Le marché auto continue de plonger
Analyse. En route vers les abysses ! Le bilan du premier semestre est catastrophique pour les immatriculations de voitures particulières et aucun signal positif n’apparait à l’horizon.

Les distributeurs de voitures ont le moral à zéro ou pas loin. C’est ce qui ressort d’une enquête récente (voir encadré). On peut les comprendre.
Les six premiers mois de l’année ont confirmé la chute sans fin des ventes de voitures neuves en France. Depuis la crise sanitaire, les mauvais résultats se suivent sans discontinuer et 2025 pourrait être la pire année depuis plusieurs décennies si on s’appuie sur les données enregistrées au premier semestre.
Juin n’a pas arrangé la situation avec un recul de 6,7% des immatriculations de voitures particulières et seulement 169.504 modèles livrés. Sur le semestre, les chiffres sont implacables : -8% pour 842.203 ventes.
Ce ne sont pas les résultats des utilitaires légers qui ont amélioré les choses. Bien au contraire. Le mois dernier, les VUL se sont écroulés (-24,4%) avec une baisse frôlant les 12 % sur le premier semestre avec 185.449 fourgons et camionnettes. Cela renseigne par ailleurs sur la situation économique des entreprises et des artisans.
Confirmation avec le recul des ventes aux flottes d’entreprise qui se sont écroulées en juin (-19%). Un méchant trou d’air ! Par contraste le marché des clients particuliers fait bonne figure avec seulement 1,6% de recul. Mais elles totalisent moins de 46% du total...
Le groupe Renault tire son épingle du jeu dans ce marasme général. Une augmentation de 5% en juin pour 50.000 immatriculations et un semestre positif (+2,2%) avec 232.248 livraisons. Ce résultat appréciable tient exclusivement aux performances de Dacia (+27,3%) alors que la marque Renault recule (-3,2%) tout en baissant deux fois moins que le marché.
C’est l’inverse pour le groupe Stellantis avec une chute de 8% (41.809 unités) le mois dernier et près de 12% (229.674) depuis le début de l’année. Peugeot s’en sort avec une légère progression de 0,9% en juin alors que Citroën est toujours dans la pampa (-9,4%) en dépit d’une gamme renouvelée. Depuis janvier, le groupe Stellantis accuse une baisse de près de 12% (229.674).
À l’image de l’ensemble du marché, Toyota, numéro 1 des marques importées recule. Une baisse de 7,1% pour la marque en juin et de 7,5% (67.090) sur le semestre. Pour autant, les Yaris Cross et Yaris classique restent en tête des étrangères. Les concernant, on ne parlera pas d’importées puisqu’elles sont produites en France.
Fiat (-41,8%), Nissan (-35,1%), Hyundai (-24,5%) et Ford (-22,1%) ont eu un mois de juin difficile pour des raisons multiples.
Grâce aux performances exceptionnelles de la nouvelle gamme Mini (+56,7%) le groupe BMW a dominé le mois de juin dans le segment premium avec 8.829 immatriculations (+15,4%). Mercedes (-2,1%) et Audi (-6,3%) sont moins à la fête.
Plus d’interrogations que de certitudes
Tarifs trop élevés - 24% d’augmentation en moyenne en quatre ans avec des pics jusqu’à +40% - rendant les voitures neuves inaccessibles, non seulement aux classes populaires mais aussi aux classes moyennes.
Malus dit écologique en forte augmentation, parfois jusqu’au délire, instabilité fiscale pour les aides à la transition énergétique, leasing social arrivé tardivement et aux conditions de plus en plus restrictives... : tous les ingrédients sont réunis pour que la situation perdure.
Sauf à avoir l’impérieuse nécessité d’acheter une voiture neuve, les clients ne se bousculent pas pour renouveler leur compagne mécanique. Ce n’est sans doute pas l’envie qui manque mais plutôt les moyens. Sans oublier les multiples incertitudes liées au contexte économique général et à celui plus particulièrement à l’automobile avec une transition énergétique qui inquiète davantage les acheteurs potentiels qu’elle ne les incite à franchir le pas.
Les show-rooms des distributeurs ont beau regorger de nouveaux modèles attractifs, avec de multiples propositions thermiques, hybrides sur tous l e s modes, 100% électriques : rien n’y fait.
Rien n’indique une amélioration à court terme. Les carnets de commande se remplissent difficilement à quelques notables exceptions près et la rentrée ne s’annonce pas folichonne. Un espoir : les effets positifs attendu du leasing social mis en place cet été.
À quelle hauteur se situera le marché fin décembre ? Personne ne se hasarde plus à faire un pronostic.