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L’économie haut-garonnaise à nouveau à l’épreuve ?

Économie. En Haute-Garonne, après le trou d’air de 2020, l’activité économique a rebondi, sans toutefois retrouver le niveau d’avant-crise. En 2022, les chefs d’entreprise restent globalement optimistes. Mais l’incertitude enfle, en lien avec la crise ukrainienne.

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La dynamique économique retrouvée en Haute-Garonne résistera-t-elle aux nouvelles incertitudes que soulève la crise en Ukraine ? Le vice président de la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse, Philippe Léon, et Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France, qui ont présenté le 11 mars la traditionnelle enquête de conjoncture annuelle, n’ont pas de boule de cristal, mais ce dernier se veut rassurant. « Notre économie nationale, régionale et départementale, est entrée dans cette crise assez robuste, avec des carnets bien remplis, des entreprises qui ont de la trésorerie, qui ont fait une belle année 2021. C’est incontestablement un atout. Il est trop tôt pour mesurer l’impact de la guerre en Ukraine sur notre économie, mais selon nos analyses, le principal canal de transmission se fera via les matières premières et non le commerce, sachant que les exportations de l’ensemble de l’Union européenne vers la Russie et l’Ukraine représentent 0,6% du PIB de la zone euro. La difficulté concerne les matières premières, à la fois sur le plan de la disponibilité et du prix. Par ailleurs, ce choc est doublement asymétrique, à savoir que l’Europe est beaucoup plus touchée que les États-Unis et au sein de l’Europe, certains pays le sont beaucoup que d’autres. Et clairement, la France n’est pas le pays le plus touché. »

« En résumé, dans la situation actuelle, la bonne tenue du développement économique permettra aux entreprises de retrouver, voire de dépasser les niveaux d’activité et d’emploi de 2019 à fin 2022 »

S’agissant de la Haute-Garonne, les indicateurs sont globalement au vert pour 2022, après une année 2021 dite de rattrapage. « Après un coup d’arrêt de la dynamique départementale en 2020, avec un très net repli des CA de - 15,7 %, 2021 s’inscrit en très net rebond de +7,3%, détaille Philippe Léon. Fait important : la reprise est généralisée sur l’ensemble du département, dans tous les secteurs et pour toutes les tailles d’entreprise. L’impulsion vient plus particulièrement des services BtoB et du BTP. Le manque de vigueur provient à la fois de la lente remontée de l’industrie, dans le sillage de l’aéronautique, et du déficit du tourisme d’affaires notamment. » La plupart des entreprises ont passé le cap sans pour autant avoir totalement retrouvé des niveaux d’activités de 2019.

« Le rattrapage est partiel et plus de 10 points de croissance manquent encore pour compenser ce qui a été perdu », pointe le vice-président de la CCI. Côté emploi, et malgré le recul historique constaté en 2020 – les entreprises avaient limité la baisse à -2,6 % –, en 2021, elles ont renoué avec les embauches à hauteur de +1,1 %. « Ce n’est pas grand-chose, mais la tendance est là. Seules les grandes entreprises ont continué de réduire leurs effectifs dans le cadre des PSE engagés précédemment, notamment dans l’industrie. » Grâce aux volumes d’affaires réalisés, les indicateurs financiers de rentabilité et de trésorerie se sont redressés significativement. « 78 % des entreprises présentent une situation financière saine. Pour autant, il ne faut pas minimiser les difficultés exprimées par 15% des chefs d’entreprise interrogés », ajoute Philippe Léon.

Des prévisions favorables pour 2022

Pour 2022, les prévisions sont globalement favorables, « sous l’hypothèse initiale d’une bonne résistance de notre économie aux répercussions immédiates voire durables du conflit en Europe de l’Est. De fait, la question porte sur le niveau de conservation de la dynamique retrouvée. » Les chefs d’entreprise tablent ainsi sur un léger tassement de la progression des chiffres d’affaires à +5,9%, soutenue par des dynamiques sectorielles très différentes, avec une accélération pour l’industrie, un ralentissement pour le commerce, le BTP et l’immobilier et le maintien du statu quo pour les services. En revanche, les intentions d’embauche se renforcent avec des prévisions en hausse de 3,5 % profitant cette fois à l’ensemble des branches, y compris pour l’industrie et les grandes entreprises.

« En résumé, dans la situation actuelle, la bonne tenue du développement économique permettra aux entreprises de retrouver, voire de dépasser les niveaux d’activité et d’emploi de 2019 à fin 2022. À l’exception de l’industrie qui aura besoin d’une année encore pour retrouver les niveaux d’avant la crise du Covid. L’ensemble des secteurs économiques progresseront mais selon nos prévisions, globalement quatre points de croissance manqueront encore pour retrouver les niveaux de l’année de référence. Un cran supplémentaire qui reste à trouver par la remontée en puissance de la filière aéronautique notamment et dans ce domaine les nouvelles sont plutôt bonnes ». Le contexte reste donc favorable. « 71% des dirigeants sont sereins pour l’avenir confirmant la résilience des entreprises et la reconstitution progressive des emplois. »