Automobile

Les automobilistes dans le brouillard

Automobile. La marche forcée vers l’électrification, la multiplication des restrictions de circulation, les contraintes de plus en plus lourdes : les Français et leurs voisins européens sont perdus.

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Photo d'une voiture éléctrique
Se brancher ou pas ? Les automobilistes européens hésitent encore. (Crédit : DR)

Déjà où va l’automobile ? Que celui qui pense détenir la réponse lève le doigt ! De quoi inciter les automobilistes à mettre le pied sur le frein, faute de discerner dans quelle direction aller. Ce constat d’incertitude est confirmé par l’étude annuelle réalisée par l’Observatoire Cetelem de l’Automobile, une référence dans son domaine. Son titre résume la situation : « réglementation, motorisation, tarification : l’automobiliste en plein brouillard. »

Le contraste est d’autant plus saisissant que l’automobile s’est développée pendant des décennies dans un univers peu contraignant à l’exception des crises pétrolières successives. Désormais, c’est la déferlante, liée à la montée en puissance des préoccupations environnementales : choix politique de tout miser sur la voiture électrique, instauration de restrictions de circulation...Le tout sur fond de crises multiples : financières, économiques et géopolitiques.

Premier élément à charge : les prix élevés des voitures, lié au choix des constructeurs de privilégier les marges aux volumes de vente. La forte augmentation des tarifs des carburants, de l’entretien, de la réparation ou de l’assurance est également mise en avant par une majorité de consommateurs européens qui estiment que les choses ne vont pas s’arranger dans un proche avenir : « Rien de bon à attendre pour les années à venir en ce qui concerne les coûts liés à l’automobile », résume Cetelem.

À la croisée des chemins

Autres éléments d’incertitude : 50% des Européens affirment manquer d’informations sur les nouvelles réglementations concernant les différents types de motorisations et les conditions de circulation. Avec des variables importantes en fonction des pays, les Français se situant dans la moyenne générale. Les restrictions de circulation à géométrie variable dans les grandes agglomérations, les fameuses Zones à Faibles Emissions en France dont on retrouve l’équivalent ailleurs, constituent une source d’interrogations.

Dispositions fluctuantes, reports : pas simple de s’y retrouver. 30% des Français ne savent même pas qu’elles existent ! L’étude de l’Observatoire Cetelem met également en évidence une mauvaise connaissance de leur fonctionnement et le sentiment d’injustice sociale qui s’en dégage, particulièrement dans les pays où elles sont en place depuis un certain temps.

Plus de 80% des Européens jugent négativement cette situation pour les ménages modestes, 71% trouvent le calendrier trop contraignant et 56% pensent que ces mesures ne verront pas le jour ou seront annulées, tout en estimant à 62% qu’il s’agit d’une bonne mesure pour lutter contre la pollution. Les européens dont le véhicule sera exclu dans les ZFE affirment qu’ils n’iront plus (45%), changeront de mode de déplacement (27%) ou braveront l’interdiction (14%). Seulement 22% envisagent d’acheter une voiture autorisée à y circuler.

Comme si les choses n’étaient pas assez embrouillées, il faut y ajouter la multiplicité des normes techniques européennes de plus en plus contraignantes qui à l’issue de palabres sans fin avec les constructeurs entrainent la disparition des motorisations les plus émettrices de CO2 et obligent à des évolutions techniques augmentant les prix des voitures ou à arrêter la production des petits modèles.
L’interdiction de la vente des voitures thermiques à partir de 2035 constitue un sérieux motif d’inquiétude et d’incompréhension (voir encadré) pour les automobilistes Européens.

L’automobile est à la croisée des chemins. Bien malin celui qui prétend connaitre celui qu’elle empruntera. Malgré tout, la moitié des Européens estiment que dans cinq ans, la place de la voiture restera peu ou prou identique à celle d’aujourd’hui contre un quart qui pensent que sa part aura diminué. Conclusion de Cetelem : « S’il est une chose qui fera sans nul doute l’unanimité, c’est la nécessité de voir se dissiper au plus vite ce brouillard qui pourrait à terme pénaliser tout le monde. »