Collectivités

Inclusion au travail : FACE 31 élargit son périmètre et ses actions

Interview. FACE Grand Toulouse, devenu aujourd’hui FACE 31, club d’entreprises membre de la Fondation Agir Contre l’Exclusion, œuvre pour l’accès à l’emploi, l’éducation et l’inclusion. À travers cette nouvelle dénomination, son ambition est d’élargir ses actions à l’ensemble du territoire haut-garonnais. Explications avec Thierry Costes, directeur de FACE 31 et conseiller municipal à Cazères.

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Photo de la soirée des vœux de l'association Face 31
Face 31, qui rassemble aujourd’hui 250 entreprises, accompagne les entreprises dans leur démarche RSE. Ici lors de la soirée des vœux de l’association (©Face31).

Rappelez-nous les enjeux de l’association et son histoire ?
Thierry Costes : « L’association FACE Grand Toulouse a été créée en 2001 sous l’impulsion d’entreprises locales et de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE), en partenariat avec la collectivité territoriale du Grand Toulouse. Elle rassemble aujourd’hui 250 entreprises. Ce sont plus de 200 collaborateurs d’entreprise qui participent bénévolement à des actions auprès de près de 2 000 personnes. La Fondation FACE, présidée par Jean Castex, fédère un réseau de 48 clubs d’entreprises à l’échelle nationale. Elle a été créée en 1993 par 14 grands groupes français, et mobilise aujourd’hui plus de 6 000 responsables de PME, de PMI et de grandes entreprises contribuant à la cohésion et au développement de la société. Nous intervenons principalement sur trois champs d’action : l’emploi, l’éducation et la lutte contre la précarité. L’une de nos missions est de favoriser l’insertion professionnelle en particulier des publics éloignés de l’emploi, afin d’offrir des solutions innovantes aux entreprises et aux demandeurs d’emploi. Nous avons accompagné l’an passé 350 personnes avec un taux de sorties positives de 75 % (emploi et formation), dont 30 % dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Nous participons également chaque année en Haute-Garonne à près de sept forums de l’emploi. Par ailleurs, nous avons un vivier de 496 entreprises haut-garonnaises engagées dans le dispositif « Les entreprises s’engagent » créé par le gouvernement en 2018. Il a pour objectif de constituer un réseau d’entreprises inclusives en vue de favoriser l’accès à l’emploi de tous les publics, et notamment des publics les plus éloignés du marché du travail. En parallèle, nous menons des missions auprès des scolaires : il s’agit d’accompagner des jeunes à travers une quarantaine de dispositifs. Concernant notamment le stage de 3e et l’immersion en milieu professionnel, qui ont été identifiés comme une priorité par le ministère de l’Education nationale, nous voulons entre autres créer une passerelle entre l’école et l’entreprise. Nous collaborons ainsi avec 11 établissements scolaires et près de 40 professionnels pour favoriser le mentorat. Les entreprises nous sollicitent pour renouveler l’expérience. L’association lutte enfin contre la précarité, à la fois sur le plan social, énergétique et numérique. GRDF et la Fondation FACE se sont notamment associés pour créer Civigaz, un programme ambitieux de lutte contre la précarité énergétique et de sensibilisation à la sécurité dans les logements. Cela consiste à sensibiliser les ménages modestes aux différentes façons d’économiser l’énergie (1 000 logements ont ainsi été visités l’an dernier). Nous avons également accompagné 275 ménages vers l’accès au droit et 400 personnes sur la question du numérique, devenu essentiel dans les démarches quotidiennes. »

Démarche RSE

Photo de Thierry Costes
Thierry Costes, directeur de Face 31 (©Face 31).

À travers vos missions, l’objectif n’est-il pas d’encourager les entreprises à adopter une démarche RSE ?
Thierry Costes : « L’association FACE Grand Toulouse qui devient FACE 31 a en effet à cœur d’accompagner davantage les entreprises dans une démarche RSE et nos missions vont dans ce sens. Nous sensibilisons les entreprises sur des problématiques sociales notamment les discriminations, l’égalité femme homme, le bien-être des salariés au sein des entreprises. Nous avons aussi une carte à jouer sur le volet environnemental. Ces problématiques ont un impact fort sur les organisations qui sont de plus en plus demandeuses. Nous valorisons l’engagement des entreprises en faveur de nos actions dans leur bilan RSE. Sur le territoire toulousain, les entreprises adhérentes ont une vraie culture de l’engagement, mais il reste cependant beaucoup à faire. Nous constatons que de plus en plus d’entreprises nous rejoignent, poussées par cette quête de sens, l’engagement social étant plus prégnant depuis la crise sanitaire. Les grands groupes, qui sont dotés d’un département RSE, étaient traditionnellement davantage concernés, mais aujourd’hui les TPE et PME sont aussi très attentives à ces sujets, ce qui leur permet aussi d’attirer de nouveaux talents. En effet, les entreprises qui n’adoptent pas cette démarche et sont déconnectées de leur territoire ne séduisent plus. D’ici trois ans, nous espérons réunir 1000 entreprises. Toulouse est une ville dynamique, cette ambition n’est donc pas irréalisable. »

Quel est votre plus grand défi ?
Thierry Costes : « D’être un facilitateur entre le monde économique, le monde associatif et les institutions, de faire un trait d’union entre ces acteurs. Mais les entreprises sont nos principaux interlocuteurs. »

Le choix d’adopter une nouvelle identité intervient-il à un moment charnière ?
Thierry Costes : « Nous menons ce changement depuis un an. Ce projet a abouti en fin d’année 2023 et illustre notre volonté de renouveau. La nouvelle identité que nous avons adoptée depuis début février, à savoir FACE 31, marque la nouvelle dynamique du réseau qui se veut être au plus près des acteurs. Nous entendons travailler pour un monde plus inclusif sur l’ensemble du territoire départemental, c’est-à-dire à la fois dans les quartiers prioritaires, ce que nous faisons déjà, mais aussi dans les zones isolées. Nous allons chercher des réseaux d’entreprises qui existent déjà en vue de valoriser les actions menées. À ce titre, nous collaborons notamment avec les clubs du Comminges, du Muretain, etc. S’agissant de l’Occitanie, nous sommes présents sur sept départements que sont le Tarn, l’Aveyron, les Pyrénées-Orientales, l’Aude, l’Hérault, le Gard et la Haute-Garonne. Nous avons opté pour une animation territoriale des clubs FACE, ce qui nous permet d’avoir plus poids et de parler d’une seule et même voix avec les Régions, les entreprises, etc. De son côté, FACE 31 affiche de grandes ambitions comme d’être le référent local sur toutes les questions déjà évoquées. Pour ce faire, nous comptons déjà 30 collaborateurs à FACE 31. Des recrutements sont prévus pour accompagner notre nouvelle stratégie. »

Combien coûte l’adhésion pour les entreprises ?
Thierry Costes : « Le prix dépend de la taille de l’entreprise. Il est fixé à 100 € pour un indépendant et 2 000 € par an pour les plus grandes structures. Les entreprises adhérentes bénéficient chacune d’un interlocuteur unique pour les accompagner en fonction de leurs envies et besoins. »

Quel est votre modèle économique ?
Thierry Costes : « Notre modèle économique repose à la fois sur des fonds privés (60%) et des fonds publics (40%). Nous répondons à de nombreux appels à projet. Mais pour chaque action, nous tenons à obtenir le soutien des partenaires privés et publics. Notre budget s’élève à 1 M€ par an pour la Haute-Garonne. Pour 2024, il passe à 1,2 M€. »