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L’Occitanie en quête de souveraineté

Région. La présidente de la Région a présenté le 11 janvier ses voeux à la presse. L’occasion de faire un point sur les initiatives prises en matière économique et environnementale.

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Carole Delga, présidente de la Région Occitanie. ARTHUR PERSET

« Souveraineté » : Carole Delga a martelé le mot à plusieurs reprises lors de la traditionnelle présentation des voeux à la presse, le 11 janvier dernier, présentation qui s’est opérée à distance, Covid oblige. « Les crises auxquelles nous faisons face aujourd’hui sont une opportunité, a-t-elle ainsi affirmé. L’opportunité de re trouver le chemin de notre souveraineté en choisissant de reprendre le contrôle de notre destin. » Lors de ces échanges, la présidente du conseil régional en a également profité pour rappeler les grands axes de son action.

Cette souveraineté se décline en effet sous plusieurs angles, notamment économique. Après deux années de crise qui ont mis en exergue notre extrême dépendance dans de nombreux secteurs d’activité, l’élue entend en effet restaurer « l’autonomie de la région sur le plan économique. » Une volonté qui passe par la relocalisation en région d’un certain nombre d’industries via des dispositifs d’accompagnement ciblés dans les domaines de la santé, l’agroalimentaire, les énergies renouvelables et la transition énergétique, les mobilités et le numérique.

200 M€ dédiés à la souveraineté économique

La pierre angulaire de ce dispositif est le fonds souverain de 150 M€ dont la Région s’est dotée il y a deux ans et qui permet, à travers l’Agence régionale des investissements stratégiques (Aris), de prendre des participations dans des projets industriels en lien avec ces objectifs, tels qu’Occitanie Protect pour la fabrication de masques, Genvia, pour la production d’hydrogène ou encore le soutien à la PME aveyronnaise Snam, l’un des leaders européens du recyclage des batteries, ou celui apporté à l’abattoir de Sainte-Geneviève-sur-Argence, également en Aveyron.

Outre l’Aris, l’exécutif régional a mis en place d’autres outils pour favoriser le développement de l’activité économique et de l’emploi dans les territoires, notamment Épargne Occitanie, le portail régional de financement participatif et citoyen, qui depuis son lancement a permis le financement de 13 projets pour un montant de 1,5 M€. L’autre outil en cours de déploiement est le fonds Irdi Impulsion qui vise, lui, à soutenir les entreprises viables confrontées à des difficultés ponctuelles. 8 M€ ont été mobilisés dans cette optique.

Création d’un fonds transformation relance ?

Ce premier fonds souverain devrait être complété par une rallonge de 50 M€ dédiée, indique Carole Delga, « à la transformation de notre modèle économique », via la création d’un fonds Transformation Relance Occitanie. Ce nouvel outil, créé en partenariat avec M Capital et Tikehau et un pool d’assureurs, a pour vocation de « soutenir, sous forme d’obligations, les PME et ETI d’Occitanie de tout secteur dans leur croissance et leur transformation après la crise sanitaire, notamment celles engagées dans une transition écologique », précise la collectivité.

Ces obligations seraient ainsi assimilables à des quasi-fonds propres avec un remboursement à leur terme de huit ans, et un taux d’intérêt d’environ 5%. Actia pourrait être l’un des premiers bénéficiaires de ce fonds, via un premier investissement de l’ordre de 20 M€ en cours de finalisation.

Et d’un fonds souverain dédié à la transition énergétique

La souveraineté énergétique est l’autre cheval de bataille de l’élue régionale. La présidente de région a ainsi confirmé la création d’un second fonds souverain, dédié plus spécifiquement à la transition énergétique. « Nous attendons les autorisations de l’AMF dans le courant de l’année 2022 », a-t-elle précisé à ce sujet. L’Occitanie, qui s’affirme comme « la région pilote dans le domaine de l’hydrogène vert avec le projet Corridor H2 notamment », ambitionne d’atteindre une levée de fonds globale de 200 M€ d’ici deux ans, via une mise de départ de 10 M€. Grâce aux effets de levier financier, ce sont près de 3 Mds€ de projets qui pourront être financés d’ici cinq ans sur le territoire, estime la collectivité.

Un premier dossier pourrait être financé dans ce cadre. Il s’agit du projet de décarbonation de l’usine Villeroy et Boch à Valence d’Agen, en Tarn-et-Garonne, qui vise la mise en place de solutions permettant d’améliorer les consommations thermiques sur le site avec la mise en oeuvre de nouveaux séchoirs, d’échangeurs de chaleur et de solutions de récupération de chaleur sur les cuves et fours. Ce projet est porté via Fiteeo, un nouvel outil de financement spécifique pour la décarbonation des entreprises industrielles et tertiaires en Occitanie lancé en fin d’année dernière et fruit de la collaboration entre l’Agence régionale Énergie Climat (Arec) et GreenFlex (groupe Total).

Réduire l’impact sur l’environnement

3 M€ devraient être investis avec le soutien de l’Ademe. Autre secteur dans lequel la Région se veut exemplaire : l’écoconstruction, qu’il s’agisse de la rénovation des bâtiments anciens ou de la construction de bâtiments neufs, pour en réduire l’impact sur l’environnement. La Région travaille ainsi avec les fédérations du bâtiment à la constitution de filières spécifiques qui visent à promouvoir tout à la fois l’innovation via les laboratoires de recherche jusqu’à la valorisation de matériaux locaux (bois, pierre, terre cuite, laine, chanvre…) en passant par la limitation des déchets de chantier et leur recyclage, etc.

En pays d’Olmes, un projet de fabrication de géotextiles à partir de fibres naturelles (laine) devrait notamment recevoir le soutien de la collectivité et d’industriels locaux à hauteur de 14 M€. L’investissement devrait permettre la réhabilitation d’une friche industrielle de 20 000 m2 située à Villeneuve d’Olmes en Ariège, l’objectif étant d’y produire 20 millions de m2 de géofilets par an. Une quarantaine d’emplois devrait être créée à terme.