Collectivités

Cacophonie au conservatoire de Toulouse après une coupe de 600 K€ dans son budget

Culture. Depuis le début de l’année et suite aux annonces de baisse des subventions territoriales, le conservatoire de Toulouse traverse une crise. Professeurs non remplacés, maintenance du bâtiment négligée, heures de cours en baisse… l’association des parents d’élèves ainsi que les professeurs dénoncent le manque de considération de la mairie. Si elle reconnait une baisse des moyens alloués à l’établissement, la collectivité se veut rassurante. Explications.

Lecture 6 min
Deux postes de professeurs de musiques sont à pourvoir au Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse pour pallier les cinq postes vacants au sein de l’établissement. (©La Gazette du Midi)

« Sans culture, la société devient une jungle », déclarait l’écrivain et ancien homme politique français Aimé Césaire. Pourtant, depuis le début de l’année, le secteur souffre des coupes budgétaires imposées par le gouvernement. En effet, l’État a prélevé 5 Mds€ sur les recettes des collectivités et gelé l’enveloppe de la dotation globale de fonctionnement (DGF) qui leur est destinée.

Or, ces recettes financent près de 50 % des offres culturelles locales par le biais de subventions aux associations, aux écoles et autres théâtres. Un coup dur d’autant plus qu’à Toulouse, le conseil municipal avait déjà voté une baisse de 40 % des subventions aux associations culturelles dans le cadre du budget 2025, ce qui n’avait pas manqué de faire bondir les acteurs concernés.

Ces différents coups de rabot ont fini par impacter le Conservatoire à rayonnement régional Xavier Darasse, l’une des structures d’enseignement les plus prestigieuses de la Ville rose. C’est en partie grâce à cette école, créée en 1820 et dont la renommée n’est plus à prouver, que Toulouse a été nommée Ville des musiques en octobre 2023.

L’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent, le pianiste Bertrand Chamayou ou encore les rappeurs Bigflo et Oli ont occupé les bancs de l’établissement. Aujourd’hui, la structure emploie plus de 180 professeurs et 65 agents administratifs et de maintenance. Elle forme chaque année près de 2 000 élèves, dont 1 900 en section musique et 100 en danse et théâtre.

Postes vacants et problème de maintenance

En période d’austérité, la renommée ne suffit pas face au manque de moyens. Voila pourquoi l’association des parents d’élèves du conservatoire a tiré la sonnette d’alarme en publiant, en janvier dernier sur le site change.org, une pétition baptisée « Sauvez le Conservatoire ». Celle-ci est accompagnée d’une lettre ouverte, directement adressée au maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. L’association y fait état de la détérioration des enseignements et de la baisse des heures de cours : « Aujourd’hui, l’ensemble des recrutements de professeurs est gelé : les enseignants absents (en mobilité vers un autre établissement, malades, retraités, en congé familial…) ne sont pas remplacés », écrivent-ils.

Même ressenti de la part des intéressés. À l’occasion des portes ouvertes du conservatoire en avril dernier, Alexia Rutschlé, professeure de solfège et représentante du Syndicat national des enseignants et artistes, s’était confiée à nos confrères de La Dépêche du Midi : « Alors que des postes manquent, on nous demande d’accueillir des élèves sans nous en donner les moyens. » Ampoules non remplacées, manque de papier hygiénique, l’enseignante explique même que « certains professeurs passent le balai avant leur leçon, tant il devient honteux d’accueillir des enfants dans de telles conditions ».

Une maintenance délaissée, également pointée du doigt par les parents d’élèves dans leur lettre adressée au maire de Toulouse : « La situation que vivent les professeurs et les élèves n’est que la face cachée de l’iceberg car le conservatoire est aussi sur le point de perdre des postes administratifs et techniques. »

Des recrutements en suspens ?

Contactée par la rédaction, Nicole Yardeni, élue à la mairie de Toulouse en charge des relations avec les acteurs culturels, du conservatoire mais aussi de l’Institut supérieur des arts de Toulouse (Isdat) a tenu à clarifier les choses. Pour l’adjointe au maire, la situation est loin d’être aussi alarmante que le laissent entendre les parents et professeurs de l’établissement. « Nous avons demandé au conservatoire une réduction budgétaire de 600 K€ pour 2025 alors que son budget était de 14 M€ en 2024. Un montant financé à plus de 90 % par la mairie. C’est une situation, certes moins confortable, mais le conservatoire peut largement fonctionner dans ces conditions. »

L’élue explique que les économies passeront surtout par la suppression des « week-ends de perfectionnement » organisés par le conservatoire. « Ces séminaires coûtent 100 K€ par an et ne concernent pas les élèves scolarisés à l’année », affirme l’intéressée pour justifier cette décision.

Quant aux postes non remplacés, Nicole Yardeni a assuré lors d’une assemblée plénière tenue le 1er juillet dernier en présence de tout le personnel du conservatoire, qu’aucun ne disparaîtra : « Les cinq postes vacants font suite à des départs à la retraite, dont trois postes de professeurs de musique. Ces derniers resteront sûrement gelés jusqu’en 2028, mais ne seront pas supprimés. »

Une promesse pour l’heure tenue puisque Christophe Millet, l’actuel directeur du conservatoire et ancien directeur du conservatoire d’Angers, a publié la semaine dernière sur son LinkedIn deux offres d’emploi pour des postes de professeurs de clarinette et de flûte.