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Réouverture de la ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon : un pari à 67 M€

Transport. Après 10 ans d’absence, les voyageurs pourront de nouveau profiter de la ligne reliant Montréjeau à Bagnères-de-Luchon à partir du 22 juin prochain. Objectif de ce projet de mobilité d’envergure, porté financièrement à 100 % par la Région Occitanie ? Aider au désenclavement de cette partie du sud du territoire et booster le tourisme, notamment thermal.

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Grâce à la remise en service de la ligne Montréjeau-Luchon, les occitans pourront notamment profiter, dès septembre prochain, d’une offre combinée comprenant leur billet de train et un accès à la station thermale de Luchon. (©Région Occitanie)

Le train est de retour dans le Comminges ! Le 25 avril dernier, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, était à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) pour inaugurer la nouvelle gare ferroviaire. Promise par la collectivité lors des États généraux du rail en 2016, la rénovation de ce bâtiment historique aura duré 11 mois, de mars 2024 à janvier 2025.

Réalisé par l’Agence régionale aménagement construction (Arac), ce chantier chiffré à près de 2 M€ a permis la remise aux normes de l’ensemble des locaux pour les voyageurs, de toute la façade ainsi que des deux marquises se trouvant à l’entrée.

Cette réouverture annonce surtout l’arrivée prochaine du train sur la ligne SNCF Montréjeau-Luchon, après 10 ans d’absence ! Dès le 22 juin prochain, les habitants du Comminges et les touristes pourront voyager entre les deux communes haut-garonnaises, en passant par Loures-Barbazan, Saléchan-Siradan et Marignac Saint-Béat, et tout cela en 35 minutes.

Désenclaver le territoire

Au-delà de la réhabilitation de la gare, des travaux ont été engagés sur l’entièreté de la ligne, longue de 36 km, avec l’installation de plusieurs passages à niveau, la sécurisation des existants, la remise en état d’ouvrages (d’art, hydrauliques ou en terre), le confortement de parois rocheuses ou encore la pose d’équipements de signalisation et de télécommunication.

Un projet financé entièrement par la Région Occitanie pour un montant total de 67 M€. Grâce à lui, la collectivité devient la première en France à devenir propriétaire et gestionnaire directe d’une ligne ferroviaire. Un choix coûteux mais pleinement assumé par Carole Delga qui a fait du ferroviaire, et plus largement des mobilités décarbonées, un des grands enjeux de sa politique territoriale, notamment pour lutter en faveur du désenclavement. En témoigne l’investissement de 1,5 M€ signé en avril dernier avec l’État dans le cadre du « Plan État-Région » dédié aux mobilités.

« Rouvrir cette ligne, c’est une fierté à la fois pour le Comminges et pour toute notre région. Parce qu’en Occitanie, nous refusons les injustices territoriales et donnons la priorité au ferroviaire là où c’est possible », a ainsi déclaré l’élue socialiste. La ligne Montréjeau-Luchon est en effet la deuxième a être relancée sur le territoire après celle reliant Pont-Saint-Esprit à Nîmes-Centre réouverte en 2022. En France, seules trois lignes de proximité ont ainsi été remises en service ces dernières années.

Levier pour développer le tourisme

Derrière le pari de relancer la ligne Montréjeau-Luchon, la collectivité cherche aussi à booster le tourisme et l’activité thermale. En effet, selon Carole Delga, « cette ligne permettra de développer le tourisme vert dans la vallée, en facilitant l’accès aux thermes de Luchon et aux stations des Pyrénées centrales ». L’enjeu est de taille. L’Occitanie figure en tête du classement des régions thermales françaises et comptait, selon la CCI du territoire, plus de 144 000 curistes conventionnés en 2023 pour 230 M€ de retombées économiques estimées.

Désormais sous gestion du groupe landais Arenadour, la station thermale entend profiter de la réouverture de la ligne pour attirer une clientèle toujours plus large. Elle a d’ailleurs pour cela engagé depuis 2022 d’importants travaux de rénovation et d’agrandissement pour un montant total de 40 M€. Un chantier d’envergure dans lequel le mastodonte du thermalisme en France a investi 5 M€. Les 35 M€ restants ont été apportés l’État, la Région Occitanie, la Banque des Territoires, l’Arac, le Département et la commune de Luchon. Objectif pour l’ensemble de ces acteurs : accueillir jusqu’à 16 000 curistes par saison à terme, contre 5 600 en 2023.

La collectivité annonce d’ailleurs un partenariat direct avec les thermes de la commune, et mettra en place, dès septembre prochain, une offre combinée « Train liO + accès deux heures à l’espace thermo-ludique », au départ de Toulouse et destinée aux touristes comme aux habitants du territoire.

Proposant six allers-retours quotidiens, et des billets à partir d’un euro, « la ligne permettra également aux travailleurs, étudiants ou simples voyageurs de se rendre toute la semaine à Toulouse et Pau, où des correspondances seront possibles avec les TGV, les trains d’équilibre du territoire (TET) et ceux de nuit », conclut Carole Delga.