Hommes et chiffres

Une course vers l’impossible ?

Start-up. Avec cinq autres associés, Victor Premaud a créé la start-up Hopper qui développe une lame en carbone recyclé pour les personnes handicapées.

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Permettre aux sportifs et toute personne atteinte de handicap de courir un trail ou de grimper des sommets de 3000 m d’altitude tout en cassant les codes d’un univers médical pesant, tel est en substance le projet de Victor Premaud. Aux côtés de cinq associés, il a cofondé en 2021 la start-up Hopper qui développe une prothèse en carbone à base de chutes de pièces de l’A350. D’ailleurs, il y a fort à parier que la pépite albigeoise se fera une place aux JO para-olympiques de 2024. Pourtant cette aventure qui a démarré en 2019 n’avait, au départ, pas vocation à sortir du cadre des bancs de l’école d’ingénieurs d’IMT Mines Albi.

« Nous souhaitons offrir une mobilité à tout le monde et ne pas viser seulement les sportifs de haut niveau »

« Dans le cadre de notre 2e année, nous devions mener une mission de quatre mois, porté par une entreprise. Jérôme, polyamputé, qui souhaitait améliorer l’accessibilité du sport pour les handicapés et son ami, Benjamin, ingénieur chez Airbus, qui a lancé le projet Airbus Humanity, sont venus à nous. En effet, à ce moment-là, les prothèses présentes sur le marché qui permettent de courir sont très onéreuses, à savoir 8000 € pour une prothèse, et ne sont pas remboursées. L’objectif était de proposer un produit plus accessible, soit deux fois moins cher, et polyvalent ».

Forts d’un premier essai concluant, les six étudiants décident de poursuivre l’aventure sur leur temps libre en parallèle des études. « Nous n’imaginions pas que le projet irait aussi loin », souligne fièrement Victor Premaud, l’un des deux associés aujourd’hui à temps plein, portant la casquette de directeur général. Le projet se transforme, ainsi, au fil des saisons en véritable épopée entrepreneuriale. « Je n’avais pas l’ambition au départ de créer ma propre structure mais nous nous sommes pris au jeu. Et puis, au sortir des études, nous n’avions pas le coeur d’abandonner cette idée et de laisser les porteurs de projets continuer seuls. » Déjà hébergée au sein de l’incubateur technologique d’IMT Mines Albi, la pépite obtient, dans un premier temps, une subvention de la Région à hauteur de 8000 € qui permet d’apporter une preuve de concept, suivie de prêts d’honneur pour créer le produit en collaboration, avec d’un côté, le groupe Airbus pour la lame et, de l’autre, la marque de sport Salomon pour les semelles.

Une commercialisation prévue pour ce printemps

Pour l’heure, les cofondateurs, qui espèrent obtenir d’autres coups de pouce dont la Bourse French Tech Émergence en vue de développer la R & D, planchent sur les derniers constituants réglementaires pour une commercialisation prévue ce printemps. Hopper (diminutif de Grasshopper qui signifie sauterelle) vise ainsi le marché français et entend rapidement exporter vers les pays européens limitrophes. « En France, 3000 nouvelles personnes sont nouvellement amputées des jambes chaque année. Parmi elles, la moyenne d’âge est assez âgée et toutes ne sont pas enclines à faire du sport de façon intense. De fait, nous souhaitons offrir une mobilité à tout le monde et ne pas viser seulement les sportifs de haut niveau, détaille Victor Premaud. Notre objectif est d’atteindre une centaine de ventes par an. »

Pour ce faire, la start-up envisage de pénétrer le marché par l’intermédiaire des orthoprothésistes, au nombre de 1300 en France, « car nous ne pouvons pas réaliser de vente en direct. Nous n’envisageons pas forcément de passer des contrats mais d’organiser des journées test avec des orthoprothésistes locaux pour faire connaître notre produit. Nous l’avons déjà fait à Montpellier. Pour les semelles, en revanche, nous développons un site marchand. L’objectif est que la prothèse ait une durée de vie illimitée. Seules les semelles seront renouvelées de temps en temps. » Présente à la 5e édition du Sportup Summit 2021, la jeune pousse n’est pas passée inaperçue et entend étoffer son équipe de deux collaborateurs supplémentaires d’ici un an.