Incendie dans l’Aude : après les 8 M€ débloqués par l’État, Carole Delga réclame un grand plan national pour l’Occitanie
Agriculture. Présente le 14 août à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse dans l’Aude aux côtés de la ministre de l’Agriculture, la présidente Carole Delga a appelé le gouvernement à prendre des mesures fortes et surtout rapides pour garantir l’accès à l’eau et simplifier la construction de retenues collinaires. L’élue plaide également pour la création d’un plan national « Occitanie Résiliente » à l’image de celui lancé en 2021 pour Marseille.

Pour venir en aide aux agriculteurs et viticulteurs audois impactés par l’incendie qui a dévasté début août une partie du massif des Corbières, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, en visite dans le département le 14 août dernier, a annoncé le déblocage d’un fonds d’urgence de 8 M€.
Pour rappel, entre le 5 et le 10 août, le feu a traversé 16 communes et ravagé 16 000 ha de végétation, dont 4 100 ha de garrigues et de landes, 4 700 ha de résineux, 800 ha de taillis et 2 200 ha de cultures. 36 habitations, une vingtaine de hangars agricoles et de nombreux véhicules ont également été détruits. Le bilan humain est également très lourd puisque l’incendie a fait un mort et plusieurs blessés, dont deux graves.
Un incendie particulièrement destructeur
Ce fonds d’urgence doit permettre « d’indemniser à la fois les pertes de récoltes, les pertes de fonds, quand la vigne est détruite par exemple, et la destruction de bâtiments et de matériels agricoles », a précisé la ministre à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Ces aides seront complétées par « un dispositif fiscal qui permettra d’exonérer de taxe foncière les exploitants et ceci à la discrétion des préfets », a par ailleurs annoncé Annie Genevard.
Après l’incendie dans l’Aude et la venue du Premier ministre, j’ai tenu à être aux côtés des agriculteurs sinistrés.
J’ai annoncé un fonds d’urgence de 8 millions d’euros pour soutenir la filière viticole et les exploitants agricoles durement touchés.
Le gouvernement sera au… pic.twitter.com/H9J4cYlObS
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) August 14, 2025
L’Occitanie, la région la plus exposée aux risques climatiques
Présente également sur place pour aller à la rencontre des services de secours et des sinistrés, la présidente de la Région Occitanie Carole Delga a participé à une réunion avec la ministre de l’Agriculture, les élus locaux et les vignerons. L’occasion pour l’élue socialiste d’annoncer une série de premières mesures d’urgence et la mise en oeuvre, en lien avec le Département de l’Aude, d’un dispositif similaire à celui mobilisé en 2018 pour les communes touchées par d’importantes inondations.
La présidente de Région a ainsi annoncé la mise en place d’un guichet unique pour les formalités (Incendieaude2025@laregion.fr – 05 61 33 55 30). Objectif : accompagner les professionnels en difficulté sur la base d’un inventaire précis. Cette mission s’effectuera en liaison avec la chambre d’agriculture, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) et la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA).
« Notre région doit faire l’objet d’un traitement exceptionnel du fait de sa situation exceptionnelle. […] Nous sommes en effet le territoire le plus exposé aux risques climatiques : sécheresses, incendies, inondations, etc. Les événements malheureusement le prouvent. Ce que subit l’Occitanie aujourd’hui, demain les autres régions le subiront à leur tour », a averti Carole Delga avant d’en appeler directement au président de la République à lancer un plan national « l’Occitanie Résiliente » sur le modèle du plan « Marseille en grand » mis en place en 2021 :
Le gouvernement doit reconnaître la spécificité de ce territoire à travers une adaptation réglementaire, comme je l’ai déjà demandé, et par un plan d’investissement massif coordonné. […] Il faut retrouver un État stratège, planificateur et préparer l’avenir : prévenir coûte bien moins cher que guérir. »
Mobiliser tous les moyens, y compris européens
En attendant ce plan, l’élue plaide d’ores et déjà pour accélérer et faciliter l’accès à l’eau dans l’est audois, en première ligne face aux sécheresses et aux canicules. « Je pense au réseau Aqua Domitia pour acheminer l’eau du Rhône mais aussi, dans les zones escarpées comme les Corbières, à des solutions locales d’irrigation : maillage, retenues collinaires, réutilisation d’eaux usées, captages… Et pour accélérer, il faut impérativement des adaptations réglementaires », a-t-elle- insisté.
Concernant la construction de ces ouvrages de stockage de l’eau qui, pour mémoire, sont remplies par les eaux de ruissellement et sont déconnectés du réseau hydrographique, Carole Delga demande à l’État de définir sans attendre leur nombre et leur dimensionnement. Autre enjeu soulevé par l’intéressée : la nécessité d’aller vite.
Nous avons absolument besoin d’avoir de la souplesse et de la rapidité dans les autorisations administratives. Nous sommes aujourd’hui immobilisés dans de nombreux projets par des contraintes réglementaires. Il faut assouplir et simplifier ce qui ressemble pour beaucoup à une usine à gaz. »
La présidente de Région a également demandé à la ministre de mobiliser tous les moyens, y compris européens, pour maintenir l’activité viticole sur le territoire, rempart le plus efficace contre le feu, et relancer la polyculture.
Qualifié de pire incendie sur le pourtour méditerranéen depuis plus de 50 ans selon la Base de données sur les incendies de forêts (BDIFF), ce feu pourrait avoir « une cause criminelle résultant d’un acte volontaire », a indiqué le procureur de la République de Montpellier Fabrice Belargent dans un communiqué la semaine dernière.