Marché automobile : des voitures de plus en plus chères
Marché. En l’espace de quatre ans, le prix moyen d’une voiture vendue en France a augmenté de 24%. Les clients ne suivent pas financièrement et le marché plonge. Logique.

Plus ça va, moins ça va ! De mois en mois, le marché automobile français poursuit sa plongée abyssale. En mai, la chute moyenne a dépassé 12% avec un recul encore plus fort pour les ventes aux particuliers : -17%. C’est pire pour les flottes (-18%) et pour les ventes de véhicules électriques (-19%). Si les causes de cette situation sont multiples, l’explosion des tarifs des voitures neuves n’y est pas étrangère. Loin de là. Entre 2019 et 2024, le prix d’achat moyen d’un modèle neuf a augmenté de 24% sur le marché français, selon l’étude étayée de l’institut « Mobilités en transition », un think tank indépendant. Un bond de près de 7 000 €, faisant passer le tarif catalogue d’un peu plus de 28 000 € à près de 35 000 €. Faut-il s’étonner ensuite que les acheteurs désertent les show-rooms des constructeurs ? La situation est peu ou prou identique sur la plupart des marchés européens. « Mobilités en transition » en lien avec le cabinet spécialisé « C-Ways » a cherché à déterminer les raisons de cette inflation. S’agit-il de la conséquence des normes européennes toujours plus contraignantes comme l’ont avancé Luca de Meo et John Elkann, les patrons de Renault et du Groupe Stellantis, dans un entretien croisé, publié dans le cahier économie du « Figaro » début mai ? De la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie ? De multiples causes que les industriels du secteur subissent et ne maîtrisent pas.
+ 6% liés aux contraintes européennes
Combien pèse sur les tarifs la stratégie délibérée de montée en gamme, générant une augmentation des marges ? Cette évolution quasi générale entraîne par voie de conséquence la raréfaction des citadines abordables ? Quid de la volonté d’améliorer la profitabilité, l’obsession de Carlos Tavares, l’ancien PDG de Stellantis, pour générer toujours plus de profits quitte à sacrifier la qualité ? Les constructeurs sont responsables de ces causes dites « endogènes » par l’étude de « Mobilités en transition ». Le think tank distingue par ailleurs des causes dites « hybrides » sans jeu de mots, telles que la transition électrique imposée au niveau européen avec pour conséquence la généralisation de modèles à batterie et hybrides aux tarifs beaucoup plus élevés.
À l’heure des comptes, les résultats sont sans appel. Le poids financier des contraintes réglementaires européennes imposant un surcroit d’équipements, notamment de nouvelles aides à la conduite, celui de la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, ont une incidence limitée sur l’augmentation des tarifs des voitures neuves : 6%. Tout juste le quart de l’addition finale. Ce n’est pas négligeable mais pas déterminant.
Jusqu’à 44% de hausse de tarifs
Idem pour la hausse résultant de la réduction des émissions de CO2 et de l’électrification à marche plus ou moins forcée des gammes de l’ensemble des acteurs du marché automobile. Cette transition, imposée par l’Union européenne, intervient à hauteur de 6% dans les 24% de hausse des prix entre 2019 et 2024 dont +2% pour le seuls modèles 100% électriques. C’est le prix à payer pour une relative amélioration de l’environnement.
Pas besoin d’être un expert en calcul pour comprendre que la moitié de l’enchérissement de nos voitures résulte directement du choix des constructeurs de mettre sur le marché des modèles de catégorie supérieure et mieux équipés et d’augmenter leurs marges. La montée en gamme est responsable des deux-tiers des 12% d’augmentation alors que l’amélioration de la profitabilité représente à elle seule 4%. À noter que les 24% d’augmentation du prix moyen d’une voiture neuve cache d’importantes disparités. Certaines marques ont fait preuve d’une relative sagesse en restant sous le seuil de 20%. D’autres ont poussé le bouchon beaucoup plus loin. Jusqu’à 44% de hausse ! Montée en gamme assumée pour certains constructeurs, simple opportunisme pour d’autres...
Dans cet ensemble, la crise des composants électroniques paralysant la production et générant une pénurie de voitures disponibles a contribué à la poussée de fièvre tarifaire.
Sans surprise, l’étude de l’institut « Mobilité en transition » met en évidence l’exclusion progressive du marché des classes dites populaires et des classes moyennes inférieures. En 2019, ils représentaient 43% des acheteurs de voitures neuves en France, En 2024, ils n’étaient plus que 31%. Un niveau comparable à celui des clients disposant de plus de 5 000 € net mensuel. De quoi expliquer à la fois la chute des ventes et l’âge sans cesse croissant du parc automobile roulant national qui frôle les 12 ans.