Automobile

Les paradoxes du diesel

Électrique. En chute libre mais toujours là quand même : les ventes de voitures roulant au gazole ont représenté moins de 17% des immatriculations au premier semestre.

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Les paradoxes du diesel
Surprise : plus de 70% des Alfa Romeo vendues en France depuis le début de l’année sont des diesel (Crédit : DR)

Il y a dix ans, les ventes de diesel dépassaient 72% sur le marché français. Cela semble très loin, presque inimaginable aujourd’hui. Encouragés par l’Etat de façon irresponsable par le biais d’une taxation sur les carburants très favorable, les clients donnaient la priorité aux voitures roulant au gazole au-delà de toute logique. Même les petits rouleurs voulaient des voitures diesel, pourtant plus couteuses à l’achat et à l’entretien. Leur faible kilométrage annuel ne leur permettait pas de rentabiliser leur investissement : qu’importe ! Avec un argument imparable : la facilité de revente sur le marché de l’occasion.

Une décennie plus tard, ce n’est plus la même chanson. L’état a fait volteface sans prévenir, découvrant tardivement que les moteurs diesel polluaient beaucoup trop, précisément au moment où les progrès technologiques leur permettaient d’être plus propres que les moteurs essence. Un problème d’anticipation et de réaction récurrent. Le prix du litre de gazole a rejoint peu ou prou celui du sans plomb, le diesel bashing, relayé sans nuances jour après jour, a fait le reste et les immatriculations de diesel ont commencé à chuter inexorablement. Un rejet sans fin aussi injustifié que l’emballement excessif du début des années 2000.

Au premier semestre, les statistiques mettent en évidence un nouveau recul : -39% par rapport à l’année précédente avec seulement 130.000 immatriculations de voitures particulières roulant au gazole. Un an plus tôt, on en avait compté plus de 212 000. Ce revirement n’est pas exclusivement français. On peut dresser le même constat au niveau européen avec un recul de près de 22% et un taux de pénétration de 17,3%. Pour autant, le diesel reste un acteur important et demeure la troisième motorisation la plus vendue sur le marché national derrière l’essence (289 612 unités - 37,5% de taux de pénétration) et les hybrides non rechargeables (155 017 -20,1%). Désormais, seuls les gros rouleurs privilégient le diesel, non plus pour les tarifs à la pompe mais en raison de la sobriété de moteurs consommant peu, permettant d’éviter les passages à la pompe trop fréquents. Un retour à une certaine logique.

Peugeot toujours n°1 du diesel

Peugeot, longtemps roi incontesté de la catégorie et premier constructeur mondial de moteurs diesel, conserve sa main mise sur le marché national avec 40.705 immatriculations à l’issue des six premiers mois de l’année. Près d’un tiers (31,7%) des Peugeot vendues en France étaient des diesel. Avec un joli tir groupé en tête d’un quatuor de Lionne : 308 (9 724), 3008 (8 531), 208 (8 270) et 2008 (7 953). La Dacia Duster se hisse au 5e rang avec 6877 voitures sur les 7 513 roumaines diesel écoulées au premier semestre. Au second rang, pas de surprise, on retrouve Citroën, la marque cousine de Peugeot, avec 19 406 unités au total dont 5 282 voitures pour la seule C3. Renault suit avec 16 814 voitures mais une part limitée à 13,2% des immatriculations de la marque. Du coté des marques importées, Volkswagen conserve la première place avec 10 321 ventes (20,9% du total) devant Mercedes 8524 (36,4%) qui reste un acteur majeur de la catégorie et Dacia 7 513 (11,6%).

Le taux de dieselisation par marque révèle une surprise. Contre toute attente, c’est Alfa Romeo qui compte le plus fort taux de diesel sur le marché national au premier semestre : plus de 70%. Qui l’eut cru ? Certes, les chiffres de ventes du constructeur étant ce qu’ils sont, cela ne concerne que 622 voitures. Quasiment deux fois plus que Mercedes mais sur un volume incomparable (8 524 unités). Jusqu’où descendront les immatriculations de diesel en France ? A-t-on attendu un seuil plancher ou la chute se poursuivra-t-elle ? Une chose est certaine, les diesel resteront majoritaires pendant de nombreuses années encore. On en compte actuellement plus de 58%. Bientôt chassés des centres-villes des agglomérations de plus de 150 000 habitants avec l’instauration des zones à faibles émissions, ils perdureront partout ailleurs.