Collectivités

En Tarn-et-Garonne, l’immobilier confronté à une crise de l’offre et de la demande

Immobilier. Le 2 octobre 2024 à Montauban, Julien Lacombe, délégué de la chambre des notaires de la cour d’appel de Toulouse, en charge de l’immobilier du Tarn-et-Garonne, a présenté les derniers chiffres de l’immobilier dans le département. Sous l’effet de la hausse des taux et de l’incertitude politique, le marché s’est grippé, avec des baisses de volume de 26 % en un an. Du jamais vu !

Lecture 5 min
Photo de la place Antoine Bourdelle
Entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, le prix des appartements anciens en Tarn-et-Garonne a stagné (-0,9 %). Ici, à Montauban, le prix médian au mètre carré s’affiche à 1 900 € (+0,1 % en un an). (©Didier Descouens, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

Malgré la légère baisse des taux d’emprunt, la situation du marché immobilier en Tarn-et-Garonne continue de se dégrader. Après un recul de 24 % du nombre des transactions observé par les notaires du département pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2023, six mois plus tard, cette chute s’est encore aggravée. Entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, la baisse du volume de transactions atteint 26 % tous biens confondus, soit 3 770 ventes enregistrées sur la période. « Un niveau que nous n’avions pas connu depuis 2015. On a fait un bond en arrière de 10 ans en un an en terme de volume », assure Julien Lacombe, délégué départemental en charge de l’immobilier du Tarn-et-Garonne à la chambre des notaires de la cour d’appel de Toulouse.

Tous les segments de marché ont été affectés par cet effondrement. Les ventes de terrains à bâtir qui avaient déjà très fortement chuté sur la période précédente (de l’ordre de 40 %), ont enregistré un nouveau recul de 33 %. Les ventes d’appartements anciens ont, elles, baissé d’un quart et celles des maisons anciennes, qui constituent le cœur du marché tarn-et-garonnais, ont diminué de 27 %.

Psychologie collective

Cet effondrement du volume des ventes ne s’est toutefois pas traduit par une brutale chute des étiquettes. Les prix de vente médians des maisons anciennes ont ainsi reculé de 5,4 % sur le département, à peu près au même rythme que les prix des terrains à bâtir, en recul de 5,9 %. En revanche, les prix des appartements anciens ont stagné (-0,9 % sur un an).

« Nous sommes face à la fois à une crise de l’offre et de la demande, estime le notaire. À savoir qu’il n’y a pas tant de biens à la vente que cela. Les vendeurs sont dans une posture d’attente. Et les acheteurs, qui espèrent une baisse des taux et des prix, également. »

Pour le professionnel de l’immobilier, « il y a un effet psychologique très important ». Et de préciser :

L’ambiance est très particulière, tant au niveau national avec la crise politique, qu’au niveau international. Les Français ont dès lors tendance à plus épargner, à moins consommer. Cet effet psychologique négatif impacte le marché immobilier comme le reste.

Dans ce climat morose, certains segments de marché se portent toutefois mieux que d’autres. « Entre 150 K€ et 250 K€, c’est très compliqué. Il n’y a quasiment rien. Mais dès qu’on monte au-dessus et même sur les plus hauts prix, le marché est toujours actif », précise le notaire.

Le fond de la piscine

À quoi s’attendre dans les prochains mois ? Julien Lacombe espère que la baisse des taux, qui a commencé depuis un an, avec des taux désormais ramenés à 3,5 % sur 25 ans, finira par relancer le marché. Le professionnel se dit surtout inquiet de la disparition, parmi les profils d’acquéreur, du primo accédant qui est pourtant « le premier maillon d’une chaine de vente ».

« Si le nouveau gouvernement prend le dossier en main et redéfinit les critères d’octroi de prêt, le marché peut repartir, estime Me Lacombe. Même s’il y a beaucoup d’inconnues, je pense toutefois que nous avons atteint le fond de la piscine, en terme de volume. Je ne vois pas comment nous pourrions aller plus mal ».

Quid de l’évolution des prix ? Le notaire tarn-et-garonnais ne croit guère à une forte baisse compte tenu de la crise du logement qui sévit par ailleurs. Tout au plus, estime-t-il, « il peut y avoir de petits réajustements, de 5 à 10 % maximum. » Et de conclure : « Quoi qu’il en soit, les Français ne vont pas différer leur projet ad vitam aeternam.