Au salon de l’agriculture, Carole Delga annonce 15 M€ d’aides supplémentaires à la filière
Agriculture. Alors que la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture vient tout juste d’être adoptée, l’Occitanie renforce son dispositif de soutien au secteur agricole, premier employeur de la région.

Les éditions se suivent et ne se ressemblent pas. En 2024, la visite du président de la République au salon international de l’agriculture (SIA) avait été marquée par des manifestations de colère de la part d’agriculteurs très remontés. Révolte motivée aussi bien par la hausse des coûts de production que par la concurrence étrangère, la baisse des revenus, les contraintes environnementales ou encore la lourdeur des procédures administratives. Un an plus tard, l’ambiance était plus calme, ce 22 février 2025, pour le traditionnel marathon du chef de l’État. En cause, le vote in extremis le 20 février, à deux jours de l’ouverture du 61e SIA, de la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture (voir encadré) qui entend répondre aux difficultés rencontrées depuis de nombreuses années par le monde agricole.
C’est également l’objectif poursuivi par le Conseil régional d’Occitanie qui vient d’adopter un nouveau train de mesures au profit des agriculteurs du territoire. C’est ce qu’a annoncé Carole Delga à l’occasion de sa venue au salon de l’agriculture les 25 et 26 février dernier. Partie à la rencontre des 123 producteurs et des 164 éleveurs régionaux rassemblés pendant une semaine porte de Versailles à Paris, la présidente de la première région agricole de France a réaffirmé le soutien de la collectivité à la filière.
Depuis 2016, l’Occitanie a en effet plus que doublé son budget dédié à l’agriculture, premier secteur employeur d’Occitanie avec 165 000 actifs et 22 Mds€ de chiffre d’affaires. Le budget agricole de la Région s’établit ainsi à près de 77 M€ en 2025 auxquels s’ajoutent plus de 200 M€ de fonds européens gérés par la Région.
15 M€ pour soutenir la trésorerie des exploitations
« L’accompagnement des Régions est essentiel pour protéger les agriculteurs des aléas, qu’ils soient climatiques ou économiques, notamment dans les premières années d’installation, a ainsi rappelé Carole Delga lors de sa visite sur le salon. Nous allons rester offensifs pour faire émerger un modèle agricole plus résilient, plus durable et plus diversifié, et qui permette à nos agriculteurs de vivre dignement. »
Après avoir débloqué l’an dernier quelque 37 M€ d’aides exceptionnelles, l’élue en a également profité pour annoncer une nouvelle enveloppe qui viendra soutenir la trésorerie des agriculteurs pour leur permettre de faire face aux difficultés résultant des pertes de production. Dotée de 15 M€, cette aide forfaitaire est destinée aux exploitations agricoles touchées par les catastrophes climatiques et les épizooties. Elles visent celles qui ont été affectées en 2024 par une baisse d’au moins 30 % de leur production. Elle sera mise en place à partir du printemps 2025.
Un soutien plus fort aux Cuma
Face au succès rencontré en 2024 par le Dispositif Unique, un outil mis en place par le Conseil régional qui permet de soutenir massivement les investissements des exploitations agricoles et des Coopératives d’utilisation des matériels agricoles (Cuma), la Région a l’an dernier porté de 28 M€ à 52 M€ son enveloppe globale. En 2025, un appel à projets sera spécifiquement dédié aux Cuma afin de prendre en compte leur spécificité et d’encourager les investissements collectifs qui permettent, en mutualisant les moyens de production, de diminuer les charges des exploitations. 5 M€ seront mobilisés par la Région pour accompagner les projets retenus.
Trouver de nouveaux débouchés
Alors que les éleveurs sont particulièrement fragilisés, la Région prévoit de débloquer 800 000 € par an sur trois ans pour renforcer et élargir le Fonds Avance Cheptel. Lequel est destiné aux éleveurs, de toutes les filières d’élevage (sauf la filière porcine), ayant un projet d’accroissement, de remplacement d’animaux pour cause sanitaire, ou d’amélioration génétique des cheptels. L’objectif est de favoriser la recapitalisation des filières bovins viande, bovins lait et ovins.
Enfin, pour garantir des débouchés pérennes aux producteurs occitans et « des rémunérations au prix juste », la Région ouvrira dès le 1er mars sa centrale d’achat Occit’Alim à d’autres acheteurs. Cette place de marché digitale, qui approvisionne déjà 172 lycées de la région, est accessible depuis le 1er janvier 2025 à des collectivités partenaires, telles que les villes de Lavaur, dans le Tarn, Foix en Ariège, Launaguet, ainsi que le Sicoval en Haute-Garonne. L’objectif avec cet élargissement est de rassembler une quarantaine d’acheteurs supplémentaires d’ici la fin de l’année. Occit’Alim recense aujourd’hui 130 producteurs de la région et référence quelque 2 000 produits dont plus de 50 % sous labels et 40 % en bio. Depuis sa création en 2020, la plateforme a généré 2,6 M€ de chiffre d’affaires pour ses fournisseurs.
Carole Delga a également profité de son déplacement à Paris pour promouvoir son plaidoyer pour une nouvelle politique agricole commune (PAC), adopté lors de l’assemblée plénière du Conseil régional du 13 février dernier. Le texte énumère sur six grands principes et formule une trentaine de préconisations pour faire de la future PAC 2028-2034 : « une PAC plus juste, plus équitable, pour une agriculture plus forte, plus résiliente et diversifiée ».
À l’appui de ce plaidoyer, la Région prévoit d’ouvrir une large concertation avec les professionnels du monde agricole sur leurs attentes vis-à-vis de la future PAC. L’objectif est de « porter la voix des territoires les plus fragiles à l’échelle nationale et européenne », avant l’adoption des premiers textes de la PAC en 2026.