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Pénurie de médecins : depuis octobre, des praticiens sont déployés dans les déserts médicaux d’Occitanie

Santé. Pour lutter contre les déserts médicaux, l’ARS met en place dans 28 territoires de la région jugés particulièrement fragiles des consultations données par des médecins solidaires. Un dispositif mené avec l’appui des professionnels de santé et des élus. Le Gers, les Hautes-Pyrénées et le Tarn-et-Garonne sont déjà concernés, mais d’autres territoires sont également amenés à en bénéficier.

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Les médecins peuvent se porter volontaires pour assurer ces consultation solidaires par le biais d’une plateforme dédiée sur le site de l’ARS. (©Pixabay)

Proposer un logement ou un lieu de consultation, promouvoir son territoire par le biais d’une vidéo humoristique, voire offrir des repas au restaurant ou même un bateau ! Les maires rivalisent d’imagination pour attirer dans leur commune les jeunes médecins qui leur font cruellement défaut.

Malgré cette débauche de moyens, en 2024, 87 % du territoire national était classé en désert médical et six millions de Français n’avaient pas de médecin traitant. Une situation qui risque encore de s’aggraver dans les années à venir puisque, selon le Conseil de l’ordre des médecins, plus d’un quart des 81 912 généralistes qui, en 2025, exercent de façon régulière, ont plus de 60 ans.

Un pacte de lutte contre les déserts médicaux

Face à cet enjeu de santé publique, en avril dernier, François Bayrou, alors Premier ministre, a présenté un plan d’action pour renforcer l’accès aux soins des Français. Un plan qui intervient à la suite d’une série de mesures comme la création en 2022 des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) [1], le déploiement des assistants médicaux ou encore la revalorisation de la consultation médicale passée de 26,5 à 30€.

Ce « pacte de lutte contre les déserts médicaux » prévoit un certain nombres de dispositions nouvelles telles que l’ouverture d’une première année d’accès aux études de santé dans les 24 départements qui n’y ont aujourd’hui pas accès, la création d’une quatrième année d’internat en médecine générale ou encore l’intégration facilitée des étudiants français partis faire leurs études en Europe.

L’autre disposition phare de ce pacte est l’instauration d’un principe de solidarité obligatoire pour les médecins en vue d’améliorer l’accès aux soins dans les territoires identifiés comme prioritaires par les Autorités régionales de santé (ARS). Concrètement, les médecins devront réaliser jusqu’à deux jours de consultations par mois dans ces territoires. En cas de refus, ils seront passibles d’une pénalité financière.

Pour entrer en vigueur bon nombre de ces dispositions doivent être adoptées par le parlement. Plusieurs textes sont ainsi en cours d’examen par l’Assemblée nationale et le Sénat. C’est notamment le cas de la Proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins dans les territoires. Elle conditionne la liberté d’installation des médecins dans certains territoires et impose une « mission de solidarité territoriale obligatoire ». Elle a été adoptée en première lecture au Sénat en mai dernier, puis transmise à l’Assemblée nationale.

28 zones rouges en Occitanie

Sans attendre l’adoption définitive du texte, la mesure de solidarité entre médecins fait déjà des émules en Occitanie. Dans un communiqué daté du 10 octobre 2025, l’ARS Occitanie vient en effet d’annoncer l’ouverture des premiers rendez-vous pour les consultations assurées par des médecins solidaires sur la base du volontariat, dans les départements des Hautes-Pyrénées, du Gers, du Tarn-et-Garonne, de l’Hérault et du Tarn. Elles s’adressent en priorité aux patients qui n’ont plus de médecin traitant.

De fait, en région 28 territoires ont été désignés comme prioritaires. Ils regroupent 323 497 habitants, soit environ 5,3 % de la population d’Occitanie. Répartis sur les 13 départements, ils concernent essentiellement des territoires ruraux parmi lesquels la communauté de communes du Pays de Serres en Quercy dans le 82 ou encore la communauté de communes Cœur et Coteaux du Comminges en Haute-Garonne.

La concertation menée durant l’été par l’ARS avec les professionnels de santé et les élus a en effet permis d’identifier les lieux de consultation et les équipements nécessaires ainsi que les modalités d’hébergement des médecins. Lesquels peuvent se porter volontaires pour assurer ces consultations solidaires par le biais d’une plateforme dédiée sur le site de l’ARS.

Un déploiement progressif

Depuis le 13 octobre, des consultations sont ainsi organisées à Riscle dans le Gers (un médecin volontaire en renfort solidaire) et à Castelnau-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées (trois médecins volontaires en renfort solidaire). D’autres rendez-vous seront accessibles à Montaigu-de-Quercy, dans le nord-ouest du département de Tarn-et-Garonne, à partir du 27 octobre (un médecin volontaire en renfort solidaire).

Pour prendre rendez-vous dans les départements où la mesure est déjà déployée, les patients doivent se connecter au site de l’ARS. Les consultations sont facturées sans dépassement d’honoraires. Les médecins solidaires, de leur côté, perçoivent en sus une indemnité forfaitaire de 200 € par jour.

Le dispositif de solidarité se déploie de façon progressive en Occitanie. Ainsi d’autres consultations seront bientôt assurées à la Maison de santé du Vigan (Gard) avec le renfort de cinq médecins solidaires et volontaires. Dans le Gers, deux autres médecins sont également volontaires pour assurer des consultations solidaires à Marciac et à Plaisance.

[1Une CPTS permet à des professionnels de santé de travailler de façon coordonnée sur leur territoire en lien avec d’autres acteurs sanitaires, médico-sociaux, sociaux, associatifs, etc. Elle vise à améliorer l’organisation des soins de ville et développer l’exercice coordonné entre la ville et l’hôpital.