Automobile

Le petit monde des voitures de collection

Histoire. Peu importe leur prestige ou leur âge, les voitures anciennes suscitent la passion de centaines de milliers d’amateurs. Coup de projecteur sur un univers où on célèbre le culte de la bagnole.

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Photo d'une 2CH
Immortelle 2 CV : c’est la voiture la plus collectionnée en France. (Crédits : DR)

La règle n’est pas immuable mais presque. Les collectionneurs de voiture sont attirés par les modèles qui les ont fait rêver lorsqu’ils étaient enfants ou ados. Cela explique l’engouement depuis quelques années pour celles qu’on appelle les « youngtimers », sorties à la fin du XXe siècle. Elles sont recherchées par des amateurs qui avaient de dix à vingt ans lorsqu’elles faisaient les beaux jours du marché...

On connait presque tous un membre de sa famille, un ami, un voisin ou un collègue de travail qui possède une voiture de collection. Des mots à mettre également au féminin même si les hommes constituent le gros du bataillon des collectionneurs. Une ancienne pas forcément très ancienne, pas nécessairement rare mais pour laquelle ceux qui la conserve au fond de leur garage parlent avec passion. Combien sont-ils ? Combien possèdent-ils de voitures ? Stars sur roues ou humbles outils du quotidien : quelles sont ces voitures d’hier et d’avant hier ? La Fédération française des véhicules d’époque (FFVE) réalise régulièrement des enquêtes auprès de ses adhérents permettant d’en savoir davantage sur les quelques 903 000 véhicules de plus de trente ans en circulation, répondant plus ou moins à la définition de voitures anciennes. Parmi elles, seulement 292 000 bénéficient d’une carte grise dite « de collection ». Près de la moitié de ce parc roulant date des décennies 1970 et 1980. Des quinquas et quadras encore fringantes. Viennent ensuite les voitures des années 50 et 60 qui totalisent un quart des voitures collectionnées, puis les youngtimers (21%), âgées de vingt à trente ans. Tout comptes faits, le parc des voitures de collection affiche 53 ans en moyenne.

Raison Et Passion

Combien sont ces collectionneurs qui maintiennent en vie notre patrimoine automobile ? Impossible d’avancer un chiffre précis. La FFVE les estime à 400 000, nombre correspondant à celui des cartes grises de collection. Cependant une large part des anciennes disposent d’une carte grise normale. Par ailleurs, les enquêtes de la Fédération mettent en avant une moyenne de trois véhicules par collectionneur. Cela rend réaliste l’évaluation de la FFVE. Il s’agit à 97 % d’hommes de 59 ans en moyenne pour les voitures dont le revenu du foyer était de l’ordre de 54 000 € par an en 2021, même si 41% disposaient de moins de 40 000 € par an. 45 % vivent en zone rurale, 25 % dans un village et seulement 35 % en ville : il faut un peu de place pour collectionner des voitures. La moitié d’entre eux sont actifs et presqu’autant à la retraite.
Ils ne dépensent pas des sommes délirantes pour leur passion. Achat (21 300€ en moyenne), entretien et réparations (3 040€), déplacements et sorties (2 467€), les budgets sont raisonnables. Il est vrai qu’ils roulent peu, moins de 1 100 km par an, dix fois moins qu’un automobiliste au volant de sa voiture de tous les jours. Ils ont très peu d’accidents ; seulement 3% sont concernés chaque année. Dans plus de 90% des cas, il s’agit de petits dommages.

Sans surprise, les trois marques françaises majeures rallient les suffrages d’une majorité de collectionneurs. A commencer par Citroën, de loin la plus vénérée à travers ses modèles les plus emblématiques : Traction Avant, DS et bien sûr « LA » 2 CV. C’est la plus populaire avec près de 16 000 unités. C’est aussi la plus vendue, souvent à des prix laissant rêveur. Suivent à distance Peugeot avec la star des youngtimers, la 205 et Renault dont la R4 est désormais la troisième ancienne la plus vendue. On est loin des Ferrari et autres Maserati faisant tourner les têtes.

Le poids économique de la voiture de collection n’est pas négligeable. Il représente plus de 24 000 emplois directs avec des entreprises comptant en moyenne six salariés. Si le secteur est en constant développement, les difficultés de recrutement de personnel qualifié se posent. C’est même la deuxième préoccupation des professionnels derrière l’évolution des réglementations qui pourrait restreindre la circulation de ce patrimoine vivant. Pas de quoi décourager les collectionneurs.