Pour ses 60 ans, la Cinémathèque de Toulouse s’offre un lifting à plus de 8,5 M€
Culture. C’est l’avènement d’un projet vieux de plus de 10 ans ! À partir de septembre prochain, la Cinémathèque de Toulouse va fermer ses portes rue du Taur pour d’importants travaux de rénovation et d’aménagement. Objectif ? Adapter les espaces à la hausse de la fréquentation et coller aux nouvelles normes environnementales.
Haut lieu de la vie culturelle, intellectuelle et artistique de la Ville rose, la Cinémathèque de Toulouse s’apprête à faire peau neuve. Dans les cartons depuis plus de dix ans, ce projet de grande envergure dépasse largement la simple rénovation des deux bâtiments situés 69 rue du Taur et avenue Saint-Martin de Boville à Balma pour le centre de conservation et de recherche. « Ces travaux marquent une nouvelle étape dans la vie de la Cinémathèque qui fête cette année ses 60 ans d’existence », a en effet expliqué le 20 juin dernier son directeur délégué Franck Loiret à l’occasion d’un point presse ouvert au public.
Également présent, Pierre Esplugas-Labatut, adjoint au maire de Toulouse en charge des Musées et de l’art contemporain, des images et des affaires juridiques, n’a pas caché sa satisfaction de voir ce chantier démarrer après avoir collectivement « mouliné » pendant plusieurs années. « Une litote pour dire que fatalement lorsqu’un projet se monte avec quatre parties prenantes - à savoir les quatre tutelles et financeurs que sont le CNC, la Mairie, le Département et la Région - ce n’est jamais simple de s’entendre. Pour le concrétiser, il a fallu lever plusieurs obstacles, notamment d’ordre politique, financier et technique, ce que nous avons réussi à faire », s’est-il réjoui.
Deux sites pour un projet de rénovation global
La réalisation de ce projet a été scindée en deux phases. La première concerne le bâtiment rue du Taur qui fermera ses portes au public au lendemain du Festival Cinéma en plein air, prévu du 5 juillet au 24 août 2024, et ce pendant plus d’un an. Situé dans l’enceinte de l’ancien Collège catholique de l’Esquile, datant du XVIe siècle et inscrit aux Monuments historiques depuis 1993, l’édifice a déjà vécu mille vies : tour à tour lieu de culte puis de rencontres et de réunions privilégié des Républicains espagnols en exil, il a aussi abrité un marché aux violettes pendant la Première Guerre mondiale avant de devenir une salle de spectacle polyvalente (Ciné-Espoir, salle de théâtre…).
Chiffrés à 4,1 M€, l’objectif de ces travaux rue du Taur est d’adapter les espaces à la hausse de la fréquentation et à la diversification du public : en 2023, la Cinémathèque a accueilli sur l’ensemble de ses activités (programmation, actions éducatives, festivals...) près de 89 000 spectateurs/visiteurs. « Le but était aussi de répondre aux attentes des spectateurs qui sont attachés à l’atmosphère conviviale de ce lieu », a par ailleurs signalé Franck Loiret avant de poursuivre :
Si l’hypothèse d’un déménagement a été un temps évoqué, très vite la décision de rester ici, en plein centre-ville s’est imposée. Nous avons donc dû travailler sur ce projet de rénovation en prenant en compte les contraintes liées au bâtiment, situé dans un quartier historique et protégé. Plusieurs scénarios ont été envisagés, mais pour des questions budgétaires, l’extension du bâtiment à l’arrière, à l’avant ou même une surélévation ont été abandonnées. Il a donc fallu imaginer des possibilités dans l’enveloppe actuelle. Un travail que nous avons fait en concertation avec Virginie Lugol, architecte du patrimoine retenue par la Ville, maître d’ouvrage sur ce projet. »
Une nouvelle salle pour le centre-ville de Toulouse
Outre la pose d’une enseigne lumineuse sur la façade côté rue pour une meilleure signalétique, c’est surtout un véritable jeu de chaises musicales qui s’apprête à démarrer début novembre avec la construction d’une nouvelle salle de projection de 100 places au premier étage en lieu et place de la bibliothèque actuelle qui, elle, sera rapatriée au rez-de-chaussée. Les équipes de la Cinémathèque vont, elles aussi, déménager au niveau du porche, dans les bureaux jusqu’ici occupés par les agents de la direction générale de la Culture de la Ville de Toulouse.
« L’ouverture de cette nouvelle salle de projection est une bonne nouvelle pour la Cinémathèque mais aussi pour le centre-ville de Toulouse qui a vu sa capacité en la matière diminuer drastiquement avec la fermeture de l’emblématique cinéma UGC sur les allées Roosevelt. C’était donc important d’inverser la tendance », a tenu à souligner, de son côté, Pierre Esplugas-Labatut.
L’espace d’exposition, qui se trouve dans le hall d’entrée, va, lui aussi, être repensé pour une meilleure mise en valeur des collections de la Cinémathèque, notamment grâce à un nouvel éclairage. Réaménagée, la cour arrière, bientôt ouverte sur le bar et l’espace convivialité, sera de nouveau accessible au public en journée. « Nous allons aussi engager d’importants travaux d’isolation qui vont nous permettre de réaliser des économies d’énergie et de gagner en confort », a également annoncé Franck Loiret.
Pendant toute la période de travaux et jusqu’à sa réouverture, attendue au 1er trimestre 2026, la Cinémathèque va proposer une saison « hors les murs ». Deux institutions de la Ville rose ont répondu positivement à l’appel lancé par les équipes : le Pathé Wilson et le musée des Abattoirs, qui vont chacun programmer trois à six séances par semaine.
Inauguré en 2004, le centre de conservation et de recherche de Balma va lui aussi être rénové entre 2025 et 2027. Coût des travaux ? 4,5 M€. Moins connu du grand public, ce bâtiment renferme pourtant un nombre impressionnant d’objets et d’archives inestimables du 7e art : 55 000 copies de films, 100 000 affiches, des milliers de photos, des costumes… Il abrite d’ailleurs l’un des plus grands fonds d’Europe.