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Mefistofele entre au répertoire du Capitole

Événement. L’opéra d’Arrigo Boito est à l’affiche du Théâtre du Capitole jusqu’au 2 juillet.

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Monument de l’art lyrique, ironique et iconoclaste, sentimental et métaphysique, tragique et comique, Mefistofele d’Arrigo Boito (1842-1918) fait enfin son entrée au répertoire du Capitole. La grandiose production de Jean-Louis Grinda réunit l’irrésistible basse Nicolas Courjal, qui interprète son premier Mefistofele et la soprano italienne Chiara Isotton, qui après la Scala de Milan et le Metropolitan Opera de New York, se produit pour la première fois sur la scène du Théâtre du Capitole. Elle nous permet également de retrouver le ténor Jean-François Borras et la magnifique soprano Béatrice Uria-Monzon.

À la baguette, le chef italien Francesco Angelico fera, lui aussi ses débuts à la tête de l’Orchestre du Capitole. Créé en 1868 à la Scala de Milan par un jeune poète de 26 ans issu de l’avant-garde littéraire milanaise – ceux qu’on a appelés les Scapigliati ou Échevelés –, le Mefistofele d’Arrigo Boito fit scandale.

Les Italiens restèrent perplexes face à un talent si précoce qui avait l’ambition, dans un ouvrage de plus de cinq heures adaptant de manière inédite les deux parties du Faust de Goethe, de mettre en musique une métaphysique du Bien et du Mal, le combat de Dieu et du Diable, le drame de la connaissance et des réflexions esthétiques sur le romantisme et le classicisme. Le fiasco fut total.

Arrigo Boito ne voulut pas rester sur cet échec. En 1875, il présente à Bologne, ville plus progressiste, une version abrégée, entièrement remaniée, celle qui est passée à la postérité. Il réduit l’opéra de cinq à quatre actes, allège les méditations philosophiques, développe l’expression des sentiments et confie le rôle de Faust à un ténor.

S’il revoit ses ambitions à la baisse, Boito n’en livre pas moins un ouvrage nonconformiste qui, tout en combinant le monumental du grand opéra français, le pathétique du bel canto italien et une opulence orchestrale toute germanique, invente un langage nerveux, rugueux, ironique.

Les masses chorales ouvrent au spectateur les portes du paradis et de l’enfer avec la ferveur solennelle d’un oratorio, tandis que la voix de basse trouve avec Mefistofele l’une des incarnations diaboliques les plus achevées du répertoire. Outre ce phénoménal Mefistofele, l’art lyrique doit au talent de librettiste d’Arrigo Boito des chefs-d’oeuvre comme La Giocondade Ponchielli et Otello et Falstaff, les deux ultimes opéras du vieux Verdi.

Tel Méphisto, Boito a offert au compositeur une nouvelle jeunesse : sans lui, ces deux chefs-d’oeuvre ne seraient pas tout à fait ce qu’ils sont. La production présentée à Toulouse a été créée en 2007 pour l’Opéra royal de Wallonie que dirigeait à l’époque Jean-Louis Grinda. Elle fut ensuite reprise aux Chorégies d’Orange, à l’Opéra de Monte-Carlo, à Montpellier, Tel-Aviv, etc. Le metteur en scène, qui dirige aujourd’hui l’Opéra de Monte-Carlo, explique son engouement pour ce chef d’oeuvre « encore trop rare au répertoire des grandes maisons. » Ce Mefistofele, détaille t- il « n’atteint peut-être pas à la perfection des grands chefs-d’oeuvre de Verdi ou Puccini, mais il y a dans l’oeuvre de Boito une liberté, une force vitale, une imagination irrésistibles. Boito, doté d’une immense culture européenne, y révèle une hauteur de vue magistrale. »

Les 27 et 30 juin à 20 heures, et les 25 juin et 2 juillet à 15 heures au Théâtre du Capitole. Chaque représentation est précédée, 45 minutes avant son début, d’une introduction à l’oeuvre par Jules Bigey au Grand foyer.

Pour plus d’informations :

A opera.toulouse.fr

Ou au 05.61.63.13.13