Avec 218 000 embauches projetées en 2025, le marché de l’emploi ralentit en Occitanie
Emploi. Alors que le nombre de projets de recrutement diminue, France Travail met en place de nouveaux outils pour faciliter les embauches. Dans l’Hexagone, 6 000 conseillers sont mobilisés dont 560 en Occitanie, à travers la nouvelle offre de service France Travail Pro dédiée aux entreprises, avec notamment une ligne téléphonique, le 3995, accessible du lundi au samedi de 7 h 30 à 20 heures.

Dans un contexte économique tendu marqué par l’incertitude politique, pour la deuxième année consécutive, le nombre de recrutements projetés en 2025 en France diminue. C’est ce qu’il ressort de la traditionnelle étude des besoins en main-d’œuvre (BMO) que France Travail vient de publier. L’établissement, qui a sondé les entreprises entre octobre et décembre dernier, a recensé quelque 218 000 projets d’embauche en Occitanie, soit 9 % des projets nationaux (2,4 millions).
Ralentissement du marché du travail
Un nombre en recul de 16,7 % en un an (-12,5 % au national) qui fait suite à une précédente baisse de 6,5 % enregistrée en 2023 (-8,5 % dans l’Hexagone). Cela correspond à près de 44 000 recrutements de moins sur douze mois. Il faut remonter sept ans en arrière pour retrouver un nombre de projets d’embauche de ce niveau (225 760 en 2018).
« Cette baisse est générale. Elle affecte toutes les régions et tous les secteurs d’activité », précise Karine Meininger, directrice régionale de France Travail Occitanie, qui a présenté les résultats de l’étude pour la région le 14 avril dernier dans les locaux de l’entreprise Engie Solution, dans la zone industrielle du Chapitre à Toulouse.
Seuls 23 % des entreprises déclarent avoir l’intention d’embaucher cette année, le surcroît d’activité ponctuel restant le premier motif de recrutement. C’est cinq points de moins qu’il y a un an (après -2 points en 2023). Bonne nouvelle toutefois, 63 % des projets d’embauches concernent des emplois durables (CDI ou CDD de six mois ou plus). 43 % de ces projets émanent de TPE de moins de 10 salariés et un quart d’entreprises de 10 et 49 salariés.
Le secteur des services premier employeur régional
Si les services demeurent, et de loin, les plus pourvoyeurs d’emplois avec 64 % des intentions d’embauches (dont 28 % pour les services aux particuliers), certains secteurs enregistrent un très net recul des projets de recrutement. C’est le cas de la construction (-33 %) avec 11 700 projets, des services aux entreprises (-22 %) avec 43 100 projets ainsi que de l’hébergement et la restauration (-17 %) avec 37 200 projets. L’industrie représente 4 % du total des intentions d’embauches avec un peu plus de 9 300 projets, en recul de 16 % sur un an.
Le top dix des métiers les plus recherchés reste quasiment inchangé d’une année sur l’autre, avec en tête des projets de recrutement, les aides à domicile et auxiliaires de vie (+2 places), les aides soignants (+2), les aides de cuisines et employés polyvalents de la restauration (-2), les agents d’entretien de locaux (-2), les infirmiers et sages-femmes (0), les personnels de ménages chez les particuliers (+1), les employés de libre service (+3), les serveurs de cafés restaurants (-2). Deux métiers font leur entrée dans le classement : les conducteurs routiers en neuvième position et les professionnels de l’animation socioculturelle à la dixième place.
Particularité régionale, près de 43 % des projets de recrutement du territoire sont saisonniers (contre 31 % à l’échelle nationale) car liés à l’agriculture et au tourisme. À noter que ce taux de saisonnalité progresse de 3,8 points sur un an en Occitanie (+1,3 point au national). Après la Corse et la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie est la troisième région française où ce taux est le plus élevé.
Difficultés de recrutement en baisse
Seul point « positif » : la part des recrutements jugés difficiles diminue une nouvelle fois, passant d’un peu moins de 53 % (-5,4 points) en 2024 à près de 47 % en 2025 (-5,6 points). La pénurie de candidats et l’inadéquation des profils demeurent les principales difficultés de recrutement : ces motifs sont invoqués respectivement par 80 et 79 % des recruteurs. Les conditions de travail proposées (horaires, pénibilité, salaire) figurent en troisième position : elles sont citées par 35 % des chefs d’entreprise.
L’Occitanie se situe ainsi au troisième rang français avec le taux de difficulté le plus faible, après l’Île-de-France et les Hauts-de-France. Un recul lié à la diminution des intentions d’embauches mais aussi au niveau de chômage.
Avec les Hauts-de-France, l’Occitanie connaît en effet le plus fort taux de chômage de France métropolitaine (8,7 % contre 7,1 % pour l’Hexagone au quatrième trimestre 2024), avec des pointes à 12,1 % dans les Pyrénées-Orientales ou 10,1 % dans l’Hérault, deux départements où les difficultés de recrutement plafonnent à 40 et 44 %. Maçon, aides à domicile, ouvriers mécaniciens, coiffeurs et assistantes maternelles constituent le top cinq des métiers où le taux de difficultés est le plus élevé.
Lancement de France Travail Pro
Face au ralentissement du marché du travail, l’accompagnement des entreprises est devenu un enjeu majeur pour France Travail qui a lancé le 24 octobre dernier la marque France Travail Pro, un bouquet de services et d’outils RH afin de mieux accompagner les entreprises dans toutes les étapes de leurs recrutements. Un numéro unique, le 3995, leur est dédié, accessible de 7 h 30 à 20 heures du lundi au samedi inclus.
À l’échelle nationale, 6 000 conseillers sont dédiés à l’accompagnement des entreprises dont 560 en Occitanie sur un total de 5 200 collaborateurs en région. « France Travail Pro constitue un grand changement pour nos équipes de conseillers », détaille Karine Meininger. Et d’ajouter :
Désormais, il s’agit d’aller au devant des employeurs du territoire et de construire avec eux des solutions, mais aussi de coordonner à l’échelle locale toutes les actions de nos partenaires, Cap Emploi et Missions locales. »
Dans ce contexte, la directrice régionale veut multiplier les actions de prospection. Alors que 17 900 ont été menées l’an dernier, l’objectif est d’atteindre les 40 000 en 2025. L’occasion pour l’établissement public de mieux faire connaître le panel de solutions qu’il met à disposition des entreprises pour faciliter les embauches. Parmi ceux-ci on peut citer les stages d’immersion (près de 23 000 en 2024), la méthode de recrutement par simulation (plus de 7 660) ou encore la préparation opérationnelle à l’emploi (plus de 10 430) qui permet de se former aux besoins de l’entreprise.