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À Toulouse, cette école à 8,7 M€ va permettre d’étudier et combattre les maladies infectieuses émergentes

Formation. Portée par l’université Paul Sabatier, une école universitaire de recherche dédiée aux maladies infectieuses émergentes (SARS-CoV-2, dengue, etc.) accueillera à Toulouse ses premiers étudiants en septembre 2025. Lauréat France 2030, l’établissement s’appuie sur une dizaine de laboratoires toulousains et plusieurs institutions académiques. Sa mission : développer nos capacités de prévention et de réponse aux crises sanitaires par la détection précoce des menaces.

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L’EUR UNITEID qui accueillera ses premiers étudiants en septembre 2025 s’appuie sur une dizaine de laboratoires toulousains, le CHU, l’École nationale vétérinaire de Toulouse, l’École nationale supérieure agronomique de Toulouse et des institutions nationales telles que le CNRS, l’Inserm et l’Inrae. (©pixabay)

Lancé en décembre 2021 dans le cadre de France 2030, l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir », doté de 1,5 Md€, vise à répondre aux enjeux de réindustrialisation et de souveraineté du pays en identifiant et en soutenant des projets de formation en adéquation avec les besoins des secteurs considérés comme stratégiques tels que l’hydrogène décarboné, les énergies renouvelables, la décarbonation de l’industrie, l’alimentation et l’agriculture, la santé, les technologies numériques, le spatial ou encore les fonds marins.

Au terme d’une première saison, 138 projets de formation, dont neuf issus du territoire de l’Occitanie, ont été soutenus pour un montant global de subventions de 790 M€. En juin 2023, une deuxième saison a débuté, qui a fait émerger près de 400 nouvelles candidatures. 62 dossiers seulement ont été retenus pour un montant total d’aides de 345 M€. Les noms des lauréats ont été dévoilés le 26 novembre 2024.

Cette fois, ce sont six projets de formation occitans qui ont été retenus. Parmi eux figure le projet de création de l’école universitaire de recherche UNITEID, pour University of Toulouse graduate school of emerging infectious dieseases. Il percevra 5 M€ de subventions dans le cadre de France 2030 tandis que le coût total du projet est de 8,7 M€.

Programmes d’enseignement et de recherche insuffisants

Porté par l’université Paul Sabatier et piloté plus particulièrement par le professeur Pierre Delobel et son équipe du service des maladies infectieuses du CHU de Toulouse, la nouvelle école vise à former les futurs experts des maladies infectieuses émergentes (MIE) dont on mesure depuis la pandémie de Covid-19 le potentiel dévastateur sur le plan humain et économique.

De fait, outre le SARS-CoV-2, d’autres dangers nous guettent : dengue, zika, chikungunya, mpox, grippe aviaire… Alors que ces agents pathogènes se répandent et apparaissent plus rapidement que jamais, renforcer nos moyens de lutte « est devenu crucial », explique l’université dans un communiqué daté du 27 novembre dernier. Dans le détail, l’école aura pour vocation de « développer nos capacités de prévention et de réponse aux crises sanitaires par la détection précoce des menaces des MIE, notamment des pathogènes émergents et vecteurs dans les écosystèmes, leur surveillance épidémiologique et moléculaire, ainsi que le développement de moyens diagnostiques et thérapeutiques. »

Malheureusement, les programmes d’enseignement et de recherche dédiés aux MIE sont encore insuffisants en France, et qui plus est segmentés entre les différentes disciplines. L’EUR UNITEID, qui accueillera ses premiers élèves à la rentrée 2025, propose au contraire une « approche transdisciplinaire » qui intègre à la fois la santé humaine, animale et environnementale. En septembre prochain, ses programmes de masters et doctorats seront ouverts aux étudiants issus des facultés des sciences et de santé (médecins, pharmaciens et vétérinaires), d’universités françaises et étrangères, ainsi que d’écoles d’ingénieurs.

Sept parcours de masters leur seront proposés. Les étudiants bénéficieront de formations complémentaires et de stages de recherche pour leur permettre d’acquérir ses fameuses compétences trandisciplinaires. La mobilité internationale sera par ailleurs encouragée afin de favoriser l’apprentissage par la pratique : une cinquantaine d’universités et d’instituts issus d’une trentaine de pays dans le monde sont déjà partenaires de l’école.

Une école trandisciplinaire

D’ici cinq ans, l’ambition de l’EUR est de former 120 étudiants de niveau master et 45 doctorants experts en MIE. Une centaine d’ingénieurs de différentes disciplines (agriculture, alimentation, environnement, biotechnologies, etc.) se verront également proposer des formations sur les MIE tandis que les professionnels de santé pourront de leur côté bénéficier de l’offre de formation continue dispensée par l’EUR.

Dix laboratoires de recherche toulousains participent à ce projet auquel se sont également associés une dizaine d’autres partenaires académiques dont le CHU de Toulouse, l’École nationale vétérinaire de Toulouse et l’École nationale supérieure agronomique de Toulouse. L’école s’appuiera également sur plusieurs organismes nationaux de recherche dont le CNRS, l’Inserm et l’Inrae.

La Région, qui contribue au financement de formations initiales dans le domaine de la santé, ainsi que le pôle de compétitivité Eurobiomed, qui réunit en région Paca et en Occitanie quelque 400 industriels, grands groupes, PME et start-up de la Healthtech, sont également partenaires de l’école, laquelle devrait se révéler à terme « un cadre privilégié pour les innovations technologiques et la valorisation de la recherche ».