Dermatose nodulaire : à Toulouse, le comité scientifique lance ses travaux dans un climat sous tension
Agriculture. Alors que la vaccination contre la DNC s’accélère dans 10 départements du Sud-Ouest, le comité scientifique, créé à l’initiative de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, a tenu le 17 décembre à Toulouse sa première réunion. Objectif ? Examiner les propositions formulées par les représentants agricoles opposés au dépeuplement systématique des élevages touchés. Une deuxième réunion est prévue le 22 décembre.
Alors que la mobilisation agricole ne faiblit pas, marquée mercredi 18 décembre par de nombreux blocages sur plusieurs axes routiers majeurs du Sud-Ouest et au-delà (A64, A61, A20…), la veille s’est tenue à la préfecture de Haute-Garonne, place Saint-Étienne à Toulouse, la première réunion du comité scientifique chargé d’étudier d’éventuelles évolutions de la stratégie nationale d’abattage des troupeaux de bovins frappés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Depuis fin juin 2025 et les premiers cas détectés dans les deux Savoies, 113 foyers de DNC ont été recensés en France, dont 26 en Occitanie : dans les Pyrénées-Orientales (21), l’Ariège (1), les Hautes-Pyrénées (1), la Haute-Garonne (1) et l’Aude (1). Or, en application d’un règlement européen, pour enrayer le développement de l’épizootie, l’abattage immédiat des foyers contaminés est obligatoire.
Une solution radicale à laquelle s’oppose une partie des éleveurs, notamment dans la région Occitanie. D’où ces blocages et ces opérations coups de poing qui ont émaillé l’actualité depuis quelques semaines. Colère attisée après l’intervention des forces de l’ordre dans une exploitation de Bordes-sur-Arize, en Ariège.
Pour tenter de calmer les esprits, le 15 décembre dernier, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard avait rencontré plusieurs représentants du monde agricole, membres de l’intersyndicale réunissant les Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne, la FDSEA, la Confédération paysanne et la Coordination rurale. Hostile au dépeuplement systématique, l’intersyndicale demande que soient étudiées des « alternatives pragmatiques et proportionnées ».
La composition du comité dévoilée
En réponse, la ministre avait annoncé la constitution d’une « cellule de dialogue scientifique ». Composée de représentants professionnels, désignés sur proposition de Pierre-André Durand, préfet de région et Carole Delga, présidente du Conseil régional, ainsi que de scientifiques, elle a pour mission « d’examiner au plus vite, et en toute indépendance, les propositions formulées en Occitanie, au regard de l’impératif de protection des cheptels. »
On connait désormais la composition de cette instance. Côté représentants du monde agricole, le préfet de Région et la présidente du Conseil régional ont désigné cinq personnalités :
- Jean-Philippe Viguié, président de la chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne et président de la commission élevage de la chambre régionale d’agriculture d’Occitanie, éleveur de vaches Aubrac à Lacapelle-Livron ;
- Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège, éleveur aux Cabanes ;
- Christian Déqué, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Garonne, éleveur bovin à Saint-Ferréol-de-Comminges ;
- Frédéric Bazerque, président de la fédération régionale des groupements de défense sanitaire Occitanie (FRGDS Occitanie), dont la mission est d’améliorer l’état sanitaire de l’ensemble du cheptel sur les 13 départements de la région ;
- et Vincent Labarthe, vice-président de la Région Occitanie, en charge de l’Agriculture et de l’Enseignement agricole, lui-même agriculteur dans le Lot.
Côté scientifiques, la cellule de dialogue se compose de représentants du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).
Plusieurs points à expertiser
Cette première réunion a permis aux responsables professionnels de faire un état des lieux de la situation, mais aussi de témoigner de l’état de tension dans lequel se trouvent les agriculteurs face à l’impact catastrophique de cette épizootie sur leurs élevages.
Alors que la campagne de vaccination s’étend et s’accélère, avec 750 000 bovins qui devront être vaccinés dans une dizaine de départements du Sud-Ouest, ils souhaitent que plusieurs points soient expertisés : notamment « les conditions dans lesquelles il serait possible d’éviter le dépeuplement total des foyers », et le cas échéant, « dans quelle mesure ce dépeuplement pourrait être opéré en abattoir ».
Sur ces bases, « les scientifiques formaliseront des propositions techniques documentées », indique la préfecture dans un communiqué. Elles seront discutées par la cellule de dialogue lors d’une seconde réunion d’ores et déjà programmée le lundi 22 décembre. Étant précisé que ces travaux techniques et scientifiques nécessiteront ensuite « une expertise juridique de niveau national et européen ».