Le groupe Isae change d’envergure
Formation. Fondé en 2011 par l’Isae-Supaero et l’Isae-Ensma, le groupe Isae, réseau d’écoles d’ingénieurs aéronautiques se renforce avec l’arrivée de l’École nationale de l’aviation civile. Objectif : devenir un acteur incontournable à l’échelle internationale.
Le 12 janvier, devant la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale à l’occasion de la présentation de leurs travaux, Jean-Luc Lagleize, député de Haute-Garonne et Sylvia Pinel, députée du Tarn-et-Garonne, rapporteurs de la Mission d’information sur l’avenir du secteur aéronautique en France, plaidaient pour la création à Toulouse d’un « champion national » de la formation aux métiers de l’aéronautique et de l’aérien, regroupant l’Isae-Supaéro, l’Énac, l’Onera et l’IRT Saint-Exupéry (lire notre édition 8817 du 17 janvier). Un premier pas dans cette direction vient d’être franchi avec l’entrée de l’École nationale de l’aviation civile (Énac) au sein du groupe Isae, réseau d’écoles d’ingénieurs aéronautiques, en qualité d’école associée.
Fondé en 2011 par deux écoles d’ingénieurs, l’Isae-Supaero, à Toulouse, et l’Isae-Ensma, à Poitiers, le groupe Isae réunit trois autres écoles associées, l’Estaca (2012), l’École de l’Air et de l’Espace (2012), l’Isae-Supméca (2018) lesquelles ont été rejointes en 2020 par l’Estia, l’EIGSI et l’Elisa Aerospace en tant qu’écoles partenaires.
L’Énac, créée en 1949 et présente à Toulouse depuis 1968, forme des ingénieurs et des personnels techniques en réponse aux besoins d’acteurs privés du secteur aéronautique (avionneurs, équipementiers, aéroports, compagnies aériennes, etc.) et d’acteurs publics (Direction générale de l’aviation civile, autorités de l’aviation civile, prestataires des services de navigation aérienne…) et notamment des contrôleurs aériens, des pilotes de ligne, des techniciens supérieurs de l’aviation (TSA) ou encore des instructeurs avion. L’objectif de ce rapprochement, précise le groupe Isae est de « mieux répondre aux enjeux de transformation des secteurs de l’aviation et de l’enseignement supérieur ».
Compétition internationale
Alors que la compétition internationale s’est accrue face aux universités américaines et à la concurrence européenne croissante, l’idée est aussi, précise Olivier Lesbre, président du groupe Isae et directeur général de l’Isae-Supaero, de « s’affirmer comme un label de qualité à la fois pour les formations et la recherche dans le domaine aérospatial ». Ce rapprochement doit enfin permettre « le développement de projets communs » à l’ensemble des écoles membres du groupe Isae. C’est le cas de la formation d’ingénieur en apprentissage, un cursus bâti à l’échelle du groupe dont l’implémentation s’opère progressivement dans chacune des écoles.
« La transition écologique, notamment, est un enjeu majeur qui nécessite que l’ensemble du secteur se mobilise. »
Soutenu depuis 2015 par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) dont les membres sont « les principaux employeurs des ingénieurs que nous formons », pointe Olivier Lesbre, le groupe Isae, devenu une association en 2017, s’est, de fait, donné pour mission de « répondre aux besoins des industriels et des institutions du secteur aérospatial en formant des ingénieurs pluridisciplinaires de haut niveau scientifique ». Cette orientation métier conduit le groupe Isae à entretenir un dialogue constant avec les membres du Gifas « pour discuter avec eux de l’évolution de leurs besoins et de la meilleure façon d’y répondre et autant que possible d’anticiper l’évolution de ces besoins », ajoute Olivier Lesbre.
Un secteur global
« Nous assistons à des transformations fortes dans le secteur de l’aviation, détaille Olivier Chansou, directeur général de l’Énac, pour justifier ce rapprochement. La transition écologique, notamment, est un enjeu majeur qui nécessite que l’ensemble du secteur se mobilise. Les écoles doivent, au premier chef, intégrer cette transition écologique. Par ailleurs, nous constatons de fortes évolutions dans l’enseignement supérieur, avec des regroupements d’universités, des exigences accrues en termes de classements, de visibilité, de rayonnement. Il est de l’intérêt de l’Énac de rejoindre un réseau qui va la rendre plus lisible. » Très centrée sur le transport aérien, l’Énac se veut très complémentaire par rapport aux autres composantes du groupe Isae.
« Au-delà de construire les avions, il faut les opérer : l’Énac apporte cette dimension d’exploitation. Le secteur aérien est un secteur global, cohérent. Nous apportons aussi nos contacts avec cette partie de l’industrie aérienne qu’il s’agisse des aéroports ou des autorités, ajoute Olivier Chansou. Nous avons également un savoir-faire important en matière de formation continue, notamment à l’export. L’Énac est une marque reconnue dans le monde entier. Nous apportons cela aussi dans la corbeille ». À l’issue de ce rapprochement, le groupe Isae compte quelque 6 500 étudiants, 2000 diplômés par an et près de 500 doctorants. Il forme chaque année plus de la moitié des ingénieurs jeunes diplômés embauchés par les entreprises du secteur aérospatial.