Collectivités

L’Université de Toulouse pilote un projet de 7,5 M€ pour rapprocher recherche et entreprises

Innovation. Rapprocher deux mondes qui s’ignorent trop souvent, les entreprises et la recherche académique, c’est le rôle des Pôles universitaires d’innovation initiés en juillet 2023. Bénéficiant d’une dotation de 7,5 M€, celui de Toulouse a été présenté le 21 octobre 2024 aux acteurs économiques. Objectif : faciliter l’innovation au sein des entreprises, accélérer les transferts de technologie et favoriser la création de start-up.

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Pour les chercheurs de l’Université de Toulouse qui souhaitent valoriser leurs travaux à travers la création d’entreprise, comme pour les start-up qui souhaitent se développer via des collaborations de R&D, UT Innovation propose différents types d’accompagnement dont certains sont thématiques, à l’image du programme Lanceur d’étoile qui vise à propulser et accélérer les start-up dans le domaine aéronautique, spatial et défense. Un point d’étape du dispositif a eu lieu le 3 octobre 2024 à l’ISAE-SUPAERO. (©Lanceur d’étoile)

Depuis 2010, les 13 Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT) que compte le territoire français ont favorisé la signature de près de 1 950 licences d’exploitation et soutenu la création de 837 start-up. Si le bilan de ces structures chargées de détecter, protéger et conduire les inventions des chercheurs jusqu’au marché, est honorable, c’est encore trop peu au regard des objectifs du président de la République, qui ambitionne de créer 500 start-up par an à partir de la recherche publique.

Pour accélérer le passage du laboratoire à l’entreprise et favoriser la recherche partenariale, la loi de programmation de la recherche 2021-2030, a créé les pôles universitaires d’innovation (PUI). Ils ont pour vocation de rendre plus lisible l’offre de transfert de connaissances et de technologies et de fluidifier les relations et les partenariats public-privé. Appuyé sur les spécificités de chaque territoire, ils permettent de mettre en place une stratégie à l’échelle d’un grand site universitaire et d’organiser les échanges avec le monde économique en associant étroitement les acteurs du site : universités, grandes écoles, SATT, incubateur

Après une première phase d’expérimentation menée depuis novembre 2021 autour de cinq universités pilotes dont celle de Montpellier, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a annoncé en janvier 2023 une enveloppe de 165 M€, dans le cadre du plan France 2030, destinés au déploiement des PUI à grand échelle.

Rapprochement entre recherche et industrie

À l’issue d’un appel à projet, 29 lauréats ont été désignés en juillet 2023. Parmi eux, celui de Toulouse : UT Innovation, qui se voit doter d’une enveloppe de 7,5 M€ tandis que celui de Montpellier bénéficie d’une dotation totale de 9 M€ sur l’ensemble des deux phases.

Stéphanie Limouzin, CEO de CLS Group, est la présidente du comité d’orientation stratégique d’UT Innovation, lequel est composé d’une cinquantaine d’acteurs socioéconomiques. (©CLS Group)

Encore peu connu, ce nouvel outil a été présenté le 21 octobre dernier à Toulouse. Doté d’un comité d’orientation stratégique présidé par Stéphanie Limouzin, directrice générale adjointe de CLS Group, le PUI toulousain est porté par l’Université de Toulouse, chef de file du projet, et ses 15 établissements membres [1], en partenariat avec la SATT Toulouse Tech Transfer, l’incubateur régional Nubbo et les sept organismes nationaux de recherche présents sur le site toulousain, à savoir le CNRS, l’INRAe, l’Inserm, le CNES, l’Onera, Météo France et l’IRD.

Pour Carole Delga, présidente de la Région Occitanie qui soutient cette initiative, le lancement d’UT Innovation est un moment important car explique-t-elle, « ce Pôle symbolise ce rapprochement croissant entre recherche et industrie, qui permet de renforcer la compétitivité des entreprises et la souveraineté du territoire, va favoriser le développement des emplois de demain. » Et d’ajouter :

Je suis convaincue que le PUI contribuera à transformer les découvertes scientifiques des laboratoires en projets économiques, créateurs d’emplois et d’innovation. »

Des outils à disposition des entreprises et les chercheurs

Pour favoriser l’innovation au sein des entreprises, UT Innovation met à leur disposition un réseau d’ingénieurs d’affaires issus de l’ensemble de ses membres, offrant ainsi aux entreprises un accès simplifié aux nombreux laboratoires du site toulousain. L’Université de Toulouse met également à leur service un outil en ligne, LabConnect qui recense l’offre de plateformes de recherche et de laboratoires prêts à collaborer avec les entreprises, ainsi qu’un accompagnement technique et stratégique, depuis la mise en place d’un projet de recherche partenariale jusqu’au transfert de technologie et la création d’entreprise.

Fort de 7 000 chercheurs, 145 laboratoires, 15 universités et grandes écoles, sept organismes nationaux de recherche, « notre écosystème académique constitue une véritable richesse pour notre région », rappelle Michael Toplis, président de l’Université de Toulouse. Et d’ajouter :

Avec le soutien de l’État et de la Région Occitanie, ce pôle incarne un engagement collectif en faveur de la recherche et de l’innovation, pour répondre aux défis de société et contribuer au développement de notre territoire. »

Un guichet dédié aux start-up

À travers ce rapprochement entre laboratoires de recherche et entreprises, et la mise en place de dispositifs de sensibilisation et de formation adapté, les promoteurs d’UT Innovation espèrent également développer l’esprit d’innovation et de valorisation, voire d’entrepreneuriat, des doctorants et chercheurs de l’Université de Toulouse.

Pour ceux, parmi ces derniers, qui souhaitent justement valoriser leurs travaux en créant une entreprise, comme pour les start-up qui veulent se développer via des collaborations de R&D, UT Innovation propose un accompagnement via un programme de pré-incubation deeptech cogéré par Toulouse Tech Transfer et Nubbo.

Des dispositifs d’accompagnement par thématique, regroupés sous l’appellation UT Starter, doivent également voir le jour. Sur le modèle de Lanceur d’étoiles, dispositif précurseur dédié au secteur aéronautique, spatial et défense, plusieurs sujets seront ciblés : les medtechs et biotechs, les ressources vertes et le développement durable, la mobilité, l’énergie et les mutations industrielles.

[1L’Université de Toulouse est une Communauté d’universités et d’établissements expérimentale, qui rassemble sept membres fondateurs (l’université Toulouse Capitole, l’université Toulouse Jean Jaurès, l’université Paul Sabatier, Toulouse INP, l’INSA Toulouse, l’ISAE-SUPAERO, l’Institut national universitaire Champollion), et huit autres membres (l’École nationale de l’aviation civile, l’École nationale d’ingénieurs de Tarbes, l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse, l’École nationale vétérinaire de Toulouse, l’École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole, l’Institut catholique d’arts et métiers, l’École nationale supérieure des mines d’Albi-Carmaux et Toulouse Business School).