Le chasselas de Moissac, le trésor de la famille Fontanel
Viticulture. En attendant la fête des fruits et des saveurs prévue les 17 et 18 septembre, Véronique Fontanel se prépare à récolter le précieux petit grain doré : le chasselas de Moissac, 51 ans d’AOC et 26 ans d’AOP. Chasselatière passionnée, son implication dans la vie locale est forte. Elle est aussi présidente du site remarquable du goût de Moissac.
Véronique Fontanel a les yeux qui brillent quand elle évoque ce petit grain sucré et doré qui a pris le soleil. « Je veille sur mes petits trésors, s’amuse-telle. Depuis juillet, on n’a quasiment pas touché à la vigne, on doit laisser les parasols au raisin, des feuilles qui le protègent et lui donnent cet aspect bronzé avec de jolies petites taches. » Le chasselas de Moissac est inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Sa culture relève d’une longue tradition. Véronique Fontanel porte fièrement les couleurs et le dynamisme de la filière. En famille, elle participe, grâce à sa casquette de présidente du label site remarquable du goût aux différents salons en France ou le bien-manger est à l’honneur : Salers, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Saint-Émilion, Apt…
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« On fait la promotion du chasselas et de Moissac au sens large. Quand la saison du raisin est terminée, on part avec des produits comme le Quercy des îles, le Gâteau d’Oc de Gilles Quèbre. On a édité un carnet de découvertes pour donner envie aux touristes de venir à Moissac. » En partenariat avec l’office de tourisme, une fois par semaine, Véronique Fontanel se transforme en guide. Elle reçoit des visiteurs (touristes ou pas) et explique comment pousse un pied de vigne, comment s’effectue la récolte du raisin.
L’ENVIRONNEMENT AU COEUR DU PROJET
En moyenne, chaque année, 2000 tonnes sont récoltées sur l’appellation. De plus en plus de producteurs se convertissent au bio ou passent en HVE, 90 chasselatiers sont certifiés « Haute Valeur Environnementale ». Avec 240 hectares engagés dans la démarche, ils représentent un peu plus de 50% des surfaces. La vigneronne, quatrième génération aux commandes de l’exploitation installée à Montesquieu, est en bio depuis deux ans. Elle a abandonné l’élevage laitier au profit des arbres fruitiers tels que la cerise (1 ha), la prune (trois ha) et le raisin (4ha). « Les aléas climatiques compliquent les récoltes, ajoute Véronique Fontanel. On doit s’adapter, laisser pousser la vigne en hauteur et s’équiper de filet antigrêle. On a de nombreux nuisibles, c’est le cas de la mouche suzukii, particulièrement friande des cerises, la récolte est bien maigre cette année, expliquant les prix élevés du kilo de cerises. »
À cause de la sécheresse, la chasselatière estime à 4000 € les dépenses supplémentaires en irrigation. La famille n’emploie pas de saisonniers pour la cueillette et le triage du raisin, une opération délicate répondant au cahier des charges extrêmement strict de l’AOP et de l’AOC, toute la famille est mise à contribution. Un hectare de vigne nécessite 1200 heures de travail sur une année mais ne parlez pas de chiffre d’affaires à Véronique Fontanel. « Je vis au jour le jour, ma priorité ne va pas à la comptabilité, mais au goût et à la promotion. » La Ferme est adhérente à France Passion. Véronique Fontanel accueille ainsi des camping caristes, elle travaille sur de nouveaux projets : ouvrir des gîtes et une table d’hôtes pour diversifier ses revenus. Ça marchera, Véronique Fontanel en est convaincue. « Il n’y a pas que la plage et le ski en France, il y a aussi le Tarn-et-Garonne. »