Catherine Ballot-Flurin
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Catherine Ballot-Flurin

La reine des abeilles.

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Photo de Catherine Ballot-Flurin
L’entreprise familiale Ballot-Flurin est spécialisée dans le domaine de l’apiculture douce, l’apithérapie (©Michel Billon)

S’il y a bien un trait qui caractérise Catherine Ballot-Flurin, la fondatrice de l’entreprise éponyme installée à Maubourguet dans les Hautes-Pyrénées, c’est son engagement : la promesse d’une santé naturelle basée sur les pouvoirs des abeilles.

La PME produit du miel bio et fabrique une gamme de produits dérivés d’hygiène et cosmétiques (soins du corps et du visage). « Les abeilles ont beaucoup à nous apprendre, explique la principale intéressée dans son ouvrage L’apithérapie. Apparues il y a 100 millions d’années, elles ont développé et gardé un équilibre subtil avec l’environnement. Elles sont les garantes d’un secret que je tente de comprendre. »

Catherine Ballot-Flurin a toujours eu une approche holistique de la santé, son grand-père et son père étaient spécialisés en médecine thermale à Cauterets. « C’est dans la culture familiale, nous croyons en l’auto-guérison. Chez nous, on soignait avec la nature et les arbres. » Elle est entrée en communication avec les abeilles à l’âge de 10 ans, découvrant un essaim dans le jardin familial. « Une vraie révélation, j’ai tout de suite été fascinée par ce petit peuple. »

« Des abeilles dans le moteur »

Catherine Ballot-Flurin vous dira qu’après le baccalauréat, elle a eu un parcours agité. À 19 ans, après des études en sciences économiques, elle part se former à l’apiculture au centre de formation des apiculteurs à Laval, en Mayenne. « J’ai eu un choc, à l’époque, on ne présentait pas les abeilles comme des animaux intelligents. Tout était basé sur la mesure, la technique, sans observation du vivant. On inséminait les reines pour produire du miel. Pour moi, c’était inconcevable. »

Dans le cadre de ses études, Catherine Ballot-Flurin rédigera ensuite un mémoire sur l’apiculture douce et biologique :

On se moquait de moi, personne ne comprenait ma démarche alors j’ai décidé de m’installer comme apicultrice pour montrer qu’il était possible de travailler autrement, sans exploiter les abeilles. J’étais en communication avec elles. Je les voyais comme des guérisseuses donnant des médicaments. »

Catherine Ballot-Flurin se souvient d’un enseignant qui affirmait : « “Si vous n’ajoutez pas de sucre dans le miel, vous ne gagnerez jamais votre vie dans votre entreprise”. Je l’ai reçu quelques années plus tard. Il a pleuré en voyant les résultats obtenus et a reconnu que j’avais eu raison. »

On ne parle pas de clients chez Ballot-Flurin

Toute la famille vit au rythme de ces êtres ailés. Catherine Ballot-Flurin a eu trois garçons. Rémi co-dirige l’entreprise depuis 14 ans, Luc travaille dans le numérique à Montréal et Martin est devenu viticulteur bio dans les Pyrénées-Orientales et apiculteur. « On reste une entreprise familiale, nous sommes quatre actionnaires. »

Catherine Ballot-Flurin veille sur l’entreprise comme sur ses abeilles. Elle effectue aussi des recherches sur les bienfaits de leur venin. Elle conseille d’ailleurs de se faire piquer (un peu) pour bénéficier de ce jet électromagnétique, « mais attention, une abeille qui pique ne survit pas ». La qualité des produits et le miel ne suffisent pas pour faire tourner son entreprise, « il faut expliquer notre démarche, nos salariés sont formés à la santé par les abeilles, on travaille avec une cinquantaine d’apiculteurs qui adhèrent à notre charte de valeur et de qualité. »

L’entreprise emploie 90 personnes à Maubourguet, la fabrique se visite. « Il y a un coût important lié au personnel, mais c’est voulu. Il y a peu de machines chez nous. On utilise nos mains pour la préparation, le brassage, le tri. Il faut savoir que toutes nos préparations sont remises dans une chambre d’abeilles pendant 36 heures avant d’être expédiées, pour être réenchantées par les abeilles. »

Catherine Ballot-Flurin a ouvert deux autres boutiques à Bagnères-de-Bigorre et à Cauterets. « Nous sommes installés dans l’ancien cabinet médical de René Flurin, mon père. La boutique est tenue par mon frère qui organise les visites des ruchers en montagne. » Des visites avec les clients ? « Non, on ne parle pas de clients, mais d’Êtres Éclairés (EE) », rectifie-t-elle. Vous comprenez pourquoi…

Les bonnes vibrations de l’entreprise

Un tiers des ventes s’effectue de manière directe, dans les boutiques, 15 % sur le site Internet. Autre canal de distribution, en plein essor, celui des pharmacies et des cabinets dentaires. « C’est une mini-révolution, se réjouit l’intéressée. Et de développer :

Beaucoup de dentistes ont changé leur pratique en utilisant de la propolis blanche ou noire lors de la pose d’un implant. Nos miels sont aussi utilisés dans les hôpitaux. On est devenu la référence pour les pharmacies en termes d’apithérapie en France et en Espagne. »

L’entreprise a également installé des chambres d’abeilles pour venir profiter des vibrations des abeilles et se ressourcer. Elle pratique la médiation par les butineuses et a inventé le yoga des abeilles. À noter que Catherine Ballot-Flurin publiera dans quelques mois un ouvrage aux éditions Actes Sud sur le lien entre les vibrations émises par les abeilles et notre propre énergie. « L’abeille ne se pose pas la question de savoir si quelque chose est possible, elle le fait. On pourrait faire l’analogie : dans notre vie n’allez pas échafauder des plans énormes, voyez ce qui vous donne de la joie, la raison vous emmènera vers la réussite. »