Emploi cadre : l’Occitanie résistera-t-elle à la nouvelle dégradation prévue en France en 2025 ?
Emploi. Les recrutements de cadre ont nettement baissé l’an dernier en France (-8%) et en Occitanie (-10%), soit 17 440 embauches réalisées en région. Pessimiste, l’association pour l’emploi des cadres (Apec) prévoit une nouvelle dégradation du marché de l’emploi cadre en 2025. Sauf dans quatre régions dont l’Occitanie où le niveau des recrutements devrait se stabiliser.

Le contexte international tendu et surtout l’incertitude budgétaire mêlée à l’instabilité politique en France ont pesé sur le niveau des recrutements de cadres en 2024. C’est ce que montrent les chiffres collectés par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) qui vient de publier un bilan de l’année écoulée ainsi que ses prévisions pour 2025.
Alors qu’on observait depuis près de 10 ans une hausse continue du nombre des recrutements de cadres en France, seulement stoppée en 2020 par le Covid, le marché de l’emploi cadre au niveau national a en effet connu « une sévère correction », assure l’association. 303 400 cadres ont ainsi été recrutés dans l’Hexagone en 2024, soit 8 % de moins qu’en 2023. Une baisse principalement liée « à la contraction des investissements des entreprises, une première depuis 2009 (hors crise sanitaire). ».
En Occitanie, l’atterrissage n’est pas moins rude : 17 440 cadres ont été recrutés en région en 2024, c’est 10 % de moins qu’un an auparavant. « Ce recul est particulièrement prégnant dans les activités informatiques et l’ingénierie R&D », note Cyrille Longuépée, déléguée régionale de l’Apec, qui a présenté le 3 avril à Toulouse, aux côtés de Corinne Saurat, consultante relations entreprises, les chiffres pour la région. Pour autant, en Occitanie, les fonctions informatique et ingénierie R&D forment avec la fonction commercial marketing le trio de tête des recrutements de cadres réalisés l’an dernier, représentant respectivement 22 %, 19 % et 15 % du total.
Retournement du marché
Le nombre de recrutements observé l’an dernier en région reste cependant supérieur au chiffre de 2022 ce qui fait dire à la déléguée régionale de l’Apec que « nous ne sommes pas face à une dégradation ni un affaissement, mais plutôt sur un retournement de tendance. » Point positif : le nombre de créations nettes de postes cadre [1] a progressé l’an dernier, pour atteindre le chiffre de 5 250 en région (+250 postes par rapport à 2023), grâce notamment à une hausse conséquente des promotions internes.
En 2025, selon les prévisions de l’Apec, le marché de l’emploi cadre devrait affiché un nouveau recul, avec 292 600 recrutements projetés, représentant -4 % sur un an. En Occitanie, les chefs d’entreprise interrogés se montrent très prudents. L’association pronostique un niveau de recrutement stable, soit 17 490 prévus cette année. À noter, qu’outre l’Occitanie, trois autres régions (Bretagne, Nouvelle-Aquitaine et Paca) envisagent une stabilisation des embauches, les autres tablant sur une dégradation de l’emploi cadre.
Les cadres débutants les plus touchés
En Occitanie où 71 % des recrutements devraient émaner de PME, 17 % des projets d’embauche concernent l’industrie (contre 14 % en France), preuve selon Cyrille Longuépée de la « résilience et du dynamisme » de ce secteur d’activité en région. En parallèle, 70 % des recrutements projetés émanent des entreprises du secteur des services dont 34% dans les services à haute valeur ajoutée (activités informatiques, ingénierie-R&D, conseil, banque-assurance).
Les cadres débutants, déjà fortement impactés par la contraction des recrutements en 2024 (-19 % sur le plan national), pourraient bien pâtir à nouveau de ce retournement de tendance. Le nombre de projets d’embauche les concernant affiche une nouvelle baisse de 16 % en 2025. Dans un tel contexte, « les entreprises privilégient les profils disposant déjà de quelques années d’expérience, jugés plus immédiatement opérationnels », précise l’Apec. De fait, les cadres de 1 à 10 ans d’expérience professionnelle devraient représentaient à eux seuls 60 % des embauches attendues dans l’Hexagone cette année.
Encore faut-il prendre ces prévisions avec des pincettes, prévient l’Apec car « l’instabilité du contexte géopolitique et les risques de guerre commerciale pourraient avoir un effet récessif d’ampleur et peser encore davantage sur les investissements des entreprises ». Comme pourraient également peser négativement, cette fois sur le plan intérieur, l’objectif de résorption des déficits publics.
[1] recrutements + promotions – sorties/départs