Douanes de Toulouse : la traque aux fraudeurs se fait aussi désormais sur internet

Le 15 avril dernier, le directeur régional des douanes de Toulouse, Max Ballarin, a présenté les chiffres de l’année 2024, lors d’une conférence de presse organisée depuis leur siège situé 7 place Alphonse Jourdain, dans le quartier Compans Cafarelli. Il est revenu sur les différentes missions de la douane, notamment la régulation du flux de marchandises, ainsi que les saisies opérées par ses 316 agents.

Ces derniers interviennent dans les huit départements de l’ex-région Midi-Pyrénées, soit une grande diversité de territoires urbains, ruraux et viticoles. L’occasion également pour le directeur régional d’annoncer la naissance d’une cellule cyberdouane pour lutter contre les fraudes sur internet.

Lutte contre la cybercriminalité

En effet, en plus d’être sur le terrain, les douanes exercent également leur contrôle sur la Toile. Cette cellule « cyberdouane », en cours de création à Toulouse, a pour vocation de surveiller les ventes de marchandises prohibées sur les sites grand-public et sur les réseaux sociaux. « Nous allons désormais traiter la vente sur internet que tout le monde peut voir, notamment sur Facebook », détaille Max Ballarin.

Pourquoi ? Parce que de plus en plus de personnes postent des annonces pour vendre des produits lambda, mais proposent en commentaire ou en description des produits illicites. De nombreux sites internet se font aussi passer pour des pharmacies et proposent la livraison à domicile. « C’est la grosse nouveauté de ces dernières années et on pense que cette cellule cyberdouane va représenter 80 % de nos perquisitions ».

254 000 paquets de cigarettes saisis

En 2024, la douane a saisi plus de 4,5 tonnes de stupéfiants, retiré du marché environ 225 000 articles de contrefaçon et intercepté près d’une centaine d’armes à feu. Des chiffres stables par rapport à 2023. Sans grande surprise, le tabac de contrebande représente les plus grosses saisies avec plus de cinq tonnes collectées, ce qui représente « 254 000 paquets de cigarettes », ajoute Max Ballarin.

La brigade d’Ax les Thermes a notamment mis la main sur de grandes quantités de tabac à plusieurs reprises. En février 2024 par exemple, 1773 kg de cigarettes et de tabac ont été retrouvés dans un véhicule, et en mars plus de 129 kilos, portés sur le dos dans des ballots. À noter que la direction régionale des douanes de Toulouse a dû faire face à « 23 passages de vive force et 47 oppositions au contrôle ».

Le service de l’État explique l’importance de la contrebande de cigarettes par le différentiel de prix croissant avec les pays voisins comme l’Espagne et l’Andorre. Un paquet coûte en moyenne 13 € en France contre 4 et 7 € aux frontières. Selon le directeur régional, ce trafic est alimenté aussi bien par des organisations criminelles sophistiquées que par des personnes avec « un emploi stable » cherchant à « se procurer des revenus supplémentaires ».

Des chaînes parallèles de distribution se développent également, notamment dans les magasins d’alimentation, les épiceries de nuit et les bars à chicha. Pour essayer d’enrayer ce trafic, la direction de Toulouse recourt de plus en plus à la judiciarisation pour les saisies les plus importantes ou en cas de récidives. Le message pour l’infracteur est clair : « C’est la tolérance zéro ! », prévient Max Ballarin.

1,7 M€ de fraude financière

Moins connues que le trafic de drogues, les infractions financières sont pourtant très répandues, notamment aux frontières espagnole et andorrane où la douane sanctionne les manquements à l’obligation déclarative de capitaux, s’élevant à 1,7 M€ en 2024. « Vous pouvez transporter de l’argent liquide librement, mais vous devez le déclarer au-delà de 10 000 € si vous franchissez une frontière française », rappelle Max Ballarin.

L’an passé, la douane a confisqué plus de 300 000 € au titre du blanchiment douanier et a relevé 32 cas de manquements à l’obligation déclarative de capitaux pour un montant supérieur à 600 000 €. « Souvent, des caches sont aménagées dans les voitures pour transporter de l’argent liquide, comme au péage de Cahors Nord sur l’A20. En juin dernier, c’est là que la brigade de Montauban a retrouvé une liasse de billets sous cellophane. »