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Lutte contre le paludisme : le montpelliérain Medincell obtient une nouvelle subvention de 6 M$

Santé. La medtech montpelliéraine entend lancer une étude clinique de phase 1 destinée à valider l’efficacité et l’innocuité d’un nouveau traitement à action prolongée contre la malaria, une solution thérapeutique fondée sur une technologie innovante qu’elle a développée.

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Photo d'un moustique
Après avoir reçu une première aide de 6,4 M$ en 2020, Medincell, la société pharmaceutique montpelliéraine, vient de se voir attribuer une nouvelle subvention de 6 M$ pour poursuivre ses recherches dans la lutte contre le paludisme, une maladie infectieuse potentiellement mortelle transmise à l’homme par les piqûres de certains types de moustiques (©Pixabay).

Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2022, 249 millions de personnes ont été infectées par le paludisme, dont la quasi-totalité en Afrique, entraînant près de 608 000 décès. Face à ce fléau, l’OMS s’est dotée d’une Stratégie mondiale de lutte contre le paludisme dont l’une des avancées majeures est le déploiement du premier vaccin antipaludique.

Dans la lutte contre le paludisme depuis plus de 10 ans

Pour autant, d’importants efforts restent à faire pour éradiquer la maladie. Plusieurs programmes de recherche sont menés dans le monde dont celui porté par un consortium regroupant l’IRD, l’IRSS, le CIRDES, trois instituts de recherche français et burkinabés, et MedinCell. Fondée en 2002, l’entreprise pharmaceutique basée à Montpellier est spécialisée dans le développement de médicaments injectables à action prolongée dans plusieurs domaines thérapeutiques. Elle collabore depuis plus de 10 ans avec les autres membres du consortium dans la lutte contre le paludisme.

Medincell et ses partenaires travaillent au développement d’une nouvelle solution thérapeutique. mdc-STM, c’est son nom, est une formulation injectable d’ivermectine active pendant trois mois qui, administrée au début de la saison, pourrait avoir un impact épidémiologique significatif sur la transmission du paludisme. C’est ce qui ressort des données, issues de premiers tests in vivo menés au Burkina Faso par l’IRD, l’IRSS, le CIRDES et MedinCell.

Ce projet de recherche est soutenu depuis plusieurs années par Unitaid, l’agence de santé mondiale dont l’ambition est de rendre les nouveaux produits de santé disponibles et abordables dans les pays à faibles revenus. En mars 2020, Unitaid a accordé à Medincell une première subvention de 6,4 M$ pour financer les activités de recherche, de formulation et les études précliniques du programme. Dans un communiqué daté du 8 avril 2024, la société héraultaise annonce avoir obtenu d’Unitaid une nouvelle subvention de 6 M$ sur trois ans en vue de financer une étude clinique de phase 1 de son traitement injectable à durée d’action prolongée.

BEPO, une technologie propriétaire révolutionnaire

Photo de Christophe Douat
Christophe Douat, président du directoire de Medincell (©Medincell).

mdc-STM est basée sur la technologie BEPO développée par Medincell. Elle permet de contrôler la délivrance d’un médicament à dose thérapeutique pendant plusieurs jours, semaines ou mois à partir de l’injection sous-cutanée ou locale d’un simple dépôt de quelques millimètres, dépôt entièrement biorésorbable.

Cette confiance renouvelée de Unitaid est un nouveau motif de satisfaction pour la société montpelliéraine qui a connu un important succès en avril 2023 avec l’approbation par la Food and Drug Administration américaine (FDA) du premier traitement basé sur la technologie BEPO. Destiné au traitement de la schizophrénie, cette nouvelle solution thérapeutique est désormais distribué aux États-Unis par Teva sous le nom Uzedy. Selon Teva, les revenus tirés de l’Uzedy pourraient atteindre 80 M$ en 2024.

Un impact significatif

Selon Quiterie de Beauregard, responsable du développement santé globale de Medincell, « l’ivermectine apparaît comme une solution très prometteuse mais les problèmes logistiques liés à son administration par voie orale peuvent entraver sa capacité à avoir un impact épidémiologique significatif sur le paludisme. Nous sommes fermement convaincus qu’une formulation injectable à durée d’action prolongée pourrait permettre de surmonter ces obstacles ». Et le président du directoire de Medincell, Christophe Douat, d’ajouter :

Nous sommes ravis que notre technologie injectable à durée d’action prolongée, qui a atteint le stade commercial après l’approbation de notre premier traitement par la FDA américaine, soit en mesure de répondre à des défis majeurs de santé mondiale. Le soutien renouvelé d’Unitaid est essentiel pour faire avancer ce projet. Il nous permet de capitaliser sur notre expertise interne en matière de développement réglementaire et de poursuivre notre collaboration avec les membres du consortium, l’IRD, l’IRSS et le CIRDES, afin de mener d’autres études. »

Medincell, qui en mai 2023 a bouclé une levée de fonds de 25 M€ auprès d’investisseurs français et internationaux, emploie 140 personnes. La société montpélliéraine a réalisé sur le premier semestre de l’exercice 2023-2024 (avril à septembre 2023) plus de 6,9 M€ de chiffre d’affaires, en progression de 16 %.