Collectivités

RER métropolitain : le CD 31 demande la création d’une structure publique partenariale

Transports. Alors que les collectivités attendent de l’État des engagements financiers forts, le projet de Service express régional métropolitain (Serm) avance lentement.

Lecture 7 min
Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest
Dans le cadre du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse permettront d’accueillir la ligne à grande vitesse Toulouse-Bordeaux, mais aussi de développer un véritable réseau express régional (RER) autour de la métropole de Toulouse (©Alstom Christian Creutz).

En novembre 2022, le président de la République relançait l’idée de développer des RER métropolitains dans dix grandes agglomérations françaises. Quelques mois plus tard, en février 2023, la Première ministre confirmait le projet à l’occasion de la présentation d’un plan de développement du ferroviaire, doté de 100 Md€ d’ici 2040. Dans la foulée, le 16 juin, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture la proposition de loi relative aux Services express régionaux métropolitains (Serm) qui doit servir de cadre au développement d’ici dix ans de ce réseau de RER métropolitains sensé décarboner les transports.

Depuis, en Occitanie, si sur le papier, tout le monde ou presque semble favorable à la création d’un RER toulousain, le dossier avance lentement. C’est ce que dénonçait fin septembre sur France 3, Benoît Lanusse, président de l’association Rallumons l’étoile, pointant des élus qui tergiversent. L’association se bat depuis cinq ans en faveur d’un tel projet. Elle milite pour une mise en œuvre progressive du réseau grâce notamment à l’optimisation sans attendre des lignes existantes. De son côté, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, affirmait en février :

Le développement des RER métropolitains en Occitanie passe impérativement par la création des lignes nouvelles entre Toulouse et Bordeaux et entre Montpellier et Perpignan. Elles seules permettront d’augmenter les trains du quotidien sur les lignes actuelles saturées… »

Une position que l’élue a réaffirmé à l’occasion du vote le 9 octobre par le Conseil de surveillance de la SGPSO (Société du Grand projet Sud-Ouest) de deux conventions de financement, l’une pour les Aménagements ferroviaires au nord de Toulouse (AFNT) pour 432,75 M€ et l’autre pour les Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux (AFSB) pour 627,6 M€. Elle a ainsi rappelé que « les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux, les AFSB, et au nord de Toulouse, les AFNT, servent les mobilités du quotidien en permettant les développements de Serm, autrement dit les RER métropolitains, vers Langon (Gironde) d’une part et vers Montauban (Tarn-et-Garonne) d’autre part. »

Interrogations sur le volet financier

Au-delà, les principales collectivités concernées, Région, Département, Métropole, attendent de l’État des engagements notamment sur le volet financier. Un sujet d’inquiétude pour le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc qui, en juillet dans les colonnes de la Tribune, posait clairement la question du financement d’un tel projet.

Ce volet financier préoccupe aussi le Conseil départemental de Haute-Garonne dont les élus demandent « un engagement prospectif plus important de l’État  », à la fois « en investissement mais également pour financer le fonctionnement du Serm ».

Pour accélérer les choses, la collectivité a voté le 17 octobre une résolution pour la création d’une structure publique partenariale pour porter le développement de ce RER toulousain, comme cela a été fait pour le GPSO. Cette structure de financement associerait notamment l’État, la SNCF, Tisséo, le Conseil régional et le CD 31.

Le président du Conseil départemental, Sébastien Vincini, a déclaré à l’occasion de ce vote :

Face aux coûts des transports individuels, aux bouchons qui deviennent insupportables dans l’agglomération toulousaine et à la nécessité d’accélérer la lutte contre le changement climatique, la question des mobilités est une priorité pour toutes les Haut-Garonnaises et tous les Haut-Garonnais. Nous ne pouvons plus perdre de temps. Nous devons agir, aller plus loin et plus vite, en travaillant de façon concertée avec nos partenaires, la Région, Tisséo, la Métropole, les EPCI et l’État. Nous devons offrir aux Haut-Garonnais ruraux comme métropolitains une alternative de transport compétitive : voyager en transport en commun doit être plus rapide, plus efficace et moins cher que de voyager en voiture. »

Ce dernier entend rester vigilant sur la question du financement : « Nous serons attentifs aux montants dédiés à ces projets par le gouvernement qui se doivent d’être à la hauteur des enjeux. Les 700 M€ annoncés dans le cadre des volets mobilités des Contrats de Plan État-Région ne peuvent être qu’une amorce ».

Big-bang des mobilités

Même si le Département n’a pas de compétence en matière de transports, Sébastien Vincini se dit prêt « à participer au financement pour la mise en place rapide de ce Serm », en plus de ce qu’il fait déjà en matière de mobilité avec la création de Réseaux express vélo, le soutien au covoiturage et le financement du Projet Mobilités de Tisséo à hauteur de 201 M€. L’élu qui appelait en décembre 2022 à un « véritable big-bang des mobilités », se dit aujourd’hui confiant : « Toutes les conditions me paraissent aujourd’hui réunies : la volonté du gouvernement, l’ambition toujours intacte de la Région et le dialogue initié avec la Ville de Toulouse et la Métropole. L’intelligence collective et le cumul des forces au service de l’intérêt général doit primer  ».