphonie de Beethoven. Un parcours pour le moins atypique, enfin de l’extérieur, car pour cette Parisienne de 28 ans c’est juste l’aboutissement d’un projet de vie longuement mûri, à savoir vivre et travailler à la campagne. Loin, très loin, de l’agitation des grandes villes.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle encore étudiante, elle a choisi de faire son stage de fin d’étude au sein de l’Adear 31, l’Association pour le développement de l’emploi agricole et rural en Haute-Garonne. « J’ai adoré être sur le terrain et accompagner les porteurs de projet à s’installer sur la région », explique Raphaëlle Dhouailly qui décide après l’obtention de son diplôme de poursuivre son travail au sein de cette association qui compte différentes an tennes un peu partout sur le territoire. Pendant trois ans, la jeune femme se forme et côtoie de nombreux agriculteurs.

C’est une rencontre avec une paysanne boulangère, installée en Haute-Saône, qui va changer sa vie. « Elle m’a ouvert les portes de sa ferme et pendant une semaine j’ai appris à faire du pain à ses côtés. » Le coup de cœur est immédiat : « À ce moment-là, j’ai su que je voulais quitter le salariat pour me mettre à mon compte et développer une activité arti-sanale. » Ce sera le pain, un produit à la fois simple et noble, « que les gens con somment quotidiennement et qui est très agréable à façonner. »

Mais avant de sauter définitivement le pas, elle multiplie les stages au sein de diverses installations pour « découvrir toutes les manières de faire du pain, de le produire et de le vendre. » Confortée dans son choix, elle passe et décroche en candidat libre son CAP de boulangerie en 2021. Désormais artisane boulangère, elle lance en décembre 2021 son commerce Pain Pain Pain Pain, tout en conservant son statut de salarié. Grâce à un microcrédit de l’Adie de 1000 € et d’une prime d’État de 2 000€ destinée aux jeunes entrepreneurs, elle achète son matériel de production : un four à bois mobile.

Monté sur remorque, il lui permet de produire entre 60 et 75 kg de pain par semaine. « Je confectionne mon pain bio dans un local que j’ai aménagé, précise-t-elle. Le four me permet de cuire, mais surtout de me déplacer dans les villages alentour, de faire des animations, de participer à des fêtes... C’est un bon moyen de me faire connaître auprès des habitants. »

Après une période d’ajustement, Raphaëlle Dhouailly quitte définitivement son poste au sein de l’Adear du Tarn en octobre 2022 pour se concentrer à 100% au développement de son activité. Pari gagnant ! Huit mois plus tard, la demande est là, à tel point qu’aujourd’hui elle est limitée par la taille de son four pour y répondre. Par chance, la mairie du Rialet a annoncé la construction d’un fournil communal. Un local de 150 m2 avec un four à bois, « que la collectivité souhaite louer à plusieurs boulangers, détaille l’intéressée. L’idée est de partager un outil de production tout en conservant notre indépendance. » Le fournil sera opérationnel au mois de novembre, et « va me permettre de tripler ma production. »