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Accélération de la reprise en Occitanie

Économie. Au sortir de la crise, la Banque de France constate une amélioration de l’économie régionale malgré des situations contrastées selon les secteurs. Les prévisions sont revues, en effet, à la hausse pour les deux-tiers des entreprises interrogées.

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Dans l’informatique, les dirigeants tablent sur une hausse de 10 % de leur CA
mais une réduction de 2 % de leurs effectifs.

La Banque de France vient de réviser une nouvelle fois ses prévisions de croissance du PIB français dont la hausse devrait atteindre 6,3 % cette année. L’horizon semble ainsi se dégager, comme le relève Stéphane Latouche, le directeur régional de la Banque de France, avec, depuis trois mois « un bon nombre d’entreprises, qui sont à 99% de leur niveau d’activité d’avant-crise ». En Occitanie, la production industrielle a progressé : les chefs d’entreprise interrogés par la Banque de France tablent sur une plus forte augmentation de leurs chiffres d’affaires de 8 % en 2021 (soit un point de plus par rapport aux prévisions de début d’année). Même chose dans les services marchands où les dirigeants anticipent une hausse de 10% de leur CA, soit quatre points de plus qu’en janvier.

Dans le BTP, la production reste dynamique avec une progression attendue de 8% sur l’année, soit un point de plus par rapport aux prévisions de janvier. Telles sont les bonnes nouvelles apportées par la dernière actualisation des résultats de l’enquête de conjoncture menée par la Banque de France auprès de 1 500 chefs d’entreprise de la région et dévoilée le 21 septembre par Pascal Robert, responsable du service études. Cette embellie cache toutefois une grande hétérogénéité de situations.

« Nous n’anticipons pas de vagues de faillites. »

En effet, si certains secteurs sont en bonne voie de retrouver leur niveau d’avant-crise tels l’habillement (97%), les services à la personne (98%), l’industrie pharmaceutique (98%) ou encore l’édition (98%), d’autres filières sont encore à la peine, notamment l’aéronautique et autres transports (80%), l’hébergement (78 %) et l’automobile (81%). Globalement, les chefs d’entreprise sondés par la Banque de France portent un jugement favorable sur le niveau de leurs carnets de commandes, hormis l’industrie aéronautique. Le fer de lance de la région, qui a payé un lourd tribut à la crise, peine en effet à redécoller, ce qui positionne l’Occitanie en retrait par rapport aux autres régions françaises où la reprise est davantage amorcée.

Recrutements : pas de révision à la hausse

Si les indicateurs sont à la hausse pour les deux tiers des entreprises sondées, le directeur régional de la Banque de France pointe deux bémols. D’une part, malgré le rebond d’activité, dans certains secteurs, les effectifs sont en effet orientés à la baisse, notamment dans l’industrie avec un recul des effectifs prévu de 4% sous l’effet des PSE, et de 2 % dans l’informatique, alors que les chefs d’entreprise du secteur prévoient une hausse de leur CA de 10 %. D’autre part, les difficultés d’approvisionnement freinent la reprise. Elles concernent 51 % des entreprises dans l’industrie avec, dans le trio de tête, l’automobile où 86% des dirigeants rencontrent ce type de difficultés, les équipements électriques (76%) et les machines et équipements (72%).

Une autre crainte pour l’avenir se dessine, à savoir, comme le souligne Stéphane Latouche « le manque de profitabilité des entreprises, plus inquiétant que l’inflation ». Ainsi face à ces difficultés, la part des entreprises prévoyant une hausse de leur profitabilité se replie à 28 % dans l’industrie, à 30% dans la filière aéronautique et à 27 % dans les services marchands. Pour autant, les programmes d’investissements se poursuivent dans tous les secteurs industriels et sont même révisés à la hausse passant de 68 à 73%, ainsi que dans les services marchands (+39% contre 7%).

Pas de défaillances en cascade en vue

Le directeur régional de la Banque de France se veut rassurant. « Nous n’anticipons pas de vagues de faillites. » En effet, seules 7% des entreprises d’Occitanie sont considérées comme fragilisées par les effets de la crise sanitaire « en prenant en compte la baisse de la trésorerie, la hausse de l’endettement et une notation défavorable au moment de la crise » détaille-t-il. Les défaillances ont ainsi reculé de 31 % en un an (à fin juin). Les incidents de paiement ont également diminué de 40 %.

Grâce aux différents dispositifs mis en place par l’État, 74% des entreprises affichent ainsi une augmentation de trésorerie. En Occitanie, 57300 entreprises ont fait appel au PGE, pour un montant global de 8 Mds€. 19 % d’entre elles entendent rembourser leur PGE cette année, et 57% privilégient l’étalement sur cinq ans. « Le PGE est surtout un endettement de précaution pour faire face à un contexte incertain. Beaucoup ne l’utilisent pas mais le gardent pour plus tard », conclut-il. La dette nette des entreprises en région est, elle, restée stable durant la crise.