L’entrepreneuriat partout et pour tous : l’Adie Occitanie sollicite entreprises et collectivités
Financement. L’association pour le droit à l’initiative économique, qui soutient l’entrepreneuriat par le biais du micro-crédit, a accordé 10 M€ de financements en 2024 en Occitanie. Elle projette de créer ou maintenir 5 000 emplois sur son territoire d’ici 2027. Pour ce faire, elle demande un soutien plus appuyé des entreprises et des collectivités pour développer l’entrepreneuriat dans les quartiers prioritaires et en zone rurale.

L’entrepreneuriat n’a jamais autant séduit les Français. Pour preuve, l’Insee a enregistré l’an dernier 1 111 200 créations d’entreprises, un nouveau record (+6 %, après -1 % en 2023). Le nombre de micro-entrepreneurs a, lui aussi fortement augmenté de 7 % en 2024, soit 716 200 créations d’entreprises en un an, le plus haut niveau jamais atteint.
En Occitanie, où le nombre global de créations d’entreprise a progressé de 6,3 %, une bonne partie de ces micro-entrepreneurs ont bénéficié de l’appui de l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) d’Occitanie. Fondée en 1989 et implantée en région depuis 1996, la structure s’est donnée pour mission de favoriser la création d’entreprise par l’octroi de micro-crédits jusqu’à 12 000 € et l’accompagnement des porteurs de projet. Elle dispense également des financements pour lever les freins à la mobilité (achat ou réparation d’un véhicule, permis de conduire).
10,4 M€ accordés en 2024
L’Adie Occitanie, qui compte 48 salariés et 70 bénévoles, répartis sur tout le territoire à travers ses 16 agences, a distribué l’an dernier plus de 10,4 M€ de micro-crédits, un chiffre record en hausse de 5,1 %, à quelque 2 303 clients (+14 %). Dans le détail, elle a accordé 3 216 crédits (+13 %) dont 1 903 micro-crédits professionnels (+21 %) et 586 micro-crédits mobilité.
« Nous soutenons des personnes qui pour lancer leur activité ont un besoin de financement réduit mais n’ont pas accès aux prêts bancaires traditionnels », rappelle Christophe Nicaud, directeur régional de l’Adie. Ces micro-entrepreneurs sont pour 41 % des femmes et pour 34 % bénéficiaires des minima sociaux. Un quart d’entre eux ont moins de 30 ans, n’ont pas de diplôme et vivent en zone rurale. 15 % enfin habitent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
Un levier essentiel d’insertion
Des bénéficiaires qui exercent des activités très variées : depuis le commerce (26 % des financements) jusqu’aux services à la personne (14 %), en passant par la restauration (8%), le bâtiment (8%), le transport (6%)… « La dernière étude d’impact que nous avons réalisée l’an dernier montre que 81 % des entreprises créées grâce à notre appui existent toujours deux ans après », se félicite le directeur régional. Le taux de pérennité à trois ans atteint, lui, 78 %. Un excellent score sachant que selon l’Insee, le taux de survie à trois ans des micro-entrepreneurs ne dépasse pas 46 % dans l’Hexagone.
L’Adie mesure également régulièrement l’impact de son action sur l’insertion professionnelle et sociale des personnes qu’elle finance. Ainsi, 95 % d’entre elles sont insérées professionnellement, « ce qui signifie que la création d’entreprise leur a réellement permis de monter en compétence », ajoute l’intéressé. Une expérience qui peut être valorisée, en cas d’échec et de retour à l’emploi salarié.
Une réforme profondément injuste et contreproductive
L’association, qui fêtera en 2026 ses 30 ans de présence en Occitanie, se donne pour objectif de créer ou maintenir 5 000 emplois sur les deux prochaines années. Un objectif « ambitieux compte tenu du contexte d’incertitude économique », admet Christophe Nicaud qui pointe un autre danger potentiel : l’abaissement à 25 000 € du seuil de chiffre d’affaires à partir duquel les auto-entreprises devront s’acquitter de la TVA. Introduite par la loi de finances 2025, la réforme, qui devait s’appliquer au 1er mars, est pour l’heure suspendue jusqu’au 1er juin.
Ce seuil unique, bien inférieur à ceux auparavant en vigueur, à savoir 93 500 € pour les commerces et 37 500 € pour les activités de services, vise selon le gouvernement à corriger une distorsion de concurrence entre professionnels soumis à la TVA et ceux bénéficiant de l’exemption. L’Adie comme la Fédération nationale des auto-entrepreneurs et micro-entrepreneurs (FNAE), demande l’abrogation d’une « réforme profondément injuste et contreproductive qui condamnerait des dizaines de milliers d’entrepreneurs aux faibles revenus », assure le directeur régional.
Appel aux entreprises et aux collectivités
Pour atteindre son objectif de 5 000 emplois créés ou maintenus, l’Adie a décidé de lancer un appel au mécénat et aux investissements auprès des entreprises de la région « qui partagent ses valeurs de solidarité, de responsabilité, de justice économique et sociale ». Elle souhaite en effet intensifier son action notamment dans les QPV et en zone rurale.
Avec l’appui du dispositif Entrepreneuriat Quartiers 2030 déployé par Bpifrance, l’association ambitionne ainsi de financer d’ici 2027 quelque 1 200 entrepreneurs issus des QPV, soit un client sur cinq contre 15 % actuellement. Elle a décidé de créer pour ce faire deux nouvelles agences à Perpignan et Montpellier, une mesure accompagnée du recrutement de sept conseillers supplémentaires dédiés aux QPV.
En parallèle, outre les permanences qu’elle organise régulièrement dans les territoires ruraux, l’Adie vient, grâce à son agence mobile, de démarrer des tournées dans le département du Lot qui se poursuivront tout au long du mois d’avril. D’autres sont d’ores et déjà projetées en mai et juin dans le sud Aveyron.
Autre priorité pour l’Adie : la mobilité. Cette fois, l’association en appelle aux collectivités pour financer la mobilité des plus démunis, sachant qu’une personne sur deux a déjà renoncé à un travail ou à une formation, faute de moyens pour se déplacer. « Le microcrédit mobilité est essentiel pour l’insertion professionnelle des plus modestes, mais également pour moderniser leur parc avec des véhicules moins polluants : un point essentiel à l’heure où se déploient les Zones à faible émission (ZFE) », assure Christophe Nicaud.
Or, même en complément des aides publiques, les microcrédits dispensés par l’Adie ne suffissent pas à compenser leurs faibles moyens. Et de conclure : « Nous avons besoin que les pouvoirs publics se saisissent plus largement de cette problématique pour aider ceux qui en ont le plus besoin. »