Vincent Delochre
Invités / Entretiens

Vincent Delochre

Un homme qui compte.

Lecture 9 min
Portrait de Vincent Delochre
Vincent Delochre, directeur général de Cerfrance Gascogne Occitane. (Crédit : A. Bergon)

Lorsque Vincent Delochre a rejoint Cerfrance Gascogne Occitane en février dernier, l’entreprise, fruit d’une récente fusion entre plusieurs antennes locales du réseau mutualiste de conseil et d’expertise comptable, n’a plus de direction depuis plus d’un an, hormis deux directeurs de transition qui se sont croisés dans l’intervalle. « L’entreprise avait besoin de retrouver de la confiance. Il y avait une envie collective de stabilité et un président, William Villeneuve, qui avait besoin d’être épaulé », se souvient le nouveau directeur général. Un challenge qui n’effraie pas ce père de cinq enfants, âgé de 49 ans, qui a passé une première partie de carrière dans l’armée. Avant d’arriver à Toulouse, ce Breton d’origine, né à Angers au hasard des affectations de son père militaire, a passé cinq ans à Saint-Brieuc à remettre sur les rails un réseau concurrent, l’Igam, fort de 350 collaborateurs, qui étend ses ramifications sur tout l’arc Atlantique. Autant dire que Vincent Delochre aime les défis.

Cet homme de devoir avait « un contrat » avec le président de l’Igam. « Il s’agissait de reconstruire une entreprise issue de la fusion de plusieurs petites structures. Je suis arrivé avec un mandat de cinq ou six ans : j’avais prévu d’accompagner le président qui m’a recruté jusqu’à la fin de ses fonctions et l’arrivée d’un nouveau président. C’est ce que j’ai fait ». De fait, dans ces structures mutualistes, l’intuitu personae est essentiel. « Ce genre de fonction nécessite qu’il y ait un coup de coeur professionnel avec le président. C’est un chef d’entreprise élu par les adhérents. Il délègue le management à un directeur général. Il faut donc vraiment être en phase. C’est une relation de confiance réciproque. C’est aussi ce qui a fait pencher mon choix en faveur de Cerfrance Gascogne Occitane, au bout de ces cinq ans. »

« La recherche de main-d’oeuvre, dans le domaine de la comptabilité est extrêmement difficile et les comptables agricoles sont encore plus rares sur le marché. »

L’entité, forte de 450 collaborateurs répartis dans une trentaine d’agences, rayonne sur quatre départements : la Haute-Garonne, l’Ariège, le Gers et les Pyrénées Atlantiques. « Des territoires hétérogènes, avec des problématiques très différentes, c’est ce qui rend le schéma très intéressant », assure-t-il. Alors qu’il rejoint à Toulouse son nouveau poste, avec la satisfaction de laisser l’Igam « entre de très bonnes mains », Vincent Delochre connaît déjà très bien le réseau Cerfrance. « Un peu par atavisme familial », après le Bac, ce passionné d’aéronautique a choisi l’armée de l’air pour commencer sa carrière professionnelle. De fait, il passera plus de 14 ans sous les drapeaux, devenant, après avoir suivi la formation au sein de l’École d’enseignement technique de l’armée de l’air, un expert dans le domaine des radars, les fameux Awacs, et sera stationné, pour une grande partie de sa carrière, près de Bourges.

Des envies d’ailleurs

Mais la trentaine venue, l’envie de voler vers d’autres horizons le gagne. « J’étais attiré par deux mondes, l’entreprise et l’agriculture. J’étais d’ailleurs très souvent en contact avec des entreprises du secteur aéronautique par le biais de mon métier : cela m’a, du reste, amené à faire de nombreux séjours aux États-Unis chez Boeing. Nous étions également en relation avec Air France et Thales notamment. Mais j’avais envie de sortir de l’aéronautique, de voir autre chose. » Vincent Delochre intègre une nouvelle formation en rejoignant l’École supérieure des agricultures d’Angers. « Reprendre des études à 30 ans, c’est une vraie opportunité, on voit les choses différemment, on approfondit. Ce fut un très bon moment », reconnaît-il.

En 2009, l’ex-soldat rejoint le Cerfrance de l’Eure comme conseiller en entreprise. « Je suivais de grosses entreprises agricoles en conseil. On m’a rapidement proposé des postes de manager, parce que j’avais fait beaucoup de management à l’armée, mais j’ai préféré approfondir mon métier de base. Au bout de trois ans, je suis devenu responsable d’une équipe de conseillers. Le champ d’activité était très large : du juridique à la fiscalité, en passant par le patrimoine, l’environnement, les RH… » Plus tard, à l’occasion de la fusion des Cerfrance de l’Eure et de Seine Maritime, Vincent Delochre devient directeur du conseil. Après huit années passées dans le réseau, en 2017, il quitte la Normandie pour la Bretagne pour relever un nouveau défi et prendre la direction générale de l’Igam. Désormais à la tête de Cerfrance Gascogne Occitane, une entité qui compte près de 9700 clients et a réalisé, en 2021, 22,7 M€ de chiffre d’affaires, Vincent Delochre sait qu’il a de nombreux challenges à relever.

Former les collaborateurs et accompagner les clients

Celui de la diversification en premier lieu. Historiquement fortement implanté dans le monde agricole, Cerfrance Gascogne Occitane a mis un pied sur de nouveaux marchés : les commerçants, les artisans et le secteur des services. Si les agriculteurs représentent encore 70% du chiffre d’affaires du réseau, Vincent Delochre entend bien faire évoluer ce ratio vers le 50/50. « Cela ne signifie pas qu’on oublie nos origines, nous tendons seulement à équilibrer nos positions », explique-t-il. Outre la comptabilité, le réseau a développé de nombreuses expertises et recruté des agronomes, des gestionnaires de patrimoine, des informaticiens… Au passage, Vincent Delochre pointe un écueil : « la recherche de main-d’oeuvre, dans le domaine de la comptabilité est extrêmement difficile et les comptables agricoles sont encore plus rares sur le marché. »

Pour encourager les jeunes à embrasser ces métiers, le réseau projette d’ailleurs des actions de communication dans les établissements de formation. La digitalisation est l’autre enjeu majeur auquel se préparent les équipes de Vincent Delochre. « Elle va faciliter les interactions avec nos clients, nous permettre de gagner du temps dans le traitement des factures et d’être plus réactifs. En 2026, toutes les entreprises devront établir des factures numériques. Nous avions beaucoup travaillé là-dessus, avant même l’obligation légale : 3000 de nos clients sont digitalisés, mais il faut continuer. Cela veut dire former nos collaborateurs et accompagner nos clients en développant nos prestations de conseil. » Le manager veut plus que tout être au rendez-vous.