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Points publics de recharge : un retard sans fin

Électrique. Les 100 000 bornes publiques, promises pour fin 2021, devraient être opérationnelles à la fin du printemps. Entre-temps, le marché français des voitures électriques a explosé.

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Photo des points publics de recharge
Points publics de recharge (Crédit : DR)

Le temps perdu ne se rattrape jamais : c’est une évidence. L’État avait claironné à de nombreuses reprises la disponibilité de 100 000 points de recharges publiques, le 31 décembre 2021, mais il a failli à ses promesses. À l’échéance, il n’y en avait que 53 667 selon les calculs précis de l’AVERE France, l’association chargée de la promotion des mobilités électriques.

Avec en face plus de 770 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables en quête d’une borne publique pour se brancher. Un ratio très insuffisant pour faire satisfaire la demande, encore accentué par de fortes disparités régionales, voire à l’échelon des départements et des villes.

Un an après la date butoir, malgré un réveil tardif et une accélération des installations (+ 57 % en 12 mois), le compte n’y était toujours pas au 31 décembre dernier où l’on dénombrait 82 107 bornes. Un chiffre porté à 85 284 fin janvier. Selon l’AVERE, le cap des 100 000 points devraient être atteint dans les prochains mois.

Sans doute avant l’été. Dans le même temps, la croissance du marché des véhicules électrifiés a été très forte avec 203 121 voitures 100% électriques immatriculées en 2022, auxquelles il faut ajouter 126 549 hybrides rechargeables.

Au total, à la fin de l’année dernière, il y avait plus de 1,1million de véhicules électrifiés dont 690 000 exclusivement électriques. Pour seulement 82 107 points de recharge.

Pas besoin de faire les calculs pour comprendre que la situation s’est dégradée en dépit de l’effort tardif de l’État. Si la progression des mises en circulation de voitures électrique se poursuit au même rythme, ce qui est probable, l’insuffisance des bornes publiques de recharge n’est pas près de se résorber. Bien au contraire.

Au point d’en arriver à une situation critique pour ceux qui, incités par l’Etat, ont choisi de rouler en voiture électrique, en particulier dans les agglomérations où les solutions alternatives sont peu évidentes, voire inexistantes.

Ces points publics, nombreux et accessibles, sont également indispensables pour entreprendre de longs trajets routiers et autoroutiers sans angoisse. On sait que sur autoroute, l’autonomie conventionnelle des 100% électriques font comme neige au soleil et impose de fréquentes recharges.

UN MIEUX POUR L’ÉTAT DE FONCTIONNEMENT DES BORNES PUBLIQUES

Autre point névralgique, la faible puissance des installations à disposition du public. 88% (76 000) d’entre elles sont inférieures à 22 kW alors que seulement 8% (7 000) propose 50 kW ou davantage, gage d’un temps de recharge rapide. De nombreux constructeurs proposent sur le marché des modèles électriques très performants, capables de faire le plein d’électricité en une demiheure environ.

Mais concrètement, c’est mission impossible faute d’infrastructures adaptées. Sept projets, aidés par l’Etat à hauteur de 38 M€, devraient permettre d’améliorer les choses à la marge, via la création de 178 stations de haute puissance proposant 1 153 bornes supplémentaires dans les mois à venir. Le coût est important sans pour autant se hisser à la hauteur des besoins. Loin s’en faut.

Ces insuffisances en regard du développement de la mobilité électrique, fortement subventionnée par les contribuables, se doublaient d’un nombre important de points de recharges hors service. On dénombrait encore récemment environ un quart d’indisponibles pour diverses raisons, selon les chiffres mis en avant par l’Association française pour l’itinérance de la recharge (AFIREV).

Un constat se fondant sur l’analyse des données fournies par les opérateurs de réseaux. Motif de relative satisfaction : la progression des bornes en état de fonctionnement.

Selon les données mises en avant par l’AVERE, 86% seraient opérationnelles, pour ce qui est des moins puissantes, les plus répandues. Au moment où l’Europe a confirmé la condamnation définitive des moteurs thermiques en 2025, il est impératif que le réseau public de recharge français soit à la hauteur. On en est loin.